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    Zaâf Abdelkader, la légende du Tour de France

    On l'appelait "le casseur de baraque"

     

    De 1950 à 1952, en pleine époque où le Tour de France se disputait par équipes nationales et régionales, les organisateurs avaient fait la place à une formation de coureurs licenciés en Afrique du Nord.

     

    Blog de ghadames : ghadames, Bonne et heureuse année 2016 

    A Zakaria, mon petit-fils qui pratique le cyclisme et que son Educateur dit que ce super-actif récèle de grandes potentialités en ce domaine, je lui recommande, en cas de Tour de France, d'éviter la mésaventure de son ainé ZAAF et de s'assurer qu'il ne se désaltère qu'avec de l'eau....Fais attention, Zakaria !

     

     

     

    La 13ième étape du Tour 1952 partait de Perpignan pour gagner Nîmes. Cagnard d’enfer sur un parcours tourmenté égrenant les vignobles du Midi Viticole. Deux larrons de l’équipe d’AFN (l’Algérie est alors française et le Tour se court par équipes nationales et régionales) Marcel Molinès et Abdelkader Zaaf attaquent et prennent une large avance : jusqu’à 16 minutes et leur échappée semblait les mener à joindre l’arrivée où la victoire se disputerait au sprint. Zaaf lâchait Molinès mais, « assoiffé, se saisissait d’un bidon tendu par un spectateur. Malheureusement pour lui celui-ci contenait du vin. Coup d’assommoir pour le coureur qui, après s’être désaltéré, légèrement titubant, reprenait son vélo et repartait en sens inverse. » C’est donc Marcel Molinès qui ralliait Nîmes en vainqueur avec 4 minutes 30 d’avance sur le peloton comprenant Stan Ockers et le futur vainqueur le suisse Ferdi Kubler.

    Légende que tout cela, la chaleur, la fatigue et surtout l’ingestion d’amphétamines Zaaf a été victime d'un malaise et il s'est écroulé au bord de la route. Des vignerons qui se trouvaient là l'ont adossé contre un platane (voir photo ci-dessus) et comme ils n'avaient pas d'eau sous la main l'ont aspergé avec du vin.

    De plus Zaaf en bon musulman pratiquant ne buvait pas de vin ça ne l'empêchait pas de poser avec un verre de St Raphael à la main). Ayant retrouvé ses esprits, ou presque, enfourchait son vélo mais repartait en sens inverse. L’organisation étant ce qu’elle était à cette époque, on ne sait trop comment il se retrouvait nez à nez avec la voiture-balai. Sans doute le peloton était passé devant son platane pendant son malaise. Il empestait la vinasse d’où cette histoire qui fit le bonheur des salles de rédaction. Bonne pioche, devenu populaire il fut invité  à de nombreux critériums d’après-Tour. Et comme en 1951 il s’octroyait la lanterne rouge du Tour Abdelkader Zaaf entrait dans la légende de celui-ci.

     

     

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    Janine Benoit  :

     El élixir de Miliana

    Je l'ai créé tout simplement parce que mon grand-père Gabriel Navarro était garde champêtre à Miliana. Il gardait les oliviers et les amandiers, en plus d’être rebouteux. À son retour de la Grande Guerre, où il avait été gazé et blessé, le maire du village lui avait offert ce poste, plus honorifique qu’efficace. Toute la journée il parcourait des kilomètres dans la montagne du Zaccar, en menaçant de sa canne, des chenapans qui courraient plus vite que lui. Et cela tout en récoltant les plantes que lui réclamait mon dragon de grand-mère.

    Elle, elle préparait, devant mon nez, sur la cuisinière à charbon, toute l’année, des potions et des baumes, pour tous les habitants des villages de 30km à la ronde. Sans compter les réveils en pleine nuit le plus souvent, pour aller accoucher une femme et déguster, le travail une fois fait, un bon bouillon de pot au feu. Un peu gras dans mon souvenir mais tellement bon….

    Voilà l’histoire de l’élixir de Miliana, village de mes grands -parents, fruit de recettes jalousement et secrètement gardées. C’est cette histoire familiale qui m’inspira une passion pour les plantes et les remèdes anciens, que je traque dans tous les pays que je visite depuis mes 15 ans. Ce jour – la j´avais aussi hérité de deux autres cahiers: un de recettes de pâtisserie et de confitures (ménagères) et un autre rempli d´anecdotes de ma famille, je devrais dire plutôt « de ma tribu » heureuses ou tristes, du siècle dernier.

    Retrouvez dans l´élixir de miliana une macération de 25 plantes dans du vin muscat et du miel : baies de genévrier, chiendent, thym, bourrache, sauge, pissenlit, bruyère, busserole, carvi, coriandre, maïs barbe, origan, piloselle, bouleau, reine des prés, badiane, bardane, artichaut, hamamélis, fumeterre, passiflore, romarin, prêle, ortie et boldo. Ayez la curiosité de regarder dans un livre sur les plantes toutes les vertus bénéfiques de ces 25 plantes.L´élixir de Miliana a pour effet :

     -de décalaminer les organes filtres (reins, foie, intestins, peau),

    - de stimuler et d´augmenter toutes les éliminations,

    - d´améliorer la fonction intestinale,

    - d´éviter les formations de calculs rénaux et de la vésicule biliaire,

    - d´évacuer les toxines et de rétablir toute votre santé en général.

     

    Miliana, la perle du Zaccar 

     qu'on appelait "Le Village Suisse"


    Images et senteurs du passé


    Chérifa Belabbas-Nabi,
    Professeur de français en retraite
      

    a dit à propos du Miliana de son enfance

     

     

    "... Ah Miliana ! Reverrais-je un jour ton beau visage ? Cette beauté qui hante mes souvenirs ? Quelqu’un pourra-t-il te redonner ton aspect, ton cachet ? Petite ville de mon enfance, je souffre pour toi ! Ah ! si je pouvais faire quelque chose, je le ferai, mais...

     

     

    Quelques rescapés connaissent partie

    de ces images anciennes de Miliana

    Sidi Ahmed Benyoucef, le Saint Patron de la ville de Miliana

     

    Tlemcen, Tlemcen, Tu serais Reine, N'étaient les Cerises, de Miliana

    (j'ai oublié la suite de ce poème sur Miliana et je n'ai pu trouver les belles affiches de la Fete des Cerises de l'imprimerie Bentabak, uniques en Algérie))

     

     

      Miliana - Porte du Zaccar

    S

    Statuette Jardin Public - Miliana

    Cinéma en plein air au Jardin Public de Miliana, une rareté en Algérie

     

    Soeurs blanches - anciennes infirmières à l'Hopital de Miliana

    Miliana, l'une des plus vieilles  sous-préfectures

     La Grande Cascade

    Le Haïk et le burnous dans actualité

    C'est là que résida Alphonse Daudet pour soins

    et écrire Milianah  et Tartarin de Tarascon

    La rue face au Lycée Ferroukhi porte son nom

     

    Piscine des Belles Sources

    le Tramway-Miliana

    Jardin Public et Cité Nord - Miliana

    Brochette de Gens du Sport à Miliana

    Piscine. C'est là que résidait  Si Aïssa Khelifa et sa famille

    Infirmerie (?) des Mines du Zaccar à Miliana

    Photo de Merouane Subaquatique.

    Musée de la manufacture d'armes de l'Emir Abdelkader

     

     

     

    Résultat de recherche d'images pour "Licence sportive universitaire-CHERCHALI Kamel" 

     

     

    Résultat de recherche d'images pour "Licence sportive universitaire-CHERCHALI Kamel"

    dont le fils Rédha est Docteur en médecine du sport en France

     

     

    Un bouquet de Gens du sport à Miliana:supporters, joueurs, dirigeants, entraineurs,président, foot,basket,boxe,

    Ain N'Sour, station de ski


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    Les alliés de la France, ennemis de la révolution de libération nationale, publiquement connus par «les Harkis», ont rédigé une pétition sur leur site officiel «Mon Harki», pour le respect des engagements du président français François Hollande. Ces derniers ont revendiqué que le président Hollande valorise leurs sacrifices et leurs  souffrance après que la France les ait abandonné une fois qu'elle a quitté l’Algérie en 1962. Ces derniers prétendent avoir même été désarmés et abandonnés, suppliciés et massacrés.
    Le site a même relayé les promesses de Hollande avant qu’il ne soit élu président en 2012, lorsqu’il a promis s’il était élu, de reconnaitre publiquement les responsabilités du gouvernement français dans l’abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie, et les conditions d’accueil des familles transférées dans
    des camps en France.
    Selon la même pétition, il avait dit en outre son intention d’assurer aux harkis et à leurs descendants la reconnaissance de la République. Les harkis n’ont pas manqué a évoqué la journée nationale d’hommage en 2001 qui commémore l’engagement de ces derniers pendant la guerre d’Algérie, lorsque l’ancien président Jaques Chirac a reconnu pour la première fois que la France avant une dette d’honneur vis-à-vis des musulmans.
    A cet effet, l’Etat française devra reconnaitre sa responsabilité dans l’échec de leur insertion dans la communauté française et réparer les victimes dont ils ont été
    victimes .

    Afficher l'image d'origine

    Le Bachaga Boualam

     

    Le Bachaga BOUALAM est la figure emblématique des Français musulmans et des Harkis fidèles à la France. Le Bachaga BOUALAM était un officier français combattant de 1939-45, Commandeur de la Légion d'Honneur, député et vice-président de l'Assemblée nationale de 1958 à 1962, symbole du combat pour que Vérité et Justice soit rendu aux Harkis et à leurs familles.

    Bachaga Boualam

    Il y a cinquante ans, le 10 décembre 1958, le Bachaga Saïd BOUALAM, député d'Algérie, était élu vice-président de l'Assemblée nationale. A la suite des événements du 13 mai 1958, cette élection concrétisait l'union de la France et de l'Algérie que le nouveau gouvernement du général De Gaulle voulait traduire dans des symboles visibles. C'est donc en tenue de Bachaga, que le vice-président Saïd BOUALAM présidera durant 4 ans les séances des députés français parmis lesquels 71 députés d'Algérie, dont 45 Français musulmans, représentant nos 15 départements algériens. La famille du Bachaga Boualam pour rester française payera un lourd tribut : 17 membres assassinés, dont le frère du Bachaga et son fils Abdelkader.

    Les Harkis

    Le journaliste et historien Pierre Daum s'est penché sur ce sujet délicat et en a tiré un livre essentiel, Le dernier tabou : les « harkis » restés en Algérie après l'indépendance, qui vient de paraître chez Actes Sud. Mêlant une analyse historique pointue qui s'évertue à déconstruire de nombreux mythes entourant les harkis – notamment celui de leur « massacre » présumé en 1962 – et des témoignages d'Algériens recueillis sur place, Pierre Daum prouve que tout n'a pas encore été dit au sujet de la guerre d'Algérie.

     

     

    Cinquante ans dans l’ombre de l’histoire

     

    Afficher l'image d'origine

    Enquête sur ces harkis restés en Algérie

    Abandonnés par le gouvernement français, des milliers de supplétifs de l’armée furent assassinés dans les mois qui suivirent l’indépendance. Pourtant, la plupart des harkis continuèrent à vivre en Algérie avec leurs familles. Depuis cinquante ans, ces témoins d’une histoire coloniale plus compliquée que les schémas acceptés sur les deux rives de la Méditerranée sont victimes d’une relégation sociale quasi institutionnalisée.

    par Pierre Daum  - Le Monde diplomatique

    Aperçu

    Tlemcen, à l’extrême nord-ouest de l’Algérie. Nous quittons la ville en direction du sud. La route s’élève rapidement, puis grimpe en lacets, entourée de somptueux paysages de montagne. Ici ou là, on traverse des villages agrippés à la roche. Ils abritent des familles dont la vie, organisée autour d’un lopin de terre et de quelques bêtes, a peu changé depuis un demi-siècle. Seuls éléments de modernité dans ce paysage aride du djebel : le téléphone portable, la parabole pour les postes de télévision et les parpaings de béton gris des nouvelles maisons. Nous arrivons à Beni Bahdel, un village situé à une quarantaine de kilomètres de Tlemcen, connu pour son immense barrage construit à l’époque des « Français ».

    A 79 ans, M. Abderrahmane Snoussi continue de vivre de ses quelques chèvres, qu’il emmène paître chaque matin sur le terrain familial, dans les hauteurs. Harki de 1959 à 1962, le vieil homme accepte pour la première fois de parler de son passé avec un journaliste.

    « Les Français avaient installé ici un poste très important, avec au moins huit cents soldats. Mon père, qui avait fait la seconde guerre mondiale, leur servait d’interprète. Le FLN [Front de libération nationale] l’a assassiné en 1955, j’avais 19 ans. Quatre ans plus tard, les soldats français sont venus chez moi. Ils ont pris ma femme, et ils m’ont dit de venir travailler avec eux, sinon ils toucheraient à ma femme. C’est comme ça que je suis devenu harki. »

    Parmi les soldats se trouvait le sous-officier Pierre Couette, un appelé originaire de la région parisienne. Dans les nombreuses lettres qu’il envoya à ses parents, le jeune homme, profondément catholique, a décrit toutes les « humiliations » et les « oppressions inutiles » que subit la population locale. Et aussi le recours systématique à la « baignoire » et à la « gégène », des « tortures » pratiquées par l’officier de renseignement du deuxième bureau de Beni Bahdel, à l’encontre des moudjahidin arrêtés, de leurs femmes et de toutes les personnes (...)

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    La noble culture du champignon

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    Milianaville (du nom d'un de ses sites et l'un de mes garçons ) et son ami ont assisté à la cueillette de champignons dans les tunnels-galeries des anciennes mines du Zaccar. Miliana se trouve sur les flancs du Zaccar, au bas de ces galeries propices à la culture du champignon en raison surtout de leur température ambiante . Vous verrez donc ci-après la première récolte de ce noble légume en ces lieux .

    Les mineurs de Miliana ont été de toutes les luttes,                                                                          qu'elles soient syndicales ou pour le combat libérateur.

    Ateliers et services des Mines du Zaccar


     

    Miliana avait son petit train de voyageurs vers la gare d'Adélia

    Ici se déversaient les wagonnets de minerai


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    Miliana abritait aussi une Ecole des Mines d'envergure internationale où ont été formés Algériens, Français, Sénégalais, Mauritaniens Congolais, Marocains, Africains d'autres pays,  avec des enseignants venus d'autres continents.
    Un enseignement de qualité y était pratiqué se rapportant à tout ce qui avait rapport aux mines et aux recherches minières: géologie, cartographie, topographie etc.
    Lors de sa destruction durant les annés noires du pays, tout le matériel d'équipement a été emporté, des ordinateurs jusqu'à la literie.

    Miliana méritait qu'on relance son Ecole des Mines, ce qui n'a pas été fait. Mieux, elle a été transférée ailleurs...aveugles qu'ils sont.

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    MilanaVille vous fait découvrir les entrailles de la chaîne du Zaccar. Autrefois exploité par l'occupant, le minerai de fer était acheminé vers les usines françaiseset en Angleterre. On parle même de notre minerai pour la construction de  la Tour Eiffel où une plaque l'attesterait.

    La SONAREM a repris la gestion des carrières /gisements après l'indépendance. A la fin des années 70, les derniers bâtons de dynamite retentirent avant que les gisements soient définitivement fermés.


    Milianaville connait quelques galeries. Il fait souvent des prospections pour retracer les durs moments qu'ont connus nos mineurs. Des tunnels longs de plusieurs kilomètres, des labyrinthes interminables reliés entre eux.

    MilianaVille essaiera dans le futur de vous filmer une visite complète (compilée). Attention au noir et au filet de vent. On entend parfois des ruissellements, des cracs et quand on a de la chance,, des chauves-souris !

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    Les premiers champignons apparaissent dans le tunnel .. je voulais partager avec vous les premiers champignons que j'ai eu le plaisir de prendre en photos ...La photo date d'hier vers 17 heures sur les hauteurs du Zaccar

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    Deux tailleurs de pierre rencontrés lors de ma promenade ...

    Si Djilali à droite et Missoum à gauche

     

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    A la sortie d'un des tunnels.. long de quelques kilomètres. Les rayons du soleil m'éblouissent et je compris alors que la vie m'attendait bel et bien dehors... je repense déjà à une prochaine expédition !!


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     Commentaires

    Midjou mar. 29 juin 2010 12:48
    Bonjour
    Je vous manifeste mes vives reconnaissances pour cet article sur les champignons à Miliana. Par concours de circonstances et sans avoir la moindre information sur votre adresse, je suis charmé par cette culture dont je viens de publier un article du même genre au blog de Sugabaris.Skyrock.com que je vous demande de visiter. salutations fraternelles
    • plaizir mar. 16 juin 2009 09:16
      riches en tout , documents, comentaires, photos, images !!! demande une seconde lecture ! Bises et @+ Daph
    • automathing sam. 13 juin 2009 23:06
      beaucoup de villes ont des noms qui ressemblent à des poèmes ou à des prénoms rares. Miliana par exemple devrait être chantée en fin de nuit dans une mélopée pleine de note langoureuses pour appeler l'aurore lorsque la nuit s'achève
    • automathing ven. 12 juin 2009 13:41
      Mais c'est carrément un grand reportage sous-terrain avec un intérêt didactique évident...On dirait que vous avez à votre disposition des centaines de sujets...que vous avez presque l'embarras du choix...

     

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    Avec notre ami Lazhari LABTER, le rescapé  Résultat de recherche d'images pour "Lazhari Labter" nous n'oublions pas...

    MSL LAMARA et mon frère Ahmed étaient journalistes à l'APS et ont exercé leur métier comme toute la Corporation envers et contre tout pour notre information. Merci à tous les Journalistes. Voir aussi les derniers intants de Ali la Pointe http://www2.horizons-dz.com/?Naitre-et-mourir-pour-la-liberte

     

     

    L'attentat terroriste à la voiture piégée :

    Il y a 20 ans, la presse frappée au cœur           

    Par Mustapha Benfodil   

     
	Les alentours de la Maison de la presse, quelques instants après l’explosion du véhicule piégé,  le 11 février 1996

    Dimanche 11 février 1996. 21e jour du Ramadhan. Il est un peu plus de 15h. Un fourgon Master explose aux abords de la Maison de la presse Tahar Djaout, à l’orée du quartier populaire de Belcourt, pulvérisant tout sur son passage 

    La déflagration a l’effet d’un séisme de magnitude 9 sur l’échelle de la terreur. Dar Essahafa, cible désignée des terroristes, est sévèrement touchée, de même que les immeubles et les commerces alentour. Un premier bilan fait état de 18 morts, chiffre qui sera rapidement revu à la hausse. La majorité des victimes sont à déplorer parmi les automobilistes et les passants qui étaient à proximité de la voiture piégée, à une heure où le trafic est particulièrement dense. A l’intérieur de la Maison de la presse, un spectacle de guerre. Des scènes de fin du monde. «On avait l’impression d’avoir survécu à un tremblement de terre ou bien à un bombardement», écrivait Omar Belhouchet dans El Watan du lendemain.

    Le Soir d’Algérie est sans doute celui qui a le plus accusé le coup : ses locaux sont quasiment réduits en poussière par le souffle de l’explosion. Dans la foulée, le grand journal populaire du soir perdait trois de ses piliers, retirés douloureusement des décombres : Allaoua Aït Mebarek, directeur de la rédaction, Mohamed Dorbhan, alias Tewfik Dahmani, chroniqueur, et Djamel Derraza, cruciverbiste, animateur de la page «Détente», très appréciée par les lecteurs.

    Allaoua, Mohamed Et Djamel Rejoignent Yasmina

    Ils rejoignaient Yasmina Drissi, correctrice dans le même quotidien, assassinée à Rouiba le 12 juillet 1994. D’ailleurs, en pénétrant dans les locaux du Soir d’Algérie aujourd’hui, c’est le portrait de Yasmina qui vous reçoit en premier, trônant en haut du long couloir transversal qui relie la salle de rédaction à la PAO. Le portrait de Yasmina Drissi est escorté par ceux des trois autres martyrs du journal. L’émotion ne manque pas de nous submerger en les regardant.

    Outre Le Soir d’Algérie, les autres journaux domiciliés à La Maison de la presse ont tous eu leur lot de dégâts : Alger-Républicain, Le Matin, L’Opinion… C’est l’apocalypse. Depuis l’assassinat de Tahar Djaout le 26 mai 1993, la liste des journalistes ciblés par la furie meurtrière du GIA et consorts ne faisait que s’allonger, atteignant 76 journalistes et autres travailleurs des médias assassinés jusqu’à la veille de ce carnage, le dernier étant Abdallah Bouhachek, journaliste à l’hebdomadaire Révolution et Travail (l’organe de l’UGTA), assassiné le 10 février 1996 à Blida.

    Avec cet attentat, l’horreur franchissait un palier en s’engouffrant sauvagement dans les rédactions. Notons toutefois qu’il y avait eu un précédent avec l’attaque armée contre L’Hebdo Libéré – le journal du défunt Abderrahmane Mahmoudi – à la rue Ahcène Khemissa (ex-rue Hoche). C’était le 21 mars 1994. L’attaque avait fait deux morts, en l’occurrence Madjid Yacef, reporter-photographe, et Rachid Benhaddou, chauffeur.

    «Une Bombe ! C’est Une Bombe !»

    Dans son livre Journalistes algériens (1988-1998). Chronique des années d’espoir et de terreur (éditions Chihab, 2005), notre ami Lazhari Labter, alors journaliste à L’Opinion, livre son propre témoignage de ce «bloody Sunday». Extrait : «15h. Je ne comprends pas. Je sais seulement que quelque chose de terrible vient d’arriver.

    Un séisme, me dis-je en mon for intérieur. Tout se passe en une fraction de seconde. Les doigts croisés, je plaque mes mains sur ma tête de toutes mes forces et je plonge entre deux bureaux. Je ne comprends pas encore. J’ai seulement l’impression que le ciel m’est tombé sur la tête. J’entends des bruits de fracas, des cris et des hurlements. Au bout de quelques secondes, je me lève, hébété, seul dans un décor de cauchemar. Ce qui était un bureau il y a quelques secondes à peine, ressemble maintenant à un champ de ruines. Je ne réalise pas encore.

    Je sens sur mon visage et mes mains la chaleur moite du sang qui coule. Je pense toujours à un tremblement de terre, mais la réponse me vient du couloir où quelqu’un crie de toutes ses forces  : «UNE BOMBE ! C’EST UNE BOMBE !» (p. 168). Lazhari poursuit : «Dans l’étroit couloir encombré par les bureaux, les machines du telex et les gravats de toutes sortes, j’essaie péniblement de me frayer un passage vers la sortie. Au dehors, j’entends les hurlements, les cris, les pleurs. Une fois en bas, à l’extérieur, dans la cour de la Maison de la presse, un spectacle d’horreur digne des films d’épouvante s’offre à mes yeux éberlués.

    Des hommes et des femmes, hébétés, choqués, chancelants, titubants, errent dans tous les sens. Des cris hystériques se font entendre. Je jette un coup d’œil sur ce qui était quelques minutes auparavant mon bureau. Un saccage. Toutes les vitres ont volé en éclats. Les montants des fenêtres et des portes se sont descellés. Le plâtre, les planches, les gravats, recouvrent tout. Plus rien. Des blessés sont dirigés vers les voitures des volontaires rescapés. Du sang sur les visages, sur les mains. Les uns pleurent doucement, les autres gémissent. Comme des fantômes, beaucoup déambulent sans but précis. Quelqu’un me prend par la main : «Tu es blessé, il y a de la place dans cette voiture, va à l’hôpital !» «Non merci, je n’ai rien, ce n’est pas grave.»

    «Dorbhan est mort !»

    Dans la confusion et le chaos ambiants, toute l’attention est fixée sur les décombres qui fument et les corps tirés de la gueule de l’enfer.
    On s’accroche à la moindre lueur d’espoir jusqu’à ce que le verdict implacable du destin tombe. Lazhari est assommé d’apprendre : «Dorbhan est mort !» «La macabre nouvelle, l’incroyable nouvelle fait très vite le tour de la Maison de la presse.

    Personne ne veut y croire. Je ne veux pas y croire. Mohamed, mon ami, l’ami de tous, ne peut pas mourir. C’est une erreur, une méprise, ce n’est pas possible !» Les mauvaises nouvelles s’enchaînent à mesure que surgissent les noms des confrères, plutôt des frères, happés par la mort : «[…] Transféré à l’hôpital Mustapha Bacha, le corps de Allaoua est finalement identifié.

    La bombe a fait trois morts, trois journalistes du Soir d’Algérie, des dizaines de blessés plus ou moins graves et des dégâts matériels considérables. A l’extérieur, sur la rue Hassiba Ben Bouali, c’est pire. Un carnage. 18 citoyennes et citoyens morts, carbonisés dans leurs voitures, désintégrés par le souffle ou projetés violemment contre les murs. Parmi eux, Naïma Illoul, 22 ans, technicienne à la télévision algérienne», énumère, la mort dans l’âme, l’ancien chef du bureau d’Alger de la Fédération internationale des journalistes.

    «Il fallait impérativement que le journal sorte !»

    Le cœur serré, nous passons en revue la «collection» d’El Watan de l’époque, l’un des rares journaux en mesure de paraître. «CARNAGE à ALGER» titrait le journal en une. La manchette est accompagnée d’une photo de corps en lambeaux sur fond de champignon de fumée noire. Ce 12 février 1996, point de Soir d’Algérie dans les kiosques. Le Matin et L’Opinion manqueront également à leurs lecteurs. Ils font paraître chacun une page dans les journaux amis, pages confectionnées dans des conditions épiques, au milieu des décombres.
    Tous les journaux sinistrés tenaient ainsi à marquer le coup. Le message est clair  : signifier aux assassins qu’il n’était pas question de céder à la peur, à la panique, à l’abattement.

    Il ne fallait surtout pas laisser la place «sémantiquement» et «éditorialement» vide. Passée la sidération, l’action ! «J’ai réuni l’équipe, j’ai dit aux collègues : vous rentrez chez vous, vous mangez un morceau et vous revenez après le f’tour», témoigne Omar Belhouchet. Le directeur d’El Watan s’était rendu peu avant l’attentat à Blida pour assister à l’enterrement de Abdallah Bouhachek assassiné la veille, comme nous l’indiquions tantôt. «A mon retour, je découvre l’horreur. Tout un pan de mon bureau s’était effondré», confie M. Belhouchet.

    Malgré la violence du choc, l’émotion, la peur, la terreur, la destruction de notre outil de travail, oui, il fallait continuer, écrire, témoigner, créer. En un mot : résister ! «Nous avons travaillé dans des conditions très difficiles jusque tard dans la nuit. Le courant électrique était coupé. Plusieurs services ont été touchés. Il fallait impérativement que le journal sorte. Il fallait continuer le combat. Pas question d’abdiquer !» martèle M. Belhouchet qui garde un souvenir vivace du courage dont firent preuve les collègues femmes d’El Watan. «Après le f’tour, les trois quarts des membres du personnel qui étaient revenus c’étaient des femmes», tient-il à souligner en guise d’hommage.

    Mohamed Tahar Messaoudi, rédacteur en chef d’El Watan à l’époque, abonde dans le même sens : «Nos collègues femmes ont été extraordinaires de courage et d’abnégation. C’est quelque chose que je ne suis pas près d’oublier : malgré la peur, malgré le fait qu’elles avaient des responsabilités familiales, surtout en période de Ramadhan, elles ont laissé leur famille, elles ont bravé la terreur et sont revenues pour faire le journal. Nous avions bouclé très tard cette nuit-là, et elles sont restées jusqu’au bout !»

    «L’aventure intellectuelle» assassinée

    Quelques jours après l’attentat, un engin de travaux publics achevait de raser les derniers pans encore debout du Soir d’Algérie. Une page se tournait, s’arrachait brutalement, dans la jeune histoire du Soir, mais aussi de la presse post-88. C’est d’autant plus symbolique que le Soir d’Algérie fut le premier fleuron de cette nouvelle ère flamboyante et féroce. Le numéro «zéro» sortit de l’imprimerie le 3 septembre 1990. Fouad Boughanem, l’un de ses membres fondateurs, actuellement directeur de la publication du journal, se remémore avec tendresse de ces jours impétueux où les anciens journalistes du secteur public quittaient massivement leurs organes respectifs pour fonder leurs propres journaux.

    C’était l’âge d’or de ce que l’on appelait poétiquement «l’aventure intellectuelle». Le doyen de la presse indépendante avait été créé à l’initiative de cinq journalistes, majoritairement issus du quotidien Horizons : Zoubir Souissi, Fouad Boughanem, Maâmar Farah, Djamel Saïfi et Mohamed Bedrina. «Zoubir était à l’APS, mais faisait des chroniques à Horizons», précise M. Boughanem. A ses débuts, le journal était hébergé dans les locaux d’Astein, groupe informatique fondé par Mustapha Chaouche et basé à Birkhadem. «Quand nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure, nous n’étions pas préparés pour fonder une entreprise. Dans notre esprit, créer des journaux, c’était l’affaire des forces de l’argent.

    On nous disait qu’il fallait que le journal soit adossé à une entreprise. Mais la gestion, tenir une comptabilité, ce n’était pas notre truc», avoue Fouad Boughanem dans un sourire. Le directeur du Soir évoque, au passage, l’état d’esprit qui animait la rédaction en ces temps prométhéens : «Il y avait une belle euphorie à l’époque ! Il n’y avait pas de hiérarchisation. Il y avait une osmose au sein de l’équipe entre les anciens et les nouveaux. Celui qui avait trois minutes dans la profession était considéré au même titre que celui qui avait trente ans de métier.

    Nous étions tous journalistes. Il y avait de la passion, de la conviction, de l’adrénaline. Et face à l’adversité, il y avait beaucoup de solidarité.» Et voilà que tout partait en fumée en ce dimanche barbare. «Ce sont surtout les pertes humaines qui étaient les plus cruelles ! C’était terrible ! Avec Allaoua, Mohamed, Djamel, nous formions une famille. Nous avions des rapports très affectueux», soupire Fouad Boughanem.

    Du scotch sur la bouche pour accueillir Ouyahia

    Pour le directeur de la publication du Soir d’Algérie, il ne fait aucun doute que ce 11 février 1996, «on a voulu faire taire la presse, car elle était majoritairement anti-intégriste. C’est seulement après le 11 septembre qu’on a pris la mesure, en Occident, de la nature réelle de l’intégrisme. Avant, ils disaient : ‘‘oh, ce sont des règlements de comptes entre la presse et les islamistes’’. Maintenant, tout le monde sait qu’on a affaire à des gens sans foi ni loi».

    Devenue SDF, l’équipe du journal est hébergée provisoirement dans une salle contiguë à la rédaction d’El Watan. Un placard est publié dans la presse peu après l’Aïd : «En hommage à nos martyrs, pour répondre aux innombrables demandes de nos lecteurs, grâce à la solidarité de nos confrères et amis, grâce au courage de toute l’équipe du journal, Le Soir d’Algérie reparaîtra à partir de samedi 24 février 1996.»
    Chose promise, chose due : le 24 février, Le Soir retrouvait enfin ses lecteurs. Le 31 mars 1996, Ouyahia venait inaugurer les nouveaux locaux du journal, construits en préfabriqué.

    Il est reçu par des journalistes en colère, formant une chaîne humaine, un ruban de scotch sur la bouche pour dire leur indignation face à la précarité générale qui frappait la profession. «Vous en connaissez beaucoup de journalistes, aujourd’hui, capables de mettre du scotch sur leur bouche pour dénoncer leurs conditions de travail ?» s’interroge Fouad Boughanem, avant de lancer : «Les temps ont changé. C’est une question de mentalité. C’est peut-être la fin d’un cycle. Aujourd’hui, n’importe qui peut s’improviser journaliste. Il en est que vous pourriez acheter avec un simple téléphone portable. Il y a encore quelques journaux qui peuvent dire les choses, le reste est normalisé.»

    En regardant dans le rétroviseur et en contemplant les portraits de Yasmina, Allaoua, Mohamed, Djamel, qui semblent veiller affectueusement de là où ils sont sur la rédaction, Fouad Boughanem ne peut qu’éprouver un sentiment de fierté. La fierté du devoir accompli avec courage et humilité, même si le tribut payé fut très lourd. «Malgré tout, je peux dire que nous avons traversé la période du terrorisme avec un minimum de dignité», insiste-t-il. «Ce métier, on ne l’a pas trahi, on ne l’a pas traîné dans la boue. Nous avons fait notre travail avec honneur et patriotisme !»

    http://www.elwatan.com/actualite/un-salut-fraternel-a-mohamed-dorbhan-11-02-2016-314173_109.php

    http://www.elwatan.com/actualite/une-pensee-anarchiste-pour-allaoua-11-02-2016-314171_109.php

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