•  

    Cette manière toute laghouatie a toujours cours.
    "Sortir" le plateau de thé ou de café devant sa porte  pour des amis, plateau qui génère  des discussions  tous sujets en un language fort imagé.
    Et d'autres fois c'est un plat (souvent une gassaâ) de mardoud  qui fait
    la réputation de Laghouat et dont est friand notre Président Abdelaziz Bouteflika et auquel s'invitent souvent des passants.

     Une convivialité toute locale

     

     

    Mardoud Laghouat مردود لقواط Par Kazi Hadj Mahmoud
    El Mardoud, son hstoire

     Le Général Pélissier, le criminel, le sanguinaire, à l'invasion de Laghouat, le 4 décembre 1852, a commis des actes affreux et odieux envers la population de Laghouat.
    C'est ainsi que six mois après l'occupation, en juin 1853, il s'est acharné sur cette population, en déportant hors de Laghouat, 70 chefs de famille, choisis parmi les notables de la ville pour les interner dans un camp de concentration aux environs d'Aflou. Juste après leur départ, les femmes de Laghouat ont préparé le mardoud - المردود - dans l'espoir d'un retour prochain de leurs maris internés.
     Depuis 1853 à ce jour, les Laghoutis préparent le mardoud, à l'occasion du départ en voyage d'un membre de leur famille pour se rendre soit dans une ville d'Algérie, soit à l'étranger, voire même à la Mecque, dans l'espoir d'un retour à Laghouat, sain et sauf.

     

     

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    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     

     

     

     


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  • Hommage

    J'ai eu l'honneur de côtoyer ces illustres Enseignants

    sans être leur élève Lahoum Errahma

    Et comme le burnous qu'ils quittaient rarement leur allait bien !

     

    Cheikh Boubekeur Hadj Aissa enseignant en la Médersa de Laghouat                                                eut à connaitre Abdelhamid Benbadis ainsi:

    " Ce que tu viens de faire , Boubekeur, Moi Benbadis suis incapable de faire aussi bien à cet âge là"

     Si Haoues Hamdi dont le père , Allah yarahmou, tenait boutique à Laghouat sous les arcades en face de la boulangerie des Bensenouci tout près de la Place des Oliviers a tenu à nous raconter ceci à propos de Cheikh Boubakeur Hadj Aissa El Aghouati .

    «  Le Cheikh Boubekeur Hadj Aissa était venu nous rendre visite à notre école de Ksar el Bezaim  vers l’année 86 ou 87 , bien après être sorti en retraite . Nous lui avions posé la question suivante ( on pouvait se le permettre car le cheikh n’exerçait plus ses fonctions d’inspecteur) pour le compte du journal de l’établissement que nous comptions éditer.

     - Cheikh , pouvez-vous nous dire quel est votre meilleur souvenir de la vie passée au sein de l’association des oulémas ?

     - Mon meilleur souvenir a été le jour où alors que j’avais à peine 17 ans ( un enfant quoi…) et alors que nous étions au Nadi Attaraki نادي الترقّي cheikh Abdelhamid Benbadis me fit signe  et m’ordonna d’improviser un cours sur un sujet ( dont  je n’ai pas retenu le thème) . J’étais désarçonné au tout début mais après avoir pris la parole j’ai commencé à prendre de l’assurance et j’ai parlé pendant deux heures devant un parterre de oulémas . Après avoir terminé le Maitre Abdelamid Benbadis vint vers moi , m’embrassa sur le front et me dit ces quelques paroles qui restèrent gravées dans ma mémoire «  Je peux t’avouer, Boubekeur , que ce que tu viens de faire , moi Benbadis ne me sens pas capable de faire aussi bien  à cet âge-là ». Le grand poète Laid Al Khalifa , présent dans la salle improvisa à ce moment là un poème de louanges à mon encontre 

    Hadj Mecheri Aouissi

    Hadj Mecheri Aouissi était professeur de droit musulman de longues années durant à la médersa de Tlemcen, à Ettaâlybia (Alger), au lycée franco-musulman de Ben  Aknoun   (actuel Amara Rachid) et aux Facs d'Alger pour devenir ensuite Conseiller Spécial au Ministère de la Justice.

    Hadj Mechri Aouissi  a été l'un des membres fondateurs du Mouloudia Club d'Algérie (M.C.A). J'ai assisté à Alger au mariage religieux d'un ami laghouati sous l'égide de Si Hadj Mechri Aouissi et j'eus l'honneur d'échanger quelques mots avec lui, sa simplicité m'enhardissant

     

     

    La Médersa de Laghouat 

    Résultat de recherche d'images pour "la medersa de Laghouat"

     

    L'ancienne Médersa de Laghouat fut bâtie 
    grâce aux dons de la population 
    et était le signe de la résistance à l'occupant .
    La pose de la première pierre l'a été le 8 Mai 1945 
    après le prononcé de ces mots

     

    بسم الله وعلى بركة الله

     

    Aucun texte alternatif disponible.

    et ses enseigants 
    des nationalistes convaincus

    Corps enseignant de la Medersa de Laghouat avec quelques mecènes de la ville.

     

    Résultat de recherche d'images pour "Ancienne Medersa de Laghouat"

    une classe de la Medersa de 1952 avec cheikh Atallah KAZOUAI

    Anecdote:

    Ouléma de la Médersa de Laghouat.

    Ce qu'ils dirent à leur élève Ahmed Hebboul, mon frère, Lah Errahma: Elève à la Medersa de Laghouat, il voulut rejoindre le maquis et ses Enseignants l'en dissuadèrent "les combattants, nous n'en manquons pas, c'est de gens instruits pour l'édification du pays post-indépendance dont nous aurons besoin " Le FLN l'envoya ensuite en Tunisie pour poursuivre ses études et les terminer en l'Université de Pavia en Italie.Les Chouyoukhs de la Médersa de Laghouat, eux étaient du combat libérateur et gloire à eux et à leurs, nos, Chouhada...

    Les Chouyoukh de la Médersa furent arrêtés dans la nuit du 15 aout 1958 
    et toutes les personnes qui avaient été prises ce jour là devaient être 
    exécutées sans jugement. Si Ahmed Chatta et Si Attalah Choul le furent 
    quelques jours après leur arrestation. Cheikh El Hocine a raconté qu’après 
    les séances  quotidiennes de torture, on adopta une autre méthode 
    encore plus barbare :on sortait les prisonniers loin de Laghouat et on leur 
    ordonnait de creuser leurs tombes, une fois celles-ci creusées on leur prescrivait de les combler et le même scénario se répètait le lendemain. 
    Ainsi, chaque matin les prisonniers croyaient que c'était leur dernier jour. 
    Quoi de plus terrible que de vivre ce scénario quotidiennement ?   
    Gloire à Eux !

    ________________________________

    Laghouat

     

     Ton charme m'appelle et m'entraîne

    A écrire ce poème.

    Que je dédie aux laghouatis restés dans leur arène.

    Penché sur un rocher, face au sud saharien,

    Il y a un fort qu'on appelait Bouscarin,

    Du haut duquel on veillait sur nomades et citadins,

    Sillonnant routes et chemins.

    Dans ce fort je suis né,

    A cet endroit, Dieu m'a donné,

    Une mission à remplir selon sa volonté,

    Dans un monde bien perturbé.

    Durant des années, ce fort fut hôpital,

    Où on combattait le mal :

    Trachome, variole ou maladies semblables,

    Les médicaments faisaient son arsenal.

    Sous l'ombre de ces palmiers,

    Toute une ville vous accueillait,

    ses enfants vous souriaient,

    De la porte d'Aain-Madhi à la porte d'Alger.

    Derrière ses remparts de pierres rougies

    Par un brûlant soleil qui vous éblouit

    S'associe le blanc d'un minaret qui surgit,

    Et dans le bleu du ciel un croissant vous sourit.

    Sur ce même rocher se dressait

    Cette majestueuse mosquée

    Où le vendredi se rassemblait

    Pour la prière, les humbles et les notabilités.

    Le jour, la nuit, dans cette oasis, j'étais roi

    Le soir, du haut de la colline j'entendais la hadra

    De ces hommes qui chantaient avec foi

    Cet hymne de la joie.

    Abdallah Ben Keriou, ce poète du pays

    A su exploser les cœurs et les esprits

    Pour mieux comprendre ce qui conduit

    A mieux connaître cette oasis qui séduit.

    Clair de lune se reflétant sur l'Oued M'zi,

    Au loin dans les dunes le chant de nos cricri,

    Ces fraîches soirées qui suscitent l'envie

    Du plaisir d'en savourer toute une nuit.

    Dans les profondeurs des roches du Dahraoui,

    Jean Danflous entreprit

    Cet exploit sans répit

    A capter l'eau de la vie,

    Les daïas sont alors fertilisées

    De cette eau vive canalisée

    Par des seguias qui traversaient

    Laghouat sous des yeux émerveillés.

    Pour ces sahariens, c'est l'eau de l'ardeur,

    L'amour d'un jardin de fleurs,

    C'est aussi toutes les couleurs

    D'une ville dans son bonheur.

    Jour de marché, c'est un monde grouillant

    De conteurs, de charmeurs de serpents

    Un folklore que seuls les habitants

    Savent animer en tout temps.

    Autour d'une flûte, on chante,

    D'un tam-tam on danse

    Dans une folle ambiance

    Avec toutes les convenances.

    Place des oliviers, lieu rêvé

    Pour les marchands d'agrumes et de beignets

    Présentant avec l'art qu'on leur connaît

    Les produits du pays, leur grande fierté.

    Avec les galèbes, les hommes bâtissent les maisons

    Les femmes tirent la laine des toisons,

    Chacun à sa façon

    Pour assurer leur vie, apporte sa contribution.

    Ces maisons que les hommes bâtissent

    Charme de la ville sur lesquelles on hisse

    L'oriflamme qui appelle les touristes

    A visiter avec guide à leur service.

    On y voit aussi ces tapis que les femmes tissent

    Aux mille couleurs d'un feu d'artifice

    Avec ce goût et le soin de l'artiste

    Dont seul l'art est complice.

    De ces maisons se dégage une odeur d'encens

    Qui attire comme dans les temples d'orient

    Pour découvrir un peuple généreux, épatant

    Qui fait de vous des amis pour longtemps

    Honneur à Ben Gueddouda la bâtisseur,Senouci l'entrepreneurBoukamel le transporteur

    Zouba l'administrateur.Honneur aussi à Dhina l'institeur,

    Kada le facteur,A Brahim le coiffeur, Boudor le restaurateur,

    Trait d'union dans l'hnneur

    Des habitants pour leur bonheur.

    Il y a aussi Mohamed Larbi Khenifer,

    Cet homme robuste comme un rocher de fer,

    Une vie entre briques, chaux et plâtrière,

    Pieds et mains dans un argile de lumière.

    Tête haute, il était fier

    D'appartenir à cette race de Khenifer,

    L'œil vif, l'esprit lucide, débonnaire,

    Mais quel homme de caractère ?

    Ses enfants sont mes frères

    Par le lait tété aux seins de nos mères

    Echange de procédés sans manière

    Dont je suis très fière.

    Son fils est un digne successeur,

    Il est mon frère dans l'honneur

    Comme ce grand baroudeur,

    Il sut faire face à ses détracteurs.

    Hommage à son épouse qui dans sa maison

    Malgré les soucis des mauvais moments

    Et cela sans affolement

    Veillant sur la vie de ses enfants

    Heureux ceux qui connurent ce temps

    De confiance et d'affection

    Réunissant toutes les conditions

    D'une assurance sur l'UNION.

    Dans leur fief, installés et avertis,

    Les Ben Salem Cheikh Ali savaient régler les ennuis

    De ce qui forme ce peuple Laghouat

    Poète, sensible, généreux affranchi.

    Quant les fêtes religieuses sont là,

    Elles sont célébrées avec foi.

    L'Aid-Seguir, fin de ramadhan,

    Annoncé par ce filet d'argent

    A peine visible au firmament

    Et c'est l'enthousiasme éclatant.

    Avec le printemps, c'est la fête de l'union,

    Qui n'est pas présent

    Pour jouir de ces bons moments

    De cette grande fraternisation,

    Pour tous, c'est la fête

    Avec tambours et trompettes,

    Des you-yous de nailas coquettes,

    Juchées sur des bassours en tête.

    Avec les larbâa, les Makhloufias

    Assurent les fantasias

    Ces cavaliers à la rouge chéchia

    Crânement voltigent avec éclat.

    Ces cavaliers aux gestes harmonieux

    Montant des chevaux majestueux

    Ne sont ni pitres, ni gueux,

    Mais des nobles au cœur chaleureux.

    Le folklore, c'est aussi Djérina

    Avec ses brochettes de Kercha,

    C'est p'tit frère et ses beignets,

    Djeridi et ses champignons rosés

    Ben Naceur le roi du baquet

    Ben Halima à son mortier de café.

    Ali, le porteur d'eau,

    Lakhdar et ses escargots,

    Zohra ben alia et ses chapeaux

    Messaouda et ses ragots.

    Et aussi les courses de bicyclette,

    De la route du point jusqu'au schttet,

    En passant par nos sablettes

    Pour le honneurs sur la carpette.

    Des champions, avec Benamar Hamida,Bachir Cherif et Bachir Tayoussa,

    Sans oublier Ben Yahia Gueddouda,Du vélo, ils étaient rois.

    A ce folklore s'ajoutait Celui de Salomon qui faisait défiler

    Ses Citroën sous des regards émerveillés

    Devant cette belle porte d'Alger.

    Toi, Atallah Soufari,Tu comptais parmi les bons amis

    Avec Amar et Mohamed Souffi

    Pour jouer les Antars, une équipe réussie.

    Et toi, Cherif Ouazen Hamida

    De cette mystérieuse rue des seguias,

    Des amis du quartier, tu étais le plus droit,

    Ce qui te conférait le titre de Sidna.

    Tu étais pour moi, ce frère, dans les cas

    Ou chacun de nos pas

    Nous amenait au feu de joie

    De l'amitié dans la foi.

    Devant l'église sur l'escalier,

    Sur un pan du rocher de la grande mosquée,

    Ou face à la synagogue, sous l'ombre des oliviers,

    Nous nous retrouvions pour une histoire à raconter.

    Comme dans ce petit monde de Don Camillo

    Longuement on discutait à propos

    Du dernier film, d'une histoire de Zorro,

    Des derniers exploits de Zig et puce, genre Piniccio.

    Rien ne semblait nous séparer

    Même si notre avenir nous préparait

    A prendre des responsabilités

    En dehors du pays où nous sommes nés.

    Et pourtant c'est la dure réalité,

    Enfant, nous ne pouvions le penser

    Qu'un jour, nous serions séparés,

    L'histoire serait longue à raconter.

    Vous tous, amis et frères de mes jeunes années,

    Dans ce Laghouat, ensemble sur ces sentiers,

    Nous avons construit le phare qui doit nous éclairer

    Le chemin de la maison pour nous retrouver.

    Pour moi Laghouat ce n'est pas terminé,

    C'est dans cette ville que ma vie fut marquée

    Pour davantage l'aimer

    Et lui rendre l'hommage mérité.

     Marital TRO,Le 21 Mars 1979

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    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     


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    Le conte de Djouhra. 

    Il était une fois un petit village, loin là-bas.

    Près de ce village vivait une jeune femme seule, n’ayant pour compagne qu’une colombe.

    Cette jeune femme s’appelait Djouhra, la Perle. De la perle, elle en avait la carnation, la blancheur, la grâce, l’élégance, la beauté et la simplicité. Sa maison était située assez loin du village, à la lisière de la forêt. Elle possédait un jardin qu’elle avait partagé en trois parties. Devant, elle cultivait des fleurs et derrière, elle avait deux potagers. Dans l’un, poussaient des légumes, dans l’autre des simples.

    Djouhra connaissait toutes les vertus des plantes, aussi bien de celles qu’elle cultivait que celles de la forêt qu’elle cueillait quand elle en avait besoin. Le jardin s’étendait jusqu’à la rivière, très profonde. En effet, Djouhra, dans sa sagesse, a choisi cet endroit afin de ne pas être dérangée.Pour traverser la rivière, il fallait soit emprunter un pont qui se trouvait en aval, soit un passage à gué en amont.Une jolie barrière entourait toute la maison, mais non pas pour empêcher quiconque d’entrée, car la maison de Djouhra était ouverte jour et nuit à qui venait lui rendre visite.

    Djouhra allait rarement au village, sauf pour soigner les villageois quand ils avaient besoin d’elle. Ils venaient aussi pour lui demander conseil. Ce qu’elle ne refusait jamais.

    Djouhra avait un secret. Elle connaissait le langage des animaux.Elle était au courant de tout, car sa colombe lui racontait tout ce qui se passait aux alentours.

    Mais, car il y a un mais, de l’autre côté de la rivière tout au fond des bois vivait un être infâme qui avait juré la perte de Djouhra. Cet être méprisable et vil haïssait Djouhra pour sa beauté, son intelligence, pour les soins qu’elle donnait toujours avec le sourire aux villageois ainsi qu’aux animaux.

    Il la détestait parce qu’elle était belle comme le jour et lui aussi laid qu’une couvée de singes, qu’elle avait de l’esprit et qu’il était un demeuré, qu’elle avait de l’élégance, de la prestance, et que lui n’était qu’un avorton. Elle respirait la franchise et lui n’était que lâcheté et trahison.

    Les gens qu’ils fréquentaient étaient à son image. C’étaient des êtres vils, sournois, perfides. Des individus méprisables, toujours prêts à fomenter un mauvais coup. Bref, ils étaient les déchets de l’humanité, la lie de la société. Il savait également que si les animaux aimaient particulièrement Djouhra, ils le détestaient et fuyaient son approche, car ils sentaient qu’il était un homme mauvais.

    Un matin, Djouhra était en train de cueillir des fleurs quant elle vit sa colombe venir à tire d’ailes. Celle-ci se posa sur son épaule et se mit à lui becqueter le cou.

    -Qu’y a-t-il ma mie ? Te voilà dans tous tes états.

    -Je viens d’apprendre une chose affreuse.

    -Quelle chose, ma mie ?

    -L’affreux bonhomme a rameuté tous ses chiens et quelques-uns de ses amis

    et il a l’intention de t’attaquer cette nuit.

    -Comment compte-t-il s’y prendre ?

    -Il a l’intention de faire passer ses chiens par le gué.

    La colombe n’avait pas fini de parler que Djouhra vit un loup sortir de la forêt et s’arrêter à la lisière.

    Sachant qu’il n’aimait pas se trouver en terrain découvert, elle s’avança vers lui.

    – Bonjour, mon ami, lui dit Djouhra, tu as quelque chose à me dire ?

    – Je venais t’apprendre une mauvaise nouvelle, mais je vois que ta colombe t’en a déjà informée. Que pouvons-nous faire pour t’aider ?

    – Rien, mon ami, je te remercie de ta sollicitude. Je sais ce que je dois faire, mais reste vigilant.

    Le loup s’en alla aussi vite qu’il était apparu.

    A ce moment, un léger tourbillon s’éleva devant Djouhra, puis se transforma en une apparition légère et éthérée. C’était la fée des bois.

    -Je pense que tu dois déjà être informée de ce que trame l’affreux nabot

    des bois, Djouhra. As-tu besoin de mon aide ?

    -Non merci, mon amie, je sais ce que je dois faire. Mais sois vigilante.

    La fée disparut dans un nouveau tourbillon.

    Djouhra descendit tranquillement vers la rivière, mit sa main dans l’eau et murmura quelques paroles.

    Un instant plus tard un brochet sortit sa tête de l’eau.

    – Je sais que ton ennemi, ce fourbe, cherche à te nuire. Que puis-je pour toi ?

    Djouhra lui parla longuement. Le brochet après l’avoir écoutée, fit plusieurs bonds, puis disparut dans la rivière.

    La colombe, encore tout émue, demanda à Djouhra si elle n’avait pas peur de la meute des chiens que le sournois avait ramenée.

    – Une meute ! Ma mie, c’est un bien grand mot pour un ramassis de clébards tapageurs et braillards et qui ne sont courageux que parce qu’ils sont nombreux.

    Puis, Djouhra alla vaquer à ses affaires, comme si de rien n’était.

    Le soir, comme à son habitude, elle alla se coucher sans fermer ni portes ni fenêtres, puisqu’elle n’avait rien à craindre.

    Puis, au beau milieu de la nuit, alors que tout était calme, des aboiements et des cris affreux se firent entendre.

    Djouhra ne bougea point. Elle savait ce qui se passait.

    Ce qui se passait était en effet assez affreux et les cris de douleur et de plainte qui émanaient des chiens avaient alerté tout le village, mais personne ne bougea non plus.

    Dans la nuit noire, lorsque l’affreux nabot, vil et immonde, qui voulait attaquer Djouhra s’avança avec ses chiens et deux de ses acolytes dans la rivière, il ne s’attendait pas à ce qui allait se passer.

    En effet, à peine ses chiens entrèrent-ils dans l’eau qu’ils furent attaqués de toutes parts par un banc de brochets. Des centaines et des centaines de brochets qui mordirent, déchirèrent et déchiquetèrent les chiens sans quartier. Comme ils en avaient reçu l’ordre, ils ne touchèrent pas aux hommes. Ceux-ci s’enfuirent sans plus chercher à comprendre.

    Le temps passa et Djouhra continua à remplir ses journées comme d’habitude, sans penser à son ignoble voisin.

    Mais un jour, la colombe vint lui dire que de nouveau, il s’apprêtait à l’attaquer, cette fois-ci par le pont, car il allait se faire aider par ses sinistres amis, qui, étant comme lui sans foi ni loi, étaient prêts à tout pour commettre une mauvaise action.

    Le loup et la fée apparurent de nouveau pour lui demande si elle avait besoin de leur aide.

    Comme pour la première fois, Djouhra refusa et les remercia.

    Djouhra s’en alla à la lisière de la forêt et murmura dans le vent.

    Quelques minutes plus tard, un sanglier apparut.

    Djouhra lui parla longuement. Puis ils se séparèrent.

    Elle vaqua comme à son habitude sans se soucier de rien. Puis ce fut l’heure de se coucher.

    Dans le plus profond de la nuit, elle entendit des bruits et des cris terribles, mais elle ne bougea pas. Les villageois aussi entendirent, mais personne ne sortit.

    Lorsque le sordide individu et ses sinistres compagnons armés jusqu’aux dents sortirent de la forêt, ils ne s’attendaient pas à ce qu’ils allaient trouver avant d’avoir fini de franchir le pont. En effet, à peine venaient-ils de poser le pied sur la rive qu’une bande de sangliers sortit de la forêt et les chargea, ne leur laissant pas le temps de quitter le pont.

    Ils les chargèrent, les refoulèrent et les poursuivirent loin dans la forêt, mais sans les blesser ni les tuer, car ils avaient reçu l’ordre de Djouhra de ne pas les toucher. Ils devaient juste leur faire peur. Ce qu’ils firent.

    Du temps passa, mais les animaux étaient toujours à l’écoute de l’infect habitant des bois. Ils se méfiaient de lui et l’espionnaient pour connaître son prochain mauvais coup. Qui n’allait pas tarder d’ailleurs.

    Un jour, la colombe vint dire à Djouhra que le misérable avait loué une cahute qui se trouvait en dehors du village, de l’autre côté, mais à la lisière de la forêt et qu’il y habitait avec plusieurs autres sbires.

    -Je n’aime pas ça, dit Djouhra.

    -Toi, ne t’approche pas de leur cabane, car ils te connaissent, mais envoie tes amis

    pour écouter et voir ce qu’ils peuvent bien manigancer.

    Aussitôt dit, aussitôt fait.

    Un peu plus tard, la colombe revint tout effarée de ce qu’elle avait appris par ses amis.

    – Alors, ma mie, que t’ont dit tes amis.

    Ils ont entendu dire qu’ils allaient mettre le feu à la forêt demain matin de bonne heure et s’enfuir ensuite.

    -Oh, cela est grave, ma mie, je crains que cette fois-ci, ils n’aient dépassé les bornes.

    Elle s’en alla à la lisière de la forêt et murmura dans le vent.

    Apparut tout d’abord la fée, puis le loup et ensuite le sanglier.

    -Mes amis, je crois bien que cette fois-ci nous allons devoir employer les grands moyens

    afin d’empêcher ces malandrins de nuire pour toujours. Voici mon plan.

    Et elle le leur exposa. La fée et les animaux acquiescèrent puis se séparèrent. Si personne dans le village ne se doutait de rien, en revanche, la forêt était en ébullition.

    Les brigands qui étaient dans leur cabane ne dormaient pas. Ils étaient trop anxieux et attendaient le petit jour afin de commettre leur forfait et de disparaître. Enfin, le jour commença à poindre. Ils se levèrent, prirent les torches qu’ils avaient préparées et ouvrirent la porte pour sortir.A peine étaient-ils dehors qu’ils furent pris d’une grande frayeur et rentrèrent précipitamment. Ils se regardèrent pour voir si ce qu’ils avaient vu était bien réel et la même épouvante se lisait dans leurs yeux.

    A ce moment, ils entendirent une voix leur dire :

    – Sortez et il ne vous sera pas fait de mal.

    C’était Djouhra.

    Les misérables individus se regardèrent puis, se sachant impuissants, sortir.

    Et ils virent qu’ils n’avaient pas rêvé.

    En effet, devant la cabane, en premier rang se trouvaient des loups, les crocs menaçants et le poil hérissé, ensuite venait la troupe de sangliers sauvages et farouches, et pour finir des ours qui, apprenant que Djouhra leur amie était en danger, étaient venus de leur lointaine montagne pour l’aider. Massifs, ils formaient une formidable masse dangereuse et impressionnante.

    Au-dessus d’eux, tout ce que comptait la gent ailée était là, obscurcissant le ciel : des aigles, des faucons, des éperviers, des milans, des hirondelles, des corbeaux, des corneilles, des pies, des merles, des pigeons, enfin tout ce qui volait.

    Djouhra, vêtue d’une longue robe blanche, sa colombe sur l’épaule, se tenait devant tous ces amis, la fée se tenant près d’elle.

    – Par deux fois, dit-elle aux misérables, vous avez voulu attenter à ma vie,

    mais je vous ai laissé la vie sauve à chaque fois. Mais, cette fois, ce que vous vouliez faire était très grave. Brûler la forêt, c’était nuire à tous mes amis. C’est un grand crime. Je savais que vous n’étiez que des misérables, mais je ne pensais pas que vous seriez aussi mauvais. Aussi, cette fois-ci, vous serez punis.

    A ces moments, toute honte bue, les scélérats se jetèrent à ses pieds pour lui demander pardon.

    -Levez-vous, leur dit-elle, il n’est pas dans mes intentions de vous tuer.

    Je ne veux pas avoir votre sang sur mes mains, ni votre mort sur ma conscience.

    -Votre punition, la voilà. Elle est toute simple. Vous allez quitter le pays sur le champ.

    Vous allez sortir du village, accompagnés par tous mes amis ici présents. Une fois loin d’ici, dites-vous bien que quoi que vous fassiez et où que vous alliez, je le saurais. Le moindre petit oiseau qui volera au-dessus de vous et le moindre petit animal que vous rencontrerez m’en informera aussitôt.

    Puis sur un signe, les animaux encadrèrent les malfaisants, les loups d’un côté, les sangliers de l’autre, les ours derrière et les oiseaux dans le ciel, mais volant très bas.

    Les villageois entendant des grondements et des martèlements sortirent sur le pas de leur porte et furent stupéfaits de voir le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. Sans comprendre ce qui se passait, ils virent des individus sinistres, mais à l’air épouvanté et tremblant de tous leurs membres, s’accrochant les uns aux autres, s’avancer tout au long de la rue, encadrés par des animaux que d’habitude ils ne voyaient jamais. C’était un cortège impressionnant et grandiose à la fois.

    Arrivés à la sortie du village, les animaux s’arrêtèrent. Les gueux ne demandèrent pas leur reste et sans aucune honte prirent leurs jambes à leur cou. On ne les revît jamais. Peut-être le sable les a-t-il ensevelis ou la mer les a-t-elle engloutis ? Qui sait ?

    Les animaux regagnèrent la forêt et Djouhra repartit dans sa maison sans un seul regard pour les villageois.

    Elle continue de vivre, entourée de ses amis les animaux et en compagnie de sa colombe, délivrée à tout jamais de la malfaisance de son voisin le fourbe.

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  • Hiziya,

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    Hiziya,

    Hiziya,le plus beau poème d´amour algérien.                                                                             Une épopée!!!Le poème est d´Omar Ben Guitoune.

    Hiziya, une Chérifa, fille de Ahmed Bel Bey richissime éleveur, avait donné son coeur à son cousin, Said, un jeune de grande fortune et prestigieux chevalier.C'était le grand amour du dix-neuvième siècle qui dépassa, en beauté et en tragique, ceux que grava en caractères d'or, l'histoire humaine : Antar et Abla, Keiss et Leila, Roméo et Juliette.Leur amour fut unique en son temps, chanté par les uns, magnifié par les autres, jalousé secrètement par quelques uns. Une année après la grande guerre de 1871, vers la fin de l'été, les festivités du mariage étaient célébrées. Dans son douar, Said veillait à donner à l'évènement la réputation de tous les temps, en réjouissances et en prodige : fantasia, orchestre bédouin, Meddahs.La caravane partit, une journée avant la nuit des noces, au matin, formée de chameaux, de chevaux et d'une chamelle blanche qui portait la litière de la mariée. Une trentaine de cavaliers, accompagnés par quelques femmes, descendaient vers le sud, dans le territoire des Oulad Nail de Djelfa. Le lendemain, aux premières aurores, le cortège matrimonial prit la route, à travers l'immensité steppique quand surgit le Caid avec ses goumiers.Hiziya reconnut le caïd dont le parti avait été refusé et qui jura à ses amis de la prendre par la force. La confrontation fut inévitable,Hiziya se prosterna, entra dans une profonde dévotion et invoqua le Seigneur Tout Puissant de l'emmener dans les cieux, plutôt que d'appartenir à un autre homme que Said. Dieu l'entendit, la combla de clémence et exauça son vœu : Hiziya mourut là, dans l'adoration du Miséricordieux, en plein désert.

    Chanson Hiziya - Abdelhamid Ababsa: belles paroles, belles images

     

     

    Extraits de la chanson de Abdelhamid Ababsa

    Ô vous qui m’écoutez ! Mon cœur est parti avec la svelte Hiziya !»                                        Lorsqu’elle laisse flotter sa chevelure, un suave parfum s’en dégage.                                                Ses sourcils forment deux arcs bien dessinés, telle la lettre noun,                                             tracée dans un message.Contemple ses chevilles; chacune est jalouse                                             de la beauté de l’autre; lorsqu’elles se querellent elles font entendre le                                   cliquetis de leurs khelkhals, surmontant les brodequins.                                                         Lorsqu’au milieu des prairies, elle balançait son corps avec grâce,                                         et faisait résonner son khelkhal, ma raison s’égarait; un trouble profond                                           envahissait mon cœur et mes sens.                                                                                            Nous avons campé ensemble sur l’Oued Ithel; c’est là que la reine des                             jouvencelles me dit adieu. C’est cette nuit-là qu’elle passa de vie à trépas;                                     c’est là que la belle aux yeux noirs quitta ce monde.                                                                    Elle se tenait serrée contre ma poitrine, lorsqu’elle rendit l’âme.                                                   Les larmes remplirent mes yeux, et s’écoulaient sur mes joues.                                                   Mais puisque telle est la volonté de Dieu, maître des mondes,                                                         je ne puis détourner de moi cette calamité.                                                                          Patience ! Patience ! J’attends le moment de te rejoindre :                                                             je pense à toi, ma bien-aimée, à toi seule !

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  •  

     

     

    J'ai "fréquenté" les Grands"

     l'Hôtel Transatlantique de Laghouat, appelé alors  "Le Transat" devenu l'Hôtel Marhaba où, dans les années 40, se trouvait en résidence surveillée le Bey de Tunis, Moncef  Bey en raison de grandes difficultés politiques avec les autorités françaises, la Tunisie étant sous protectorat français .

     J'ai "fréquenté" les GRANDS

     

    Moncef Bey, nom francisé de Mohamed El Moncef Bey, né le 4 mars 1881 à Tunis et décédé le  1er septembre 1948 à Pau, est bey de Tunis du 19 juin 1942 à sa destitution le 15 mai 1943. Il est l’avant-dernier représentant de la dynastie husseinite

    Le 14 mai 1943, le départ de Moncef Bey  pour l’exil, à  Laghouat, cité du sud algérien, décidé par le général Juin, arrivé la veille à Tunis pour assurer l’intérim de la Résidence générale, s’est effectué dans des conditions indignes de la France. 

    A six heures du matin, les généraux Jurrion et Morreau se présentent au domicile de Son Altesse et le prient de s’habiller pour les accompagner à la Résidence pour affaires urgentes. En cours de route, le cortège bifurque vers l’aérodrome d’El Aouina. Il est alors embarqué. Trois heures plus tard, Moncef Bey atterrit à Laghouat, où un petit pavillon lui est réservé en l'Hôtel Transatlantique, le Transat, devenu l'Hôtel Marhaba 

    Avec des copains, tout jeunes que nous étions -12, 13 ans-, pieds nus, nous rendions "visite" au Bey, assis sur la terrase de l'hôtel qui surplombait une ruelle - El Kabou-  aussi Rue de la Grande Séguia. Ces instants faisaient de nous des "GRANDS", face à sa simplicité et ses facultés de se mettre à notre niveau pour une "discussion" que je vous laisse deviner...

       Rue d'El Kabou ou de la Grande Seguia

    Le Bey fut ensuite transféré à Ténès, ville côtière, où existe encore la Villa du Bey ou "Dar El Bey" où il fut détenu et qui sert de villa d'hôte au Wali de Chlef et après en France, à Pau, où il résida jusqu'à sa mort

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