•  voir aussi: hebboul.com

     

    Laghouat, les années 40,

    Bribes de vie par si Mohamed Hebboul                                                                                    

    Publié le 29 janvier 2015 par LAGHOUATI

     

      Ce matin je n’avais aucun article à publier, cela arrive très rarement, comment faire ? C’était cette question que je me suis posée en me réveillant à 4 heures. J’ouvre mon micro et je vois dans ma boite un mail de notre vieil ami Ghadames ( c’est le surnom que notre ami s’était donné du nom de la ruelle qu’il a habitée au schttet). Je savais que si Mohamed avait toujours de belles petites surprises dans sa « gibecière », il n’écrivait pas pour rien. J’avais bien raison de le penser, un mail d’une dizaine de pages était là, bien blotti , presque timide attendant que l’autre nostalgique veuille bien l’ouvrir.et sachant que cela ferait énormément plaisir au destinataire et lui enlèverait son souci et sa crainte de ne pas pouvoir publier ce matin.

    Il avait bien raison le mail, j’étais heureux comme un petit enfant qui aurait retrouvé un objet perdu et qui lui était cher. Je savais bien que quand si Mohamed m’écrivait ce n’était pas pour rien ! Le titre était Laghouat les années 40, bribes de vie . Merci si Mohamed pour avoir introduit de la joie dans mon cœur et de m’avoir permis de vivre ou de revivre une période très belle du passé de notre ville .

     -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

     
     

      Bonsoir Si Mohammed et meilleurs vœux 2013 pour toi, les tiens, Dr Ahmed Benhaouache  et tous nos amis du site auxquels je propose cette modeste contribution de bribes de vie  des années 40 en cette merveilleuse oasis qu'était notre chère  Laghouat... En leur souvenir, de nombreux noms de chez nous y sont cités alors que pour leur plus grande part, ils sont au Paradis.

       Laghouat, années 40, bribes de vie...  

      Laghouat, vue partielle de la ville annees 4O/50 

     La Mosquée "El Saffah" construite juste après la conquête de la ville par des maçons italiens, dont l’un,   Giacomo Molinari, demeura à Laghouat et se convertit à l’Islam. Mort en 1908 à 94 ans ; astronome à ses  heures, dit-on, il aimait observer la voie lactée.   

     1.png 

        En faisant une recherche d'images sur Laghouat, pour le compte d'une amie blogueuse,  ne voilà-il pas qu'à mon tour le net me fait découvrir quelques instants de ma jeunesse  que j'ai stockés instinctivement. 
    Et l'envie de vous les soumettre a été plus forte encore !!! Cela me permet aussi de citer
      quelques noms de laghouatis hélas disparus pour la plus grande part et pour lesquels  je n'ai pu retenir quelques larmes.
    Les voilà donc si vous avez le temps d'y jeter un petit coup d'œil
        

       - La première image que j'ai trouvée est celle d'un poème sur  ma ville de naissance, LAGHOUAT, l'oasis qu'on appelait "La Porte du Sud" écrit par Claude-Maurice Robert.

     Claude-Maurice ROBERT, écrivain, à qui je tapais à la machine ses écrits pour en faciliter l'édition, résidait depuis longtemps à Laghouat, rue du  Kabou, dans une maison avec jardin. Il se retrouvait presque tous les soirs avec ses amis, Avenue Cassaigne à l'Hôtel Saharien de Mr Valluis Léo et son épouse Jeanne et aussi, entre autres, Mr Soufi Mohamed, mon cher instituteur, le Juge Brassens , Mr Tadj Bachir dit Baïliche, Greffier (père de Mohamed dit "Largo" un ancien joueur de foot-ball de l'OML, en compagnie de mes amis  Kada Benattallah, Talbi Mohamed, Benamar Tahar, Rayane Mahmoud dit Errous ,le Russe), Mr Dhina Mohamed interprète judiciaire auprès du Tribunal, fondateur en 1948 du Hilal Club de Laghouat (HCL) en compagnie entr'autres de Si Mohamed Bensalem, de Si Abderrahmane Rahmani mon cousin, émérite mécanicien, de "Papa" Hamza (à la mémoire duquel j'ai prénommé mon premier petit-fils, Hamza), Mr Fernand Bourgeois, mon autre instituteur, qui sera muté à Miliana - en même temps que Mr Kahlouche Arezki et Mr Dieudonné, notre Directeur d'Ecole qui attendait à l'entrée, accompagné de son gros chien, tout retardataire pour lui provoquer la peur de sa vie -.Et Mr Bourgeois  deviendra mon correspondant au Collège Moderne de Garçons de Miliana et me fera partager sa table familiale tous les dimanches. M'y rejoindront par la suite, Mimouni Attallah, Gourine Madani, Ferhat Said, Baïliche Baïliche (Tedjini-Baîliche ). 

      Et il y a quelques années, dans ce même collège, je devins à mon tour correspondant de Benyoucef Ferhat, devenu Directeur de la Station d'Epuration des Eaux de Laghouat et fils de mon ami Hadj Lamine.

      L'Hôtel Saharien se trouvait près de la Porte d'Alger, au début de l'Avenue Cassaigne, El M'Gattâa.   Il fut détruit post-indépendance et remplacé par une structure qui ne lui fait pas honneur. 

      

    2.png 

      L'Hôtel Saharien comprenait 43 chambres, une annexe, deux restaurants, deux bars, une agence de voyage, une villa d'hôte, un grand garage pour les voitures des passagers et avait comme acheteur Mr Tidjani aux yeux toujours malades et larmoyants et qui me témoignait beaucoup d'affection, peut-être parce qu'il n'avait pas d'enfants.

    Sur les murs intérieurs du "Grand Restaurant", domaine du Maitre d'Hotel , Mr Bribèche, des peintures à l'huile représentant l'oasis de Laghouat, des paysages sahariens, caravanes, chameaux, gazelles, troupeaux, tentes, nomades, réalisées par Mr Casalta, un artiste d'origine italienne, je crois, et que j'ai eu la chance de côtoyer en lui passant pinceaux et peintures lorsqu'il était sur son échelle en plein travail.  

           LAGHOUAT 

      D'opale dans l'écrin d'émeraude des palmes
    Où le vent du désert fait un bruit de marée
    Par ces soirs printaniers, si lumineux et calmes
    Laghouat a des langueurs de vierge énamourée

      De la haute terrasse où sans fin je l'admire
    Les cubes de ses toits font un vaste damier
    Et l'ardeur du couchant fait de chaque palmier
    Un feu d'or crépitant sur un mat de porphyre

      Les sierras sans humus brasillent tout autour
    Et le rocher des chiens avec sa vieille tour
    Que l'ombre qui s'allonge embue et passe à l'encre

     Evoque on ne sait quel vaisseau fantôme à l'ancre

    Heureux, je reste là jusqu'à l'heure où la lune
    Ronde et rouge, émergeant de l'immensité brune
    Fanal au poing de quel secret lampadophore ?
    T'illumine, O Laghouat et rend plus belle encore !

      Avril 1941
    Claude-Maurice Robert

       

    - La deuxième image découverte est celle de l'Hôtel Transatlantique,appelé alors  "Le Transat" devenu l'Hôtel Marhaba où, dans les années 40, se trouvait en résidence surveillée  le Bey de Tunis, Moncef  Bey en raison de grandes difficultés politiques avec les autorités françaises, la Tunisie étant sous protectorat français .  

      3.png 

      Moncef Bey, nom francisé de Mohamed El Moncef Bey, né le 4 mars 1881 à Tunis et décédé le  1er septembre 1948 à Pau, est bey de Tunis du 19 juin 1942 à sa destitution le 15 mai 1943. Il est l’avant-dernier représentant de la dynastie husseinite  

    Le 14 mai 1943, le départ de Moncef Bey  pour l’exil, à  Laghouat, cité du sud algérien, décidé par le général Juin, arrivé la veille à Tunis pour assurer l’intérim de la Résidence générale, s’est effectué dans des conditions indignes de la France. A six heures du matin, les généraux Jurrion et Morreau se présentent au domicile de Son Altesse et le prient de s’habiller pour les accompagner à la Résidence pour affaires urgentes. En cours de route, le cortège bifurque vers l’aérodrome d’El Aouina. Il est alors embarqué. Trois heures plus tard, Moncef Bey atterrit en plein Sahara, à Laghouat, où un petit pavillon lui est réservé  

       5.png 

      Rue d'El Kabou ou de la Grande Seguia

       6.png
         L'Hotel Transatlantique est devenu Le Marhaba (style Pouillon)

        
          Avec des copains, tout jeunes que nous étions, nous rendions "visite" au Bey, assis sur la terrase de l'hôtel qui surplombait une ruelle - El Kabou- où nous nous  tenions et échangions quelques paroles avec lui. Ces instants faisaient de nous  des "GRANDS", face à sa simplicité et ses facultés de se mettre à notre niveau. 
    Le Bey fut ensuite transféré à Ténès, ville côtière d'Algérie, où existe encore
      la Villa du Bey ou "Dar El Bey" où il fut détenu et qui sert de villa d'hôte au  Wali de Chlef et après en France, à Pau, où il résida jusqu'à sa mort   

     - Et la troisième image est celle de la prison de la ville, disparue depuis, où avec mes camarades Tadj Bachir et Tadj Mahmoud - dont je salue les enfants -nous fumes incarcérés pour une douzaine de jours à l'âge de 13 ans pour les motifs ci-après déjà relatés.  

       7.png
           Histoire vraie  

    Ca se passe dans une ville oasis du sud - Laghouat - durant l'année 1945, pendant  la deuxième guerre mondiale opposant les Français aux Allemands. Dans les casernes de la ville étaient détenus des prisonniers allemands qui, des meurtrières des murs d'enceinte, quémandaient par gestes, de la nourriture aux passants qui eux-mêmes en manquaient.

    C'était une période dure et de privations. Ces prisonniers étaient très jeunes et la plupart blonds. Nous étions 3 copains, tous âgés de 13 ans habitant tous l'Avenue Cassaigne et ne comprenions pas que ces ‘roumis' habitués au lucre et l'aisance en soient arrivés à l'aumône, la misère étant réservée aux indigènes miséreux que nous étions.

     Affiliés aux SMA (Scouts Musulmans Algériens), nos Chefs nous inculquaient la fibre nationaliste entre autres et aux dires de l'un d'eux, Si Lamine Hadj Aïssa, si les Allemands gagnaient la guerre contre les Français, l'Algérie obtiendrait son indépendance !

     Additionnées à notre humanisme et patriotisme  naissants, ces paroles nous poussèrent à la charité dont la plupart d'entre nous en avaient si besoin ! Mes copains et moi cherchions par ci, par là, quelques restes de pain rassis comme El Mella (pain cuit dans le sable) que mon père  n'avait pas mangée alors qu'il était khammès (pour 1/5ie de la récolte) à la dhaya au sud-ouest de Laghouat. Nous  grignotions aussi sur nos maigres repas pour en jeter le résultat aux prisonniers allemands.
    L'Administrateur de la ville, HIRTZ, de sinistre renommée, l'apprit et nous fit arrêter
      et jeter en prison !

    Emprisonner des gosses de 13 ans !!!

      Nous voilà donc dans une salle avec des détenus de droit commun. Au fond de cette salle se trouvaient les tinettes (de grands fûts au dessus desquels se trouvaient deux poutrelles) desquelles se dégageait une odeur acre des plus nauséabondes et étant les derniers arrivants, nous eûmes l'infortune d'en être les plus proches !

      Les autres prisonniers de droit commun nous tranquillisèrent et nous encouragèrent, « les prisons étant faites pour les vrais hommes » à leurs dires et qu'il nous fallait penser à la libération pour alléger nos peines juvéniles, etc...etc...Nos parents ne purent nous rendre visite durant notre détention et faisaient le pied de grue continuellement devant la prison 

    Et Mr BENSALEM Mohamed, responsable local de l'UDMA (Union Démocratique du Manifeste Algérien, appelé aussi "Bouchoucha", parti de Mr Ferhat ABBAS, se démenait sans cesse auprès de l'Administrateur HIRTZ aux fins d'obtenir notre élargissement ce qui se fit après une douzaine de jours.

      Ni envieux, ni rancunier, encore moins revanchard, j'ai donc en si peu de temps côtoyé les Princes, l'Ecriture, la Peinture, la Prison...

    Ainsi va la vie avec ses hauts et ses bas

     elle mérite d'être vécue cependant...

    surtout l'indépendance acquise. 

       Et Gloire à nos Chouhada que nous n'oublions pas

      ------------------------------------------------------- 

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas 


    1 commentaire
  • Voir aussi : hebboul.com 

     

    CHENGAB KHALED :

     UNE HISTOIRE QUE J'AI VÉCUE PERSONNELLEMENT ET QUI
    S'EST ECRITE OU PLUTOT DESSINÉE A L'ENCRE BLEUE.
    C'ETAIT EN 1961,UNE ATMOSPHERE DE PRÉ-INDEPENDANCE
    POINTAIT SON NEZ,
    LA GUERRE D'ALGERIE TIRAIT VERS SA FIN ET LA POPULATION
    ETAIT AU PLUS FORT DE L'EXALTATION DES SENTIMENTS DE PATRIOTISME.
    C'ETAIT LE DEBUT DE L'ANNÉE SCOLAIRE A L'ÉCOLE CHARLES ANDRÉI A MILIANA.
    J'ÉTAIS EN COURS PREPARATOIRE ET UN JOUR, JE NE SAIS PAS
    CE QUI M'A PRIS, CERTAINEMENT TRANSPORTÉ PAR CET ÉLAN
    PATRIOTIQUE QUE JE VOYAIS NAITRE AUTOUR DE MOI ET ALORS
    QUE JE PORTAIS UN SHORT, J'AVAIS DÉCIDÉ DE REPRODUIRE A
    L'AIDE D'UN STYLO BLEU SUR MA CUISSE DROITE LE SYMBOLE QUI
    ORNE LE DRAPEAU ALGERIEN, L'ÉTOILE A CINQ BRANCHES ET
    LE CROISSANT, NON SANS LE MALIN PLAISIR DE LE MONTRER
    AU FILS DE LA MAÎTRESSE MADAME TAFFANY, JACQUES QUI ETAIT
    MON VOISIN DE PUPITRE. SA RÉACTION FUT CELLE ÉSCOMPTÉE C'EST A DIRE UN CRI D'HORREUR ! ET JE FUS CONDUIT PAR SA
    MAMAN MUNI D'UNE ÉPONGE ET DU SAVON DANS LA COUR
    AFIN DE FAIRE DISPARAITRE CET AFFRONT SOUS L'EAU FROIDE.
    JE N'AI JAMAIS SU COMMENT MON PÉRE ALLAH YARHMOU QUI A
    CETTE HEURE DE LA JOURNÉE DEVAIT ÊTRE DERRIERE LE
    COMPTOIR DU CAFÉ MAURE QU'IL TENAIT EN FACE DE LA GARE
    ROUTIÉRE MAURICE A PU SE PRESENTER EN FIN D'APRES MIDI
    AU BUREAU DU DIRECTEUR EN PRESENCE DE LA MAÎTRESSE.
    SUR LE CHEMIN DU RETOUR A LA MAISON, J'AI EU DROIT AVEC
    CET AIR AMUSÉ QU'IL AFFICHAIT SOUVENT FACE A MES CONNERIES,
    AU FAMEUX  "BGHIT TBASSENA" !
    J'AI LONGTEMPS REFLECHI SI JE NE DEVAIS PAS RECLAMER
    UNE ATTESTATION POUR CE HAUT FAIT DE RESISTANCE.

    Notre ami Ahmed MAHROUG, réalisateur de métier, aurait pu se saisir de cette histoire  pour en faire un  métrage à la hauteur du courage à risques de Khaled, son camarade du Lycée Mustapha Ferroukhi. 

    Notre ami Khaled CHENGAB fait preuve de sagesse en s'abstenant de
    participer aux polémiques quant aux déballages actuels sur la guerre d'Algérie
    à l'image du Général Khaled NEZZAR  et
    Abdelhamid Brahimi dit "Abdelhamid la science", ancien Premier Ministre,
    qui avait déstructuré le tissu industriel algérien, et l'un de ceux à l'origine de
    la décennie noire. Il s'était sauvé d'Algérie il y a plus de 25 ans aux Etats-Unis et
    en Angleterre d'où il continua à dénigrer notre pays.


    Journal "El Watan" : A peine a-t-il remis les pieds en Algérie,
    l’ancien ministre du Plan et Premier ministre sous Chadli Bendjedid,
    Abdelhamid Brahimi, dit «Abdelhamid la science», le père des réformes destructrices
    du tissu industriel national dans les années 1980, est déjà dans la polémique et
    au centre d’une guerre médiatique.
    http://www.elwatan.com/actualite/les-dessous-d-une-guerre
    -autour-de-la-decennie-noire-04-02-2016-313622_109.php

     

    D'Ahmed MAHROUG:

    parler ou mourir


     Sacré Tahar Djaout.

     Ecrire c'est fondamentalement parler.
     Feu Tahar Djaout a fait de sa vie une devise:

    " si je me tais , je meurs,
    si je parle je meurs,
    alors je parle et je meurs "

    ahmed-2.jpg

    Le but de mon intervention réside dans le fait que les socitétés particulèrement,  les dirigeants de ces sociétés acceptent rarement qu'on les éclaire sur leurs multitudes bourdes infantiles. Suite à mes articles critiques et dans la mesure du respect et de la morale , parus sur mes pages facebook, je fus étonné que le lendemain certains "chefs " qui me faisaint quotidiennemnt la bise ont pris le large et ont essayé de m'éviter. La rigolade... ubuesque et louffoque situation. Cela ne change en rien mes positions et mes convictions ..Je parle et j'écris, surtout sur vos gabégidiaires agissements.

    Une brochette des anciens élèves du Lycée Mustapha Ferroukhi de Miliana

    Img 5139

    _____________________________

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     

     


    votre commentaire
  • Bribes de souvenirs  de

    Mohamed HEBBOUL

      

    La Clef

     


       Potache et interne au Collège de Miliana, devenu Lycée Mustapha FERROUKHI, révolutionnaire décédé dans un accident d'avion en allant rejoindre son poste d'Ambassadeur de l'Algérie Combattante à PEKIN, je ne sais comment je m'étais débrouillé pour avoir la clef de la porte d'entrée principale du Lycée.

       Ainsi, chaque fois que possible, je m'esquivais pour des veillées en ville, particulièrement pendant le mois du jeûne.

       Et c'est ainsi qu'au retour d'une soirée ramdanesque, j'ai trouvé l'un de nos surveillants d'internat devant la porte du Lycée sonnant indéfiniment sans qu'on vienne lui ouvrir

       C'était Mr KACEDALI qui, l'indépendance du pays acquise, deviendra Proviseur de ce Lycée avant sa désignation comme Directeur de la prestigieuse Ecole Nationale d'Administration (ENA).

       Vite fait, je me dissimulais derrière l'un des platanes faisant face au Lycée, attendant que la voie se libère. Mais personne ne vint lui ouvrir. Au bout d'un long moment, je me suis présenté à Mr KACEDALI, lui disant par peur de punition, de consigne et surtout de perdre ma clef:

    "! Monsieur, je vous ouvre, mais vous ne m'avez jamais vu...!"

        pour m'entendre répondre:

    "Ouvre, mais tu ne m'as jamais vu et je ne t'ai jamais vu"... !!!

               Et c'est ainsi que nous sommes devenus

    tous les deux subitement aveugles aux portes de

               la Lumière et du Savoir

     
    chiara commente: le 02/01/09 23:01
    D'ailleurs depuis ces faits, on ne dit plus je serais muet,
    mais je fermerais ma bouche à double tour.
    Sinon, avez-vous encore cette clé ?
    De: vasy07 ( Site internet ) le 01/06/09 17:24
    J'adore cette illustration de la réalité de l'humanité,
    excellent!!MDR!!!
     
    De: buissanne le 04/06/09 04:06
    Ce matin, je fais un grand voyage dans ce blog,
    vibrant de vérité et d'amour de la vie!
    Bonne journée
     
    De: automathing ( Site internet ) le 04/06/09 11:04
    Oh cécité et mutisme mais juste par instinct de conservation...
    Cet instinct est aussi une qualité d'un être conscient du prix
    de la parole...de vie !

    1 commentaire
  • La gazelle d'or

     

    Blog de ghadames : ghadames, Oasis et Gazelle

    Il était un prince, voyageur intrépide, qui parvint un jour au pied d’une citadelle, entourée de remparts. En levant la tête au ciel, il s'aperçut que chaque créneau était coiffé d’un crâne humain. Il en compta quatre vingt dix neuf. Emporté par sa curiosité, il franchit le lourd portail qui en permettait l´accès. Une atmosphère austère y régnait. Sur son chemin vint à passer un petit homme à l’allure pressée. Il s´en approcha pour l´interroger mais l´homme l’interrompit :
    - Quitte cette ville, étranger !
    - Mais pourquoi donc ?
    - Elle cause la perte de tous les jeunes hommes qui s’y aventurent.
    - Et ces crânes humains, qu’est-ce que cela veut dire ?
    - Le sultan fait couper la tête des prétendants de sa fille auxquels il soumet une énigme que personne n’a réussi à résoudre.
    - Ciel ! Mais quelle est donc cette énigme ?
    - La princesse, d’une beauté sans pareille, a une mystérieuse marque de naissance sur le corps. Quiconque voudrait l’épouser doit deviner de quoi il s’agit, à ses risques et périls.

    Le prince, qui aimait les défis, se laissa tenter. Mais avant de se porter candidat, il s’installa discrètement dans la ville. Il avait déjà sa petite idée derrière la tête et se mit à la recherche d’un bijoutier de renom. L’ayant trouvé, il demanda à entrer en apprentissage. Le maître accepta. Mais au bout de quelques jours, il s’aperçut que son apprenti, bien que fidèle au poste chaque matin, n’était pas attentif au métier. Il s’en inquiéta :
    - Jeune homme, je vois bien que ce n’est pas le métier que tu cherches à acquérir. Pour quelle raison es-tu là ?

    Sans détours, le prince sortit une bourse d’or et la posa sur l’établi :
    - Je suis le fils d’un grand roi et je ferai ta fortune si tu m’aides à m’introduire secrètement dans la chambre de la princesse.
    - Mais tu es fou ?
    - Non ! C’est le seul moyen de découvrir la marque qu’elle porte sur le corps afin de l’épouser et d’arrêter le massacre.

    Le bijoutier ne se fit pas prier plus longtemps et se mit à l’ouvrage. Il fabriqua une magnifique gazelle d’or de grande taille dont l’abdomen creux était doté d’une porte secrète. Cette prodigieuse et inestimable œuvre d’art ne pouvait être acquise que par le roi qui en fit cadeau à sa fille. Avant de la livrer, ainsi qu’il en avait été convenu, le bijoutier y enferma le prince. La gazelle, fut déposée dans la chambre de la princesse qui voulait l’admirer tout à son aise.

    Voilà comment, dès la première nuit, le prince activa l’astucieux mécanisme et sortit du ventre de la gazelle. Alors que la princesse dormait profondément, à pas de velours, il saisit la chandelle qui se trouvait sur le chevet, l’éteignit, et la déposa sur un guéridon au pied du lit. Dès le réveil, la princesse remarqua que la chandelle avait été déplacée. Et plus surprenant, elle ne s’était pas consumée. Intriguée, elle mena une discrète enquête auprès de ses servantes mais sans résultat. La nuit suivante, elle se cacha derrière les rideaux de sa fenêtre pour confondre un éventuel intrus mais elle céda rapidement au sommeil. Le prince en profita pour répéter son manège de la veille. La princesse sentit sourdre en elle une angoisse infinie. Elle tenta de veiller sans y parvenir. Après la troisième nuit, convaincue qu’il s’agissait d’une manifestation de l’invisible, elle implora :
    - Ô toi qui perturbes mon sommeil, qui que tu sois, Djinn ou humain, montre-toi !
    - Fais-moi serment sacré de ne révéler ma présence à personne et je te dirai toute la vérité, répondit une voix étouffée.

    La princesse sursauta, se reprit, et fit serment. Alors, le ventre de la gazelle s’ouvrit et le prince apparut, majestueux. Il se présenta selon les coutumes de son rang :
    - Ô merveilleuse princesse, ne crains rien, je suis fils de roi et je ne te veux aucun mal. J’ai risqué ma vie pour venir jusqu’ici. Fais-moi la faveur de me révéler le secret de ta marque de naissance et j’irai demander ta main.

    La surprise passée, le visage de la jeune fille s’illumina et elle s’exclama :
    - Ô noble étranger, ton courage m’honore et une parole donnée relève du sacré.

    Et, joignant le geste à la parole, elle découvrit son épaule. Il ne restait plus au prince qu’à quitter le palais comme il y était entré. Il eut l’idée ingénieuse de briser une patte de la gazelle avant de s’y cacher. La princesse, devenue sa complice, exigea qu’on la portât chez le bijoutier pour la réparer.

    Le lendemain, richement vêtu et portant les armures et les écussons de son royaume, le prince se présenta au sultan et lui demanda la main de sa fille. Le monarque le mit en garde :
    - Ignorez-vous les conditions, mon ami ? Si vous échouez, à tout jamais votre crâne sera le centième à orner mes remparts.

    Le prince, impassible, répondit :
    - Sire ! J’ai la solution à votre énigme. Sur l’épaule droite de la princesse, poussent un long cheveu noir, un long cheveu d’or et un long cheveu d’argent.

    Le sultan n’eut d’autre choix que d’accorder la main de sa fille à ce prétendant si avisé. Une grande cérémonie fut organisée. On y célébra à la fois le mariage et la fin de cette cruelle épreuve. En guise de dot, la princesse n’emporta que la gazelle d’or.

     ______________________________________

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas 


    1 commentaire
  •   

     

     C'est ma vie

     


    La nomade de Ouled Djellal

     

    Blog de ghadames : ghadames, La nomade de Ouled Djellal

     

    Le visage brûlé par le soleil, Messaouda, la vingtaine à peine entamée, accueille son invitée avec des yeux pétillants de joie. C’est sous sa tente plantée dans l’immense étendue steppique où elle est née et qu’elle n’a jamais quittée qu’elle reçoit ces exceptionnelles visiteuses venues d’ailleurs. Ce jour-là, la nomade a décidé de se faire belle. Elle voulait ressembler à ces femmes de la ville.

     

     

    http://ds3.ds.static.rtbf.be/article/image/624x351/e/5/b/fb62980de18b76fadcbca4e0674b1c91-1317275755.jpg

     

     Le gîte qui abrite sa famille composée de plus de quinze personnes
    a été érigé il y a un an. Le froid rude de l’hiver et la chaleur accablante
    de l’été, elles en ont fait leurs alliés. Ils y puisent leur courage et
    leur endurance.
    Messaouda est née sous la tente, tout comme ses huit frères,
    quelque part dans ce Sahara à plus d’une centaine de kilomètres
    de Ouled Djellal, dans la wilaya de Biskra. Les femmes qui occupent
    la maisonnée faite de tapis en poils de chèvre ne quittent pas leur bivouac.
    Pendant que les hommes font paître leurs troupeaux de moutons,
    dont la race fait leur fierté, celles-ci s’occupent du «ménage» et de
    la restauration de leurs hommes. Messaouda n’a jamais vu un autre
    paysage que celui des vastes espaces arides où il pleut rarement.
    Ses souvenirs se limitent à ses incessants déplacements à l’affût
    de pâturage. La ville, elle ne connaît pas, elle n’a jamais vu ;
    même pas Ouled Djellal qui se situe au-delà de l’horizon

     

    Blog de ghadames : ghadames, La nomade de Ouled Djellal

    .
    Depuis son adolescence, elle caresse le rêve de voir le goudron,
    le béton, les belles maisons, les immeubles, les gens qui grouillent.
    La seule jolie robe longue qu’elle possède et qu’elle cache jalousement
    pour l’exhiber les jours d’exception, c’est son frère qui la lui a
    rapportée de la ville.
    «Le tube de rouge à lèvres et le fard à joue c’est une journaliste de
    passage pour un reportage qui me les a offerts. J’en prends soin comme
    la prunelle de mes yeux.»  Elle cache aussi soigneusement une revue, et,
    dans ses moments d’évasion, se délecte de ses belles images qui illustrent
    la vie moderne. Elle en feuillette les pages et rêve du jour où elle quitterait
    sa steppe. Ses hôtes sont bombardées de questions à propos de la vie,
    la- bas, dans la ville. «C’est magnifique, il y a de grands bâtiments,
    de vastes avenues, des voitures, et la nuit, les lumières brillent ;
    et puis il y a la mer. Les filles sont belles, elles portent de jolies tenues.»
    Elle se cache le visage, affiche un sourire et lance d’une voix à peine audible :
     «Et les garçons, ils sont beaux ?» Messaouda, cette belle brune aux
    grands yeux noisette, aux traits fins, emmitouflée dans ses vêtements
    ne laisse rien transparaître de son corps mince et élancé, sauf ses pieds.
    Elle se déplace avec agilité sur cette terre rugueuse qu’elle ne sent
    presque plus. Sa mère ne cache pas sa tristesse en évoquant sa vie
    de nomade. Elle peut se confier, car les hommes sont loin, et puis
    les invités sont des étrangers qu’elle ne reverra peut-être jamais.
    «J’avais seize ans quand je me suis mariée, j’habitais un gourbi à
    Ouled Djellal, et mon mari, un nomade, m’a offert une tente pour
    m’abriter et ce désert comme unique paysage. Aujourd’hui, j’ai 45 ans et
    je suis toute ridée par le soleil et le froid. Je passe mon temps à me
    déplacer avec ma famille, ce n’est pas une vie. Mes enfants sont tous
    nés dans cette steppe, sauf le premier. J’avais 17 ans et je ne savais
    pas m’y prendre. Mon mari m’a emmenée dans une polyclinique à
    Ouled Djellal où j’ai accouché. Pour mes autres enfants, je me suis
    fait aider par ma belle-mère. Elle est morte à cent ans, c’était une
    accoucheuse réputée, et Dieu merci, cela s’est toujours bien passé.
    Messaouda est mon unique fille, pour rien au monde je ne voudrai
    qu’elle subisse le même sort. Jamais je ne la marierai à un nomade.»
    Messaouda acquiesce. «Je n’ai pas mis les pieds dans une école mais
    je me débrouille dans pas mal de choses. J’ai juré que le jour où je
    sortirai de ce fin fond du monde, j’apprendrai à lire et à écrire.
    Pour moi, le savoir est la seule façon de se libérer, de ne plus
    dépendre des autres, je veux dire surtout des hommes. Je me
    rappelle, j’avais tout juste dix ans, mon petit frère en avait cinq,
    il a failli mourir, mon père était absent et ma mère n’a pas su lui
    donner la bonne dose de médicament.
    Je ne voudrai pas reproduire les mêmes erreurs.»

     

    Etienne Dinet    

    Les jeunes filles vont danser

    Ce rythme champêtre plein d'enthousiasme est
    une ronde enchantée, une danse du bonheur

    Les mauvais jours sont terminés

    Et les jeunes filles vont danser.

    Mon bien-aimé, réponds à mon espoir

    J'aimerai croire

    Qu'ensemble nous vaincrons notre destin

    Que nous serons l'un pour l'autre,

    Le plus clair des miroirs.

    Les mauvais jours sont terminés

    Et les jeunes filles vont danser.

    Tu n'es pas mauvais garçon

    Et nos disputes n'ont pas lieu d'être.

    Je refuse les traditions surannées

    Et leur  hypocrisie.

    Les mauvais jours sont terminés

    Et les jeunes filles vont danser.

    Mon bien-aimé, réponds à mon désir

    Sois l'écho de mon cri

    Notre rencontre sera bonheur

    Et joie de vivre.

    Les mauvais jours sont terminés

    Et les jeunes filles vont danser.

    Djouhra ABOUDA

     

    -----------------------------------------------------------


    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas


    3 commentaires