•  En prologue, en hommage aux Algériennes mère, soeur, fille                                                                                                           Fadila Saâdane naquit le 10 avril 1938 à Ksar El Boukhari. Dès l’âge de 16 ans, elle participa aux activités de l’Association de la jeunesse estudiantine musulmane de Constantine dominée par le PPA. Durant la révolution, Fadila Saâdane fut interpellée en compagnie du Dr Amor Bendali et tous furent incarcérés à la prison du Coudiat fin novembre 1956. Elle fut libérée fin 1957, autorisation lui fut accordée de poursuivre ses études, à condition de quitter le pays. Après l’obtention de son deuxième baccalauréat, elle partit début 1958, étudier en France à Clermont-Ferrand. De retour en Algérie, après la mort de sa soeur, elle intégra un commando de fidayine, ces fameux combattants des villes que la Bataille d’Alger rendit célèbres. Fadila Saâdane, membre de la logistique de l’OPA, fut affectée à la nahia 2, qui avait pour chef Saïd Rouag dit Si Amar, elle évolua donc dans le périmètre du centre-ville, en compagnie d’une autre femme fidaïa, Malika Bencheikh El Hocine.(…) Le 17 août 1960, le commando composé de 4 personnes, Amar Rouag, Fadila Saâdane, Malika Bencheikh El Hocine et Amar Kikaya, occupa une maison située rue Vieux. C’est dans cette bâtisse qu’ils se firent surprendre par l’armée française.(…) C’est lors de ce dernier affrontement avec l’armée colonialiste que Fadila Saâdane mourut les armes à la main. Ainsi s’acheva, à l’âge de 22 ans, l’itinéraire de la femme algérienne combattante que fut Fadila Saâdane

     Si Mohamed Kradra et mon frère Bachir, au retour d'une mission à Oran, firent escale à Miliana pour me rendre visite et nous passames une nuit de veille en discussions  tous sujets, ce qui me fit découvrir l'étendue de la culture de Si Mohamed Kradra...

    En souvenirde notre ami  Mohamed Kradra                                       qui nous a devancé au Paradis,Inchaâ Allah

     

    Le Petit Moujahed
    Souvenirs d’adolescence
    Mohamed Kradra     

         

    Adolescents et déjà dans la lutte de libération                                                                                                                                                                                                                      

    Chaque membre de notre clique était en soi un véritable phénomène de la nature, un cas rare unique en son genre, une véritable incarnation de l’exception exceptionnelle. Chacun de nous excellait dans l’élan patriotique et le balbutiement révolutionnaire précoce. L’ensemble de ces phénomènes humains, en fusionnant en symbiose, se sont conformément à toute logique métamorphosés en un phénomène phénoménal, qui se complétait en qualités et en vertus. Ils étaient pour la plupart malicieux, rusés, débordants d’improvisations spontanées et d’imagination.

    1. le groupe était chapoté par un de nos camarade, réputé meneur d’hommes, à défaut, meneur d’adolescents, eu égard à notre bas âge. Il était d’une malice hors pair, éloquent et subtil orateur. Il s’était auto- proclamé chef de Djemââ suite à notre accord tacite. Ses qualités nous impressionnaient et forçaient en nous l’admiration, le respect et la soumission.

    Notre valeureux chef se distinguait par des tics qui n’étaient pas des moindres. A l’instar de la majeure partie de la population, la crainte, l’insécurité et l’instinct de conservation l’ont pré-conditionné à un fréquent mouvement gauche-droite de la tête pour sécuriser et assurer ses arrières.

     Actions révolutionnaires entreprises

    Un couvre feu de 18h00 du soir à 6h00 du matin était imposé avec une rigueur (made in Gestapo). Un garagiste bien inspiré mit en œuvre une exceptionnelle trouvaille, fort bien lucrative et originale. Il confectionna un engin de torréfaction de cacahuètes, un engin géant, dont le fuselage ressemblait étrangement à une fusée spatiale interplanétaire, reposant sur un socle en forme de bac plein de charbon et de braise, en guise de four géant.

    Pour nous autres gamins et adolescents, fervents grignoteurs, l’achat quotidien de cacahuètes représentait une véritable aubaine, une gratification quotidienne bienvenue, peu méritée et difficilement consentie par nos parents qui avaient à gérer un très faible revenu. Notre inventeur et innovateur made in Laghouat devint en un temps record très riche et célèbre.

    Notre vice forcé ne manqua point de contaminer l’administration française et d’en faire parmi elle de véritables envieux et de fidèles accros du grignotage de cacahuètes, à l’instar de nos autres autochtones. Ils devinrent à leur tour des clients attitrés et de fidèles consommateurs. Nos retrouvailles quotidiennes avec eux chez le torréfacteur, contribuèrent pour une large part à modérer la tension et le rejet réciproque qui existaient entre nous et à instaurer une certaine complicité perceptible, empreinte d’une relative bienveillance, qui nous a valu par la suite dans la vie quotidienne une certaine indulgence et un certain laxisme modéré et complice à notre égard lors des rafles.

    Au service de la noble cause

    Après une longue période d’instauration du couvre feu, dont la rigueur et les résultats sécuritaires positifs avaient atteint leur apogée, se manifestant par une sensible accalmie et une diminution ostensible des attentats perpétrés par les combattants du FLN. L’armée française, amadouée par le regain d’accalmie et encouragée par les résultats positifs obtenus dans l’effort de sécurisation de la ville, relâcha sa rigueur et baissa sa garde, en réduisant ostensiblement le déploiement de ses troupes faisant partie du dispositif sécuritaire. Notre valeureux chef, dont la faculté d’observation était bien aiguisée, se rendit vite compte du changement de stratégie et de la réduction de l’effectif des troupes françaises de surveillance et de maintien de l’ordre, - oh qu’ai-je dis ?-, du maintien du désordre, devais-je dire. Serait-ce diffamatoire et discourtois que d’appeler les choses par leur nom ! Notre valeureux chef révolutionnaire convoqua notre Réunion. Il s’assura au préalable que notre voisinage était bien désert, ultime précaution oblige, avant de nous communiquer de prétendus ordres émanant du FLN. Et, ce sont ses propres termes, « ces ordres sont hautement confidentiels et de la plus haute importance dont dépend le sort de l’Algérie » nous dit-il en arborant une attitude digne des grands chefs révolutionnaires. Il nous fit signe de nous regrouper discrètement autour de lui, en restreignant le cercle et ce, tout en re-vérifiant que notre voisinage immédiat était désert. Il tourna la tête à gauche puis à droite, ultime précaution oblige, et nous informa dans les détails du changement opéré par l’armée française, et du relâchement sécuritaire qui prévalait de nuit durant le couvre feu. « En conséquence nous dis-il, on va opérer une recrudescence des actions de sabotage du réseau d’éclairage public, afin de permettre aux commandos FLN d’intensifier les attentats et les diverses actions de nature à affaiblir les forces françaises. » Pour ce, il nous ordonna de nous confectionner chacun sa tire boulettes traditionnelle et de prendre pour cible l’éclairage public, puis il nous proféra une avalanche de mises en garde et de menaces. « Je vous avertis, toute divulgation de ce secret sera considérée comme un acte de haute trahison qui exposera son auteur au déshonneur et à son positionnement sur la liste des traîtres de la nation. » Et il nous fit un clin d’œil gauche, qui pour nous avait une redoutable signification codée.

    Si tôt dit, si tôt fait. Notre action expéditive de brise ampoules fut exécutée de nuit, avec un tel acharnement et une telle efficacité qu’elle plongea les zones sensibles et stratégiques dans l’obscurité la plus opaque.

    Suite à notre action diabolique destructrice, la recrudescence des attentats et des actions de sabotage du FLN reprit de plus belle, en facilitant le déplacement de nuit des commandos du FLN, eu égard à l’opacité de l’obscurité qui enveloppait la ville

    On eut vent que notre action volontaire, improvisée par notre cerveau musclé de chef, avait bien été appréciée par le FLN. Leurs actions devenaient moins dangereuses et moins risquées. Au fur et à mesure que les services de la mairie procédaient au changement des ampoules, on réitérait le soir même le sabotage du même dispositif venant d’être réparé de jour. Cette stratégie de sabotage continu ne prit vraiment fin que lorsque les services de maintenance de la mairie, découragés, fatigués et lassés par le temps et l’usure, cessèrent de procéder à la maintenance du réseau d’éclairage public, faute de volonté suffisante et faute de rupture de stock d’ampoules spécifiques.

     

    Une deuxième action que notre intrépide de chef nous demanda de réaliser, était la crevaison systématique des roues de certains véhicules bien ciblés, appartenant à des enseignants pieds noirs, extrêmement racistes et malveillants à l’égard de nous autres élèves qu’ils qualifiaient de bicots. Notre vaillant chef nous enseigna une technique infaillible et inédite pour provoquer la crevaison des pneus quelque soit la consistance et la dureté de ces derniers, cette diabolique technique consistait à coincer des clous bien aiguisés et bien pointus entre le pneu et le sol, de manière à provoquer infailliblement la crevaison dès le démarrage du véhicule. Notre action de sabotage s’intensifia et affecta les mêmes cibles sur différents sites de stationnement localisés. Nous avions particulièrement bien gâté et bien choyé un enseignant raciste, l’unique possesseur d’une voiture PANHARD, qui eut la part du lion en nombre de crevaisons.

    Les propriétaires indélicats comprirent que les saboteurs leur en voulaient à mort, eu égard à leur comportement répréhensible et condamnable à notre adresse. Ils firent vite de rectifier le tir et de changer d’attitude et de comportement envers nous. L’ex-Bicot devint comme par enchantement Monsieur. A défaut d’une paix durable, ils attendaient de nous au moins une trêve jusqu'à la fin de l’année scolaire, afin de leur permettre une éventuelle mutation dans une autre localité.

     Une troisième action révolutionnaire fut programmée par notre vaillant chef. Elle consistait à adresser des lettres de menaces de mort, lettres dont le contenu aurait fait pâlir de peur et paniquer le plus audacieux des téméraires. On introduisait ces lettres sous les portes des maisons de certains collabos jugés extrêmement dangereux. Dans ces lettres, on les sommait de débrailler de la collaboration, sous risque d’être abattus par le FLN, quoi que notre action ne revête à vrai dire qu’un caractère bluffeur au lieu d’un rôle réel et exécutable, car on usait d’une imposture collective, au nom et à la place du FLN, au service de la noble cause Algérienne, alors que le FLN ne nous avait jamais commandité de telles actions.

    On usait également du même procédé de menace, dans un cadre imposteur, à l’encontre des consommateurs accros des stupéfiants et des boissons alcoolisés, quoi que nous n’ayons jamais été investis de cette mission par le FLN. Notre ardeur révolutionnaire nous avait dicté cette action volontaire en position d’imposture collective au service de la noble cause.

    Un jour, notre vaillant chef fut informé par un islamiste, foncièrement anti- drogue et anti-alcool, sur les retrouvailles quasi quotidiennes, dans un jardin, d’une mystérieuse clique qui s’adonnait sans commune mesure à la consommation et la délectation des stupéfiants. Si tôt informé, notre respectable chef convoqua toute notre clique à une réunion. Il nous ordonna de cibler ces drogués en organisant une descente surprise sur le jardin indiqué, pour terroriser les drogués et leur faire passer à jamais l’envie de recommencer.

    Pour ce faire, il ordonna au groupe de se doter chacun d’un Burnous ou d’une Cachabia et d’un morceau de branche de palmier (Kernafa) qu’on devait ostensiblement dissimuler sous le Burnous, afin de faire croire aux drogués que le mystérieux objet dissimulé était un fusil mitrailleur, arme prouvant que l’indésirable groupe intrus était bel et bien un commando du FLN.

    Après un haut les mains, extrêmement dur et sec, lancé solennellement à cette clique de drogués, sans aucun Salam alek, eux qui étaient en pleine méditation euphorique comme étant les véritables maîtres de la galaxie, d’un ton sec et extrêmement menaçant, notre audacieux chef leur fit d’abord un brin de moral sur un ton conciliant, sans doute pas assez convaincant. Ensuite il leur récita une prêche coranique des plus accablantes, assortie d’un ultimatum de mort, qu’il appuya à l’aide d’une avalanche de menaces. Le stratagème de notre chef eut raison de ces pseudos maîtres de l’espace interplanétaire. Sous l’effet d’une peur bleue et d’une panique extrême indescriptible, ils se mirent à supplier en cœur la clémence et le pardon de notre chef, tout en implorant la miséricorde divine, il ne leur manquait que le chef d’orchestre pour battre la mesure de leurs supplications et leurs lamentations. Ils jurèrent de ne plus jamais recommencer.

     Quelques jours après, une grande manifestation anti-française eu lieu à Laghouat. Notre clique au complet y participa, hélas un de nos camarades membre fut atteint par une balle qui le blessa grièvement, à la suite de laquelle il en succomba. C’était le dernier évènement que j’avais vécu en qualité de partisan, membre de la clique, et de révolutionnaire précoce en civil.

    Le décès de notre collègue, dans la rue des Héjajs, provoqua en moi l’ultime déclic décisif et final de maturité partisane révolutionnaire (fin 1960) à l’issue de laquelle j’avais rejoint le maquis en tant que maquisard combattant, évènement authentique fidèlement cité par mon cher ami Hadj Aissa, en me qualifiant à juste titre de petit Moujahid, dans le sens où j’avais rejoint le maquis très jeune, à un âge très précoce ne dépassant pas 16 ans. Je dirai le plus jeune maquisard de la Wilaya 6.

    Dans toute cette histoire, un détail qui n’en est pas un, un véritable message porteur d’une leçon de sagesse et de patriotisme, m’avait été prodigué par mon camarade grièvement blessé. Avant de décéder il me gratifia d’un merveilleux sourire Angélique, sourire plein de sens et de signification, porteur en soi d’une série de messages codés dont j’ai mis bien du temps à déchiffrer. Ce sourire était porteur d’une grande leçon d’héroïsme. A travers son sourire plein de sérénité, il semblait vouloir me dire « cher ami, faites en sorte que nos sacrifices pour que vive notre patrie libre et indépendante ne soient pas vains. Notre relève doit reprendre le flambeau, flambeau incarnant la continuité et la persévérance dans notre noble et héroïque révolution. Je suis très heureux d’être tombé au champ d’honneur, dans l’exercice de mon devoir et de la noble mission sacrée, pour que vive notre chère progéniture libre et indépendante. Courage !! Dieu est avec vous, il vous aidera, car il est pour les causes justes, il ne vous abandonnera point ».

    1. Je n’ai pu retenir une avalanche de larmes réfractaires à ma volonté. Ce fait provoqua profondément en moi le déclic décisif ultime de maturité révolutionnaire. Ce sourire hautement symbolique, dont je fus gratifié, contribua pour une large part dans ma décision de rejoindre le maquis, car il a réveillé et fait vibrer en moi, au plus profond de moi-même, des cordes sensibles somnolentes qui ont parachevé ma maturité, alors que j’étais immature. Puisse Dieu accorder à notre regretté chahid ZAKHROUF MOHAMED sa sainte miséricorde et l’accueillir en son vaste paradis.

    Je rends un vibrant hommage à tous nos valeureux révolutionnaires qui ont participé de près ou de loin, directement ou indirectement, sans distinction ni exception aucune, qu’ils soient maquisards, fidai, moussabel, partisans, enfin à tout le peuple Algérien qui a enduré héroïquement les dures contraintes et les dures épreuves, ainsi que tout le poids de la guerre d’indépendance. Cette révolution qui a fait parler d’elle dans le monde entier et qui a fait de notre chère patrie le Mecque des révolutionnaires de tous bords, de toute races et enfin de tout ce bas monde.

     Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas


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    Film documentaire intitulé                                                                                                                              Hier, aujourd’hui… et demain                                                                                             de Yasmine Chouikh 
    La jeunesse volée des moudjahidate...

     

     

    Produit par Baya Hachemi, Hier, aujourd’hui… et demain est un film documentaire non achevé. C’est ce qu’a tenu à expliquer, avant la projection, la réalisatrice Yasmine Chouikh. «C’est un documentaire non terminé qui n’est pas mixé. Soyez indulgents. C’est un documentaire qui se donne à suivre comme une histoire racontée autour d’un café. Mon souci était de réconcilier les jeunes avec leur histoire, en l’occurence avec la guerre d’Algérie.»Place ensuite à la projection de Hier, aujourd’hui… et demain. Il s’agit d’un documentaire sur les femmes dans le mouvement national à partir des années 40, et ce, jusqu’à l’indépendance.


    La réalisatrice, Yasmine Chouikh, a laissé libre cours à sa caméra en donnant la parole à une palette de moudjahidate qui ont embrassé la juste cause à la fleur de l’âge. Le film met, en effet, en scène des témoignages édifiants et poignants sur des figures féminines de proue de la révolution agérienne, qui ont risqué leur vie pour aider les compatriotes. Citons parmi ces dernières Lucette Hadj Ali, Ghania Chentouf, Nassima Hebellel, Leïla Benosman, Hassiba Benyellès, Baya Kahla, Houria Abid, Farida Belgambour et Hassina Abdelouaheb.

     

    Ces femmes courageuses, qui ont bravé la mort au quotidien, reviennent avec beaucoup d’émotion sur ces durs moments vécus au maquis en compagnie de leur frères. Lucette Hadj Ali reconnaît qu’elle a commencé à prendre conscience du système colonial quand elle est arrivée à Alger pour ses études universitaires.

    Elle s’est engagée assez tard en découvrant la chose à travers la misère des enfants dans la rue.«La femme algérienne a souffert de par toutes les fonctions qu’elle avait à subir.» Nassima Hebellel, qui a adhéré au nationalisme en 1956, rappelle que la femme algérienne était exclue du vote dans ce statut de l’Algérie. L’association des femmes algériennes avait justement réclamé le droit au vote. Elle se souvient qu’elle et ses compatriotes vendaient le journal Liberté en faisant du porte-à-porte chez les familles riches. L’essentiel était de récolter de l’argent pour subvenir aux besoins des frères. «Les hommes nous ont utilisées», dit-elle d’un ton ironique.

     Baya El Kahla (Toumya Laribi)

    Les femmes avaient également la lourde responsabilité de déposer les bombes un peu partout. Nassima Hebellel s’est faite arrêter le jour où elle devait passer son permis de conduire. Elle a subi les pires tortures, notamment avec les procédés de la gégène. «J’étais mieux traitée à la prison de Rennes. On ne peut pas pardonner pas aux tortionnaires. Cependant, il faut penser à un avenir meilleur pour nos enfants», esquisse-t-elle avec un sourire au coin des lèvres.

     

    Pour sa part, Hassiba Benyellès se remémore avec douleur de son expulsion de l’école à l’âge de 11 ans par l’un de ses professeurs. Son crime a été d’avoir proclamé la phrase suivante : «L’Algérie c’est l’Algérie». Elle a reçu deux gifles, suivies d’une expulsion définitive de l’école. «J’étais un garçon dans ma tête. Je cherchais à me venger. J’ai toujours voulu savoir ce qu’il y avait derrière les montagnes», confie-t-elle. Hassiba Benyellès avoue sans honte aucune qu’elle ne s’est jamais regardée devant une glace. A 13 ans, elle dormait dans les grottes. Elle se lavait les cheveux avec un détergent. Elle ne connaissait que rarement le sommeil.

    «Les maquisardes ne faisaient pas attention à leur féminité. On se nourrissait de fruits sauvages et d’autres choses de la nature. En dépit de tous ces moments de douleur, il y a eu tout de même des moments agréables. Le maquis n’est pas facile. Tu vois des choses affreuses. La seule personne qui peut se mettre dans ma peau, c’est celle qui a subi le même combat que moi», renchérit-elle.

    Arborant un regard triste, l’infirmière Kahla argue haut et fort que les moudjahidate, s’étant enrolées jeunes au cours de la Révolution, n’ont pas eu d’enfance. Leur enfance, c’était de libérer le pays avec honneur et bravoure. A l’âge de 17 ans, elle quitte le domicile familial pour rejoindre le front. «Les moudjahidate étaient torturées à mort. Aucune d’entre elles n’a dénoncé quiconque. Nous avons souffert le martyre, mais la liberté n’a pas de prix. Le plus beau jour de ma vie a été la proclamation de l’Indépendance.» «Mazal, on n’est pas encore indépendants», lance-t-elle.

    De son côté, Houria Abid ayant occupé un poste important dans l’administration, souligne qu’elle était en contact avec les moudjahidine blessés. Farida Benosman s’est engagée à l’âge de dix sept ans. Elle confie que très souvent, il leur arrivait de rester sous les bombardements pendant trois jours. La souffrance était indescriptible.

    En somme, ces témoignages croisés lèvent le voile sur le dur vécu de ces enfants et adolescentes d’autrefois qui, aujourd’hui, arborent 70 et 80 ans. Ces dames à la bravoure certaine ont, avec des mots simples et mesurés, éclairé les consciences actuelles. Comme l’a si bien souligné Yasmina Chouikh, sa démarche n’était pas de faire un film sur la Révolution algérienne : «Je ne suis ni historienne ni documentaliste mais simplement une réalisatrice qui s’est penchée sur le vécu de ses femmes, sur l’humain».

    Il est à noter que ces témoignages de femmes ont été rehaussés dans un premier temps par des archives piratées. Plusieurs séquences de La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo et de Hassen Terro ont servi de support.Même si Hier, aujourd’hui... et demain reste un film documentaire à peaufiner, il peut se targuer d’être un document de référence et de mémoire. L’émotion est très vive dans la totalité des séquences.Une des caractéristiques de la touche personnelle dans le volet cinéma de Yasmina Chouikh.

    Nacima Chabani


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  • Djamila et JacquesRésultat de recherche d'images pour "djamila bouhired et jacques vergès" 

    Djamila et Jacques 

     

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    Djamila Bouhired et Jacques Vergès 

    Quelle classe !

    Djamila Bouhired

    Djamila Bouhired reçu par l'ex-président égyptien, Djamel Abdenasser 

     

    Née à Alger dans une famille de classe moyenne d'un père algérien et d'une mère tunisienne, elle est scolarisée à l'école française. Elle rejoint le Front de libération nationale durant ses années étudiantes. Elle travaille plus tard comme officier de liaison, membre du « réseau bombes » et assistante personnelle de Yacef Saadi, chef de la Zone Autonome d'Alger pendant la bataille d'Alger. Elle dépose, le 30 septembre 1956, une bombe qui n'explose pas dans le hall du Maurétania. Elle recrute Djamila Bouazza qui dépose le 26 janvier suivant, dans le cadre d'une vague d'attentats, une bombe très meurtrière au café Coq Hardi.

    En avril 1957, elle est blessée dans une fusillade et capturée par la 4e compagnie du 9e régiment de Zouaves (cantonnée dans le palais Klein Basse Casbah). Elle est soupçonnée d'être une militante de la cause algérienne. Elle est torturée, inculpée et condamnée à mort pour attentat. Son exécution est stoppée par une campagne médiatique menée par Jacques Vergès et Georges Arnaud. Ils écrivent un manifeste, Pour Djamila Bouhired, publié la même année aux Éditions de Minuit. C'est, avec la Question d'Henri Alleg, l'un des manifestes qui alerte l'opinion publique sur les mauvais traitements et les tortures infligées par l'armée aux combattants algériens. Devant le tollé international soulevé par sa condamnation, elle est finalement graciée et libérée en 1962.

    Après sa libération, elle travaille avec Jacques Vergès — qu'elle épouse en 1965 — sur Révolution africaine, un magazine centré sur les révolutions nationalistes africaines. De son mariage avec Vergès, elle a eu deux enfants, Meriem et Liess Vergès.

    Djamila and Jaques 

    C'est une histoire qui mêle, une fois n'est pas coutume, l'amour et la justice. Lorsque l'avocat Jacques Vergès rencontre Djamila Bouhired, il a à peine 30 ans. Djamila a été arrêtée en 1957 par la 4e compagnie du 9e Zouave. Elle est soupçonnée d'être une militante du FLN et elle est inculpée puis condamnée à mort. «J'avais 30 ans lorsque j'arrivais à Alger et que j'ai rencontré pour la première fois Zohra Drif (militante du FLN), qui, au nom du parti, a sollicité mes services, afin de prendre en charge la défense de Djamila Bouhired qui a été capturée par l'armée française durant la bataille d'Alger» a expliqué Jvergès à barbet Schroeder dans son film « L'avocat de la Terreur ». Grâce à l'action de Jacques Vergès et à la campagne très médiatique qu'il lance avec George Arnaud, dont le manifeste « Pour Djamila Bouhired » qu'ils co-écrivent sera l'une des plus fortes expressions, Djamila n'est pas exécutée. C'est en fait davantage par voie de presse que dans le prétoire que se joue l'avenir de Djamila Bouhired. Il s'agit de convaincre l'opinion publique et Vergès y parvient parfaitement. Devant l'émotion internationale qu'a suscité la condamnation de Djamila (à l'image de la merveilleuse chanson que lui dédit la chanteuse libanaise Feirouz), les autorités françaises reculent et, finalement, en 1962, elle est graciée et libérée.

    Leur rencontre fut pour le meilleur et pour le pire enchevêtrée dans l'histoire de la libération de l'Algérie. «Si j'ai accepté ce dossier, a déclaré Vergès dans le film de Barbet Schroder, c'est parce que je comprenais la lutte algérienne, je vivais d'ailleurs dans l'obsession de cette affaire.» Pendant la détention de Djamila, ils n'affichèrent jamais leurs sentiments l'un pour l'autre et ce n'est qu'à sa libération, en 1962, qu'ils purent réellement démarrer une relation. Ils se marièrent en 1965 mais, après 7 ans de vie commune et deux enfants, ils se séparèrent. En 1970, l'appel du large, et de l'Histoire, fut plus fort pour Jacques Vergès. Il quitta Alger et, pendant environ dix ans, il disparut pour ainsi dire de la surface du monde.

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  •   L'hospitalité algérienne...

     

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    Des Sahariens vous invitent à prendre un verre de
    lagmi,
    qui n'est autre que la sève récoltée de palmiers
    devenus improductifs. C'est un nectar d'une douceur particulière,
    une boisson énivrante si on la laisse fermenter.
    Merveilleux breuvage des Dieux, riche en protéines, il se déguste frais

    et ensuite un thé

    dans l'une des oasis
    de notre beau pays

      

     

    La khaïma se dresse

    On y boit le thé, avec des arachides, 

    ce fameux thé à la menthe de trois verres

    Le rituel du thé (attaï) chez les Touareg  dans Coutumes & Traditions 1478885326-600x600

    Cuisine et cuisson du pain

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     Un adage dit :
    le premier thé est amer  comme la vie  »,
    le second est  fort comme l’amour  »
     et le troisième est doux comme la mort  ».

    Le Targui qui n’est point délicat pour son alimentation, se montre raffiné pour le thé. 
    Il distingue avec soin, en connaisseur, les différentes qualités et consacre à
    son achat une marge part de ses ressources.  Le chef targui Mohamed ne cache
    pas à Henri Lhote son enthousiasme pour le thé :
     « cette liqueur, vois-tu, c’est de l’or, elle réchauffe le coeur de mes vielles années.
    Crois-moi, je ne pourrais pas répondre à tes questions ou j’y  répondrais tout de travers,
    si je n’avais bu cet élixir, qui a le pouvoir d’éloigner les vapeurs, qui, autrement,
     tournent toujours autour de notre cerveau.
    Le thé, c’est la boisson des dieux qui
    délie les langues et ouvre les cœurs. »

     

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     Et nous ne manquerons pas d'eau
    avec cette  guerba, véritable frigo du désert
    en peau de chèvre contenant jusqu'à 40 litres et plus.
    La Guerba : à partir de la peau d'une chèvre,
    on fabrique une guerba. La peau doit être fermée
    avec une ouverture par le cou. Elle est tannée
    à la d'baga ,écorce de chêne qu'on réduit en poudre.
    Elle est imprégnée de gatrane, huile de cade.
     Elle garde toujours l'eau fraiche.
    La guerba est écologique, naturelle,
    propre et aseptisée grâce au gatrane, huile de cade
    qui donne un gout des plus agréables à l'eau.
    Hélas! Elle a tendance à se faire remplacer par le réfrigérateur.

    Eau que nous boirons à l'aide de la gnouna
    La gnouna est très connue .C'est un récipient
    fabriqué avec de l'alfa (halfa), plante herbacée
     en touffe qui pousse dans la région de Laghouat
    et dans les hauts plateaux.
    Elle est aussi imprégnée de gatrane, huile de carde.
    Elle est utilisée pour s'abreuver d'eau sans perdre
    de sa fraicheur ni surtout de son gout unique.

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  •  

     

    "Mais"

    Chez nous au lieu de positiver un commentaire, on ajoute presque toujours à la fin un mais...de critique.  C'est comme ce que disait un ami de mon frère quand ils disputaient une partie d'échecs de laquelle mon frère en sortait vainqueur :  "Ce n'est pas toi qui es fort mais c'est moi qui suis faible"                                    réduisant la victoire  " À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire "

    Et cette maladie semble inguérissable...                                                           Beaucoup d'entre nous connaissent mieux la Tunisie que cette belle Oasis qu'est l'Algérie. 

    Seriez-vous capable de situer ces lieux de chez vous ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     

     

     


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