• Yacef Saadi raconte la bataille d’Alger :                                                                                     « Ma rencontre avec Bitat Rabah »

    Depuis le démantèlement de l’Organisation secrète (O.S), le groupe des Six, qui mirent le feu aux poudres le 1er Novembre 1954, se rencontrait assez souvent chez Khechida Aissa dans son local situé rue Barberousse à la Casbah d’Alger. La plupart d’entre eux étaient recherchés par la police française.

     Par ailleurs Khechida Aissa avait à ses côtés son neveu, un jeune adolescent du nom d’Abdellah, natif d’Arris dans le grand massif des Aurès, à qui il apprenait le métier de tailleur. 

    Une semaine après le déclenchement, Abdallah, accompagné de Hamzaoui Mouloud un ancien de l’O.S vint me voir à notre boulangerie familiale. En se glissant entre les clients Abdallah me dit, à voix basse, que quelqu’un voudrait me voir. Il cherche un refuge. J’acquiesçai immédiatement de la tête. 

    Le lendemain après-midi, deux hommes se présentèrent à la boulangerie ; Hamzaoui et l’autre qui m’était inconnu. Ce devait être le fugitif me dis-je ? Il se présenta sous le nom de Si Mohamed. Mais derrière un prénom aussi répandu, la véritable identité était pratiquement impossible à déceler. 

    Connaissant Hamzaoui, j’avais confiance mais le mutisme de l’inconnu m’intriguait. Il était longiligne, misérablement vêtu et visiblement mal nourri. Hamzaoui fit les présentations et repartit. Moins d’une heure après, je l’installais confortablement chez moi, au 3 rue Abderames. Dans l’ambiance familiale, Bitat, alias Si Mohamed, se détendait. « Bien ! Lui dis-je, je crois qu’il est temps de m’expliquer ce qui se passe ». Et c’est ainsi qu’il se mit à narrer ses pérégrinations à travers la Mitidja et l’Atlas blidéen. éMais au fait, pourquoi la Mitidja ? ». « C’est parce-que lors de la répartition des tâches, des hangements de dernière minute sont intervenus ». 

    Didouche Mourad qui était tout indiqué pour commander la future Wilaya 4 préféra se faire affecter dans le Nord constantinois. Il y eut permutation. Et c’est ainsi que je me suis retrouvé dans l’Algérois. Tout devenait clair, le silence de Didouche Mourad s’expliquait parfaitement. 

    Dans la nuit du 31 octobre Bitat et Bouchaïb Ahmed eurent pour mission d’attaquer la caserne Blondon à Blida, avec l’espoir, l’effet de surprise aidant, de récupérer des armes. Mais ce soir-là, Khoudi Saïd , le sous-officier complice, qui devait assurer la permanence de garde n’était pas de service. L’attaque tourna au désastre et l’alerte fut donnée immédiatement. 

    De son côté, Ouamrane, assisté de Souidani Boudjemâa conduisait ses hommes, à l’assaut de la caserne de Boufarik. Après leurs raids respectifs, le groupe de Bitat et celui de Ouamrane devaient faire jonction à proximité de la station hivernale de Chréa pour faire le bilan. 

    Le repli s’est déroulé conformément au plan établi sauf que l’imprévisible était là. Bitat et ses hommes accrochèrent en route une compagnie de fantassins. Il y eut des blessés de chaque côté. Dès lors, il ne restait plus aux rescapés qu’à se disperser. Dans la confusion, Ouamrane et une quinzaine d’hommes reprirent le chemin de la Kabylie. 

    Quant à Bitat, après des détours, il réussissait à atteindre une maison aux environs de Champlain et se rendit à Alger. « Voilà toute l’histoire », conclut-il. 

    Sans rien laisser dans l’ombre, je lui fis, à mon tour, un compte rendu sur la station d’Alger, depuis le 12 octobre.Accessoirement, je lui signalais l’existence d’un groupe passablement armé prêt à rentrer en action. Puis, du fond d’une caissette je pris sept cent mille francs en gros billets de l’époque, toutes mes économies, pour les déposer sur une table basse. Cet argent pourra nous être très utile.  

    Les contacts 

     Voici comment fut rétabli le contact avec les membres des six. En effet la situation nécessitait le rétablissement de toutes les liaisons. Autrement dit, reprendre intégralement en main et réunir les conditions favorables à la réunion que le comité des six avait fixée courant janvier 1955 à Alger. De cette rencontre devait logiquement naître une stratégie adaptée à une lutte à long terme.

     À l’intersection de ces réflexions Souidani Boudjemaa détenait des renseignements concernant les lieux où on pouvait se trouver avec Larbi Ben M’hidi et Didouche Mourad. Il connaissait plusieurs boîtes aux lettres en Kabylie. Rabah Bitat n’avait sur lui que l’adresse de l’agent de liaison de Souidani Boudjemaa, du nom de Rabah Abdelkader qui jouera plus tard un rôle décisif dans le développement des maquis de la Mitidja. C’est grâce à ce dernier que j’ai pu rencontrer, une première fois seul Souidani et la seconde fois en compagnie de Bitat. 

    Une tentative en direction de la Kabylie par deux jeunes recrus Mustapha dit Amalphi et l’autre Bechkirou se solda par un demi-échec. Leur mission se termina à Mirabeau, un village situé à une dizaine de kilomètres de Tizi-Ouzou. Je confiai cependant un message à un intermédiaire en insistant sur l’importance de ma démarche. 

    En Oranie, j’avais chargé une recrue de mon groupe de réserve, Aidoune Amar, de retrouver la trace de El-Hakim « Ben M’hidi » aux confins (algéro-marocain). Son voyage se déroula sans difficultés. Mais c’est lorsqu’il dévoila la nature de sa démarche que sa présence dans la région prit une tournure suspecte. 

    Découragé, il fit demi-tour sans avoir compris ce qu’il lui arrivait. Deux échecs successifs ce n’était vraiment pas de chance. 

    Deux jours plus tard je refis le chemin inverse. À Maghnia, je pris contact avec Si Morsli, un quincailler de la ville, un homme qui sous une rassurante bonhomie donnait l’impression d’être très renseigné sur nos « affaires ». 

    Réconforté par la spontanéité de sa collaboration, je pris le lendemain le chemin de l’escalade, à travers les massifs montagneux en direction du Sud-Est pour atteindre en deux jours de marche, un point de chute distant d’environ quarante kilomètres. 

    À l’orée d’un bois, j’étais mis en présence de maquisards. Pour dégivrer l’atmosphère, je fus réduit à réciter tout ce que je savais sur le déclenchement, en invoquant des évènements et des noms de responsables. L’échec de Aidoune était encore vivace. Mais j’étais décidé à m’accrocher pour mener ma mission à son terme. 

    Vers minuit, l’un des maquisards me recommanda d’attendre dans le hameau. Tôt le matin du troisième jour, il réapparut en compagnie de Ben M’hidi qui me tendit une canne sur laquelle il s’appuyait, en m’indiquant qu’elle avait été creusée, au niveau du pommeau, d’un trou dans lequel il avait fiché un message à l’attention de Bitat. Je l’en remerciai et rebroussai chemins. 

    Fin février, je transmis à Bitat un message de Ben Moukhadem, un ancien de l’O.S (nouvellement recruté) lui signalant la présence d’Ouamrane qui venait assez souvent chez un ancien élément du P.P.A (Parti du peuple algérien) du nom de si Ouakli, un serrurier de la Casbah. Bitat se rendit à l’endroit indiqué pour surprendre l’adjoint de Krim Belkacem. Le lendemain, Ouamrane se rendit auprès de Krim pour lui relater ses retrouvailles. 

    Le jeu de cache-cache prit fin. Le lendemain Ouamrane se rendit chez Krim pour lui relater ses trouvailles. Ainsi fut rétabli le contact avec la zone 111 ; il ne nous restait plus qu’à aller chez le responsable kabyle au chemin Vauban près d’Hussein-Dey dans une épicerie qui leur servait fréquemment, à lui et à son adjoint, de point de ralliement. Dès lors notre maison, au 3 rue Abderames à la Casbah se transforma en .P.C, rayonnant sur la moitié des zones de combats. Mon départ pour Constantine (Condé Smendou) pour contacter Didouche Mourad fut annulé, on venait d’apprendre la mort glorieuse de ce membre des six. Quant à Mostapha Ben Boulaid, je n’ai pu le voir dans les Aurès, il venait d’être arrêté par la D.S.T. 

     

    Sur le même sujet :

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      Résultat de recherche d'images pour "lazhari labter"    Un extrait du livre

     Journaliste, poète et écrivain. Né à Laghouat (Sud algérien) en 1952. Vit et travaille à Alger où il assume la direction des éditions Alpha tout en développant sa propre maison d'édition, éditions Lazhari Labter, lancée en 2005. Il est l'auteur de :

    Novembre mon amour, poésie, Alger, 1978
    Florilège pour Yasmina, poésie, Alger, 1981.
    Journalistes algériens, entre le bâillon et les balles,
    témoignage, Editions l'Harmattan, Paris, 1995
    Yasmina ou les sept pierres de mon collier d'amour, poésie,
    Editions Barzakh, Alger, 2001
    Retour à Laghouat, mille ans après Beni Hilel,
    Editions El Ikhtilef, Alger, 2002
    Retour à Laghouat, mille ans après Beni Hilel (version arabe),
    Coédition El Ikhtilef-Dar El Farabi, Alger, 2002
    Le pied d'ébène de Bilkis sur le pavé de cristal, poésie,
    Editions El Ikhtilef, Alger, 2005
    Journalistes algériens 1988-1998 : chronique des années d'espoir et de terreur,
    Editions Chiheb, Alger, 2005
    Malika Mokeddem, à part, entière
    (Avec Malika Mokeddem)
    Editions Sedia, Alger, 2007

     Et à venir: Hizyia, Une bien belle histoire d'Amour

    dont nous attendons avec impatience la parution

     

    Tout comme mon ami Lazhari Labter, j'ai dû ,

    mais bien avant lui, faire des coudes

    pour prendre place en ce cinéma de notre enfance

    Plaça X

     

    Je me souviens que, tout comme j'aimais les « journous », j'adorais le cilima, le cinéma. Un mot magique dont l'évocation seule ouvrait la porte des rêves les plus beaux. Le cinéma existe toujours et porte le nom de M'zi, le fameux oued qui permit l'existence de la ville et d'où Fromentin la découvrit pour la première fois en 1853, un an après le saccage. C'était une grande bâtisse dotée d'une salle de projection et d'une grande cour où l'on passait les films en été. Il y avait de tout : des films de guerre américains, des westerns, des films policiers ou d'espionnage, et des peplums. J'aimais par-dessus tout ces derniers. Je plongeais avec délice dans le monde mystérieux et fascinant des héros, des dieux, des déesses, des demi-dieux et des demi-déesses sans me douter un instant que ces histoires incroyables auxquelles je croyais dur comme fer étaient sorties de l'imagination fertile d'un certain Homère dont, bien plus tard, je fis connaissance avec son Iliade et son Odyssée. Achille, Ajax, Hercule, Ulysse, Hélène, Zeus et tant d'autres alimentaient mes rêves d'aventures dans mon oasis où les seuls géants qui allaient à la conquête du ciel et s'enfonçaient dans les profondeurs de la terre étaient les majestueux palmiers dont mon père, héros à sa manière, extrayait, en grimpant au sommet de ces Olympes, le délicieux legmi et les bonnes dates nourricières.Pour accéder au cinéma, il fallait se battre. La séance du soir commençait à vingt heures. Le minuscule guichet derrière lequel le préposé délivrait les tickets pour le paradis était pris d'assaut dès l'ouverture, deux heures avant la projection. Il fallait jouer des coudes au milieu de la masse compacte de cinéphiles déchaînés. Beaucoup, comme moi, ne faisaient pas le poids. Au milieu de la chaleur étouffante, de la sueur insupportable, les pieds écrasés et les côtes enfoncées, tous, ignorant la douleur des coups et des piétinements, ne rêvaient que d'atteindre l'Eldorado : le petit trou carré où le ticket pour le bonheur leur serait délivré contre une somme modique. Les plus forts s'étaient spécialisés dans l'achat et la revente des précieux tickets aux plus chétifs dont je faisais partie. Le prix des places était fixé en fonction de l'emplacement des chaises. L'arrière, le milieu et l'avant, tout près de l'écran. La place de devant qui coûtait 20 centimes portait le nom de « plaça X ».Le plaisir de voir un film était assuré au prix d'un torticolis. Mais peu me chaulait, pourvu que j'eusse ma dose d'Ouest américain où pionniers et Indiens guerroyaient dans des paysages à couper le souffle, de Grèce antique où héros et monstres surgis des enfers s'affrontaient en des batailles épiques dans des mers ou des terres à leur mesure, dans des palais en carton pâte. Mais ça, je ne le savais pas encore. Tout comme je ne savais pas alors que les « héros » américains au visage pâle étaient des massacreurs de nations indiennes souveraines tout comme les Pélissier, les Bouscaren et les Randon, « héros » français, avaient massacré les habitants de ma ville en 1852, un siècle avant que je vienne au monde, et projeté de « raser la ville et d'en disperser les habitants ».La machine hollywoodienne à fabriquer des mythes tournait à plein régime et moi je ne pensais qu'à décrocher ma place X. C'est de ce temps sans doute que date mon aversion pour les places de devant au cinéma. Mais encore aujourd'hui, quand il m'arrive d'aller voir un film et que, bien installé au milieu de la salle, calé dans un siège confortable, je ne peux m'empêcher de penser avec nostalgie, en attendant les premières images du film, à ma place X gagnée de haute lutte.Extrait de La Cuillère et autres petits riens, ouvrage de monsieur Lazhari Labter à paraître aux Editions Lazhari Labter

    Le coeur perçoit ce que l'oeuil ne voit pas


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     On dit de vous...

     

    ~On dit de lui qu'il est le premier algérien écrivain.Mohamed ben si Ahmed ben Sidi Chérif (16 février 1879-21 mars 1921) était un fils de grande tente de la région de Djelfa Dans l'un de ses livres, on peut relever:                                                                             

    "Il parait, l'interrompt une jolie femme blonde, que chez vous, monsieur, on mange des sauterelles et qu’on fait sa prière sur les terrasses ! " - Qui vous a dit cela Madame ? - Mais je l’ai, je crois bien, lu dans Tartarin de Tarascon , - On prétend même, interroge une autre, que les arabes ont l’hospitalité si généreuse qu ils offrent tout…et, rougissant un peu, elle ajoute :même leurs femmes à l’hôte qui ils reçoivent….Pourtant vos femmes sont voilées et enfermées..

    -Vous ignorez tout de notre mentalité, les colons, qui exploitent mon pays font du sensationnel et déforment la réalité. Ils divisent mon peuple et lui inventent des fables. Nos épouses arabes, si on leur offrait de partager ce qui fait votre joie, madame, vos élans vers l’intellectualité masculine, votre souci constant et si charmant d’une vie plus active, plus agitée, elles vous répondraient que, seules suffisent à leur bonheur la satisfaction du mari et les joies de la famille.

     

    Miliana, la ville de tous mes bonheurs

    Son Saint Patron, Sidi Ahmed Benyoucef aurait dit :

    "Miliana, kharejha rabah, dakhelha rabeh"       =

    "Qu'on en parte ou qu'on y vienne, que du Bonheur!"

    J'y suis arrivé à 14 ans, que de la joie !

    Résultat de recherche d'images pour "Miliana, les belles sources"

     Milianaise, elle oublie de dire: à Miliana

     

     Mon ami, mon frère Mostefa Seridi

    En mars 1982, à l'occasion des vacances scolaires, en compagnie de mon épouse et de deux de nos enfants, Mohammed-Ali et Mérouane, encore en bas âge, nous fimes un voyage en Tunisie. On voyageait alors aussi pour faire quelques achats, les restrictions locales nous privant de pas mal d'articles et denrées. Les Algériens se retrouvaient donc en grand nombre dans les super-marchés et autres magasins tunisiens.

    Faisant une réflexion sur "les prix qui sont aussi élevés que chez nous", un couple voisin , des Algériens, se mêla à notre conversation et la sympathie aidant, nous continuames ensemble une balade à pied dans Tunis.

    - D'où êtes-vous?
    - De Miliana.
    - Et vous?
    De Guelma.

    Dieu m'avait donc mis en présence de guelmis susceptibles de me renseigner sur la famille de mon ami Mustapha.

    Et je formulais aussitôt ma question ainsi: "ça tombe bien que vous soyez de Guelma parce que ça fait des années que je cherche, sans succès, à retrouver la famille d'un ami devenu mon frère, tombé au champ d'honneur et je dispose de l'une de ses dernières photos que je voudrais remettre aux siens. Il s'appelait Mustapha SERIDI.

    - Ah! Mostefa, c'est mon frère" me dit la dame en se jetant à mon cou!
    - Oui, c'est son frère et mon cousin! renchérit le mari.

     

     L'oreille doseuse

     A midi, sous la Boutma, arbre centenaire sur les branches duquel pendaient de nombreux bouts de tissus attachés là en signe de voeux par des visiteuses car cet arbre était vénéré comme un "saint", nous nous mettions en rond autour du pôt de petit lait, notre matlouâ en main. Le pôt tournait et chacun en prenait une gorgée, aspirée fort bruyamment, avant de le passer au suivant.Cette gorgée de petit lait rejoignait un bout de galette préalablement embouché.
    Moi, "venant du collège où l'on apprend les bonnes manières",
    ma gorgée était toute silencieuse...
    Mal m'en prit et pas pour longtemps !
    "Hé, toi, fais-nous entendre ce que tu avales!"
    me lança mon oncle Ferhat, responsable de l'équité restauratrice.
    Je compris alors le pourquoi de cet ordre impératif !
    C'était la manière, le bruit d'aspiration aidant, de doser
    la gorgée de petit lait afin que personne ne boive plus que l'autre....

    Ainsi, je venais de découvrir l'Oreille Doseuse.. 

    Blog de ghadames : ghadames, L'oreille doseuse

     

    La clef

    Potache et interne au Collège, devenu Lycée Mustapha FERROUKHI, révolutionnaire décédé dans un accident d'avion en allant rejoindre son poste d'Ambassadeur de l'Algérie Combattante à PEKIN, je ne sais comment je m'étais débrouillé pour avoir la clef de la porte d'entrée principale du Lycée. Ainsi, chaque fois que possible, je m'esquivais pour des veillées en ville, particulièrement pendant le mois du jeûne.

    Et c'est ainsi qu'au retour d'une soirée ramdanesque, j'ai trouvé l'un de nos surveillants d'internat devant la porte du Lycée sonnant indéfiniment sans qu'on vienne lui ouvrir C'était Mr KACEDALI qui, l'indépendance du pays acquise, deviendra Proviseur de ce Lycée avant sa désignation comme Directeur de la prestigieuse Ecole Nationale d'Administration (ENA).

    Vite fait, je me dissimulais derrière l'un des platanes faisant face au Lycée, attendant que la voie se libère. Mais personne ne vint lui ouvrir. Au bout d'un long moment, je me suis présenté à Mr KACEDALI, lui disant par peur de punition, de consigne et surtout de perdre ma clef: "! Monsieur, je vous ouvre, mais vous ne m'avez jamais vu...!" pour m'entendre répondre: "Ouvre, mais tu ne m'as jamais vu et je ne t'ai jamais vu"... !!!
    Et c'est ainsi que nous sommes devenus tous les deux subitement aveugles aux portes de la Lumière et du Savoir

     

    Dis Papy !  C'est quoi être vieux ?     

    Être vieux vois-tu, c"est se lever le matin avec ses petites douleurs.
    Cest se dire souvent : il y a longtemps, avant …
    C'est ne plus parler que d'hier, comme si l'avenir n'était qu'un projet flou, irréalisable.                                    
    Mais tout ça n'est rien à côté du bonheur d'avoir à mes côtés mes petits enfants
    Hamza, Mériem, Rym, Abderrahim, Kenza, Maroua, Louiza et Zakaria.
    Que Dieu leur prête longue vie dans la santé et le bonheur
     Mohamed Hebboul

     

    Ma mère, ma maman
    gadames.eklablog.fr
    Mohamed Hebboul :Merci mon ami Lazhari Labter pour les cadeaux de tes écritures offerts à ma petite fille Meriem et moi-même qui revivrai grace à toi ma jeunesse durant laquelle ma grand'mère Chouikha et sa mère Nakhla - mon arrière grand'mère que j'ai eu la chance de connaitre- ne juraient que par Sidi Lazhari 'Ourass Bouzahra" et la rouina des Rahmaniates (un sujet fort intéressant pour l'écrivain que tu es qui te fera aller à Ksar-El-Hirane comme tu l'as fait du côté de Sétif pour Hizya dont j'attends avec impatience la parution - elle m'a toujours passionné-).Mes petits enfants bien que nés ailleurs sont tous laghouatis de coeur et Hadj Kaddour du Musée pourrait te raconter combien ils l'ont "malmené" lors d'une visite du musée où ils m'avaient demandé de les amener.Merci à lui pour le temps et la patience consacrès à ces gamins qui lui ont offert comme cadeau un livre de Hadj Kazi.Et sais-tu, Lazhari, que si Meriem suit des études médicales, c'est sur les conseils insistants de notre ami commun Mohamed Mahcen ? à qui je te demande de passer le bonjour .Moi, je me suis offert ce plaisir ...

     

    Recommandations

    Résultat de recherche d'images pour "peintures Dinet"

    (illustré par une peinture de Dinet)

    Mon grand-père Ahmed a laissé les recommandations suivantes

    à mon père encore adolescent avant de rendre l'âme :

    - Je laisse sous ta resonsabilité ta mère jusqu'à ce que tu l'enterres

    - Je laisse sous ta responsalité tes frères jumeaux Harzallah et Belgacem 

    jusqu'à ce que ton burnous et tes souliers leur iront,

    - Je laisse sous ta responsabilité tes soeurs Fatna et Hanina jusqu'à ce que tu les maries.

    Et il en fut ainsi...

     Et j'eus beaucoup de cousins

     

    Léon Tolstoï, Anna Karénine

    L'épouse, c'est bon pour le conseil ;
    la belle-mère,c'est bon pour l'accueil ;
    mais rien ne vaut une douce maman.

     Carl Gustav JUNG

    On ne peut voir la lumière sans l'ombre,
    on ne peut percevoir le silence sans le bruit,
    on ne peut atteindre la sagesse sans la folie.

    Raymond Devos

    Je suis adroit de la main gauche et 

    je suis gauche de la main droite.

     

    Photo de Mohamed Hebboul.
    Nous ne les oublions pas...
    Et j'étais parmi eux dont nombre furent
    mes jeunes joueurs de foot au SC Miliana (SCM)
    Lahoum Errahma
    Ya khwati cha3let ennar fi djbel Zaccar
    Dakhlouha chobbane sghar ya lali, ya lale
    Dja chikh El Farouzi bech isselekhoum...
    Ha sa3a tah m3ahoum Ya lali ya lale
    http://gadames.eklablog.fr/ a-leur-memoire-a127372568 ..

     

     

    Bouyarbou Youcef

    Oui ..malheureusement la lecture de toutes ces lignes et témoignages , me renvoient à cette fatidique nuit où tout à basculer.... Si je suis aujourd'hui encore en vie , c'est très sûrement graçe à l'intervention de Madame El-Foul ( Allah Yerhamha )qui est descendue à la cave où nous répétions en prévision de la soirée musicale du lendemain , pour nous aviser qu'un fo...urgon de police rodait dans la rue et que nous pouvions nous faire embarquer pour éteindre le feu dans la montagne ....Après avoir éteint nos instruments et les lumières chacun s'en est allé se mettre à l'abri...Malheureusement le destin s'acharna à lui enlever son plus jeune fils -Abderrahmane El-Foul- qui fut une des victimes de ce terrible drame ...... Allah Yerhamhoum ....et commémoration ou non ...ils resteront toujours dans nos coeurs .....car ce jour là ..impossible de l'oublier , et/ou de les oublier      L'accordoniste des WHAT'S

     

     

    C'est Sidi Ahmed Benyoucef, Saint Patron de Miliana  qui suggéra à son élève Sidi Naïl de fixer les siens du côté de Djelfa et de teindre en bandes rouges sa tente pour la distinguer des autres afin que ses visiteurs la reconnaissent.
     
     

    Une histoire vraie : L'allumette et le nafekh


    Quand l'ouïe et l'odorat suppléent les yeux.
    Si Lakhdar Laâma HEBBOUL, plus connu sous l'appellation de Lakhdar Laâma car non voyant, était le plus grand propriétaire immobilier de Laghouat. patrimoine dont se sont délestés pour sa plus grande part ses enfants et leurs héritiers et cousin de mon père qu'il employait dans sa grande ferme de la Maâmoura, à qui il lui arrivait de le faire assister à des discussions d'affaires et avis éventuels.



    Cette maâmoura que j'ai connue puisque nous y habitions chez Si Lakhdar Laâma, a été depuis complètement envahie par le béton
    Un jour d'hiver, autour d'un nafekh - brasero-, il reçut en la présence de mon père, un juif avec lequel il devait créer une association. 
    Au cours de leurs palabres, le juif claqua une allumette et Si Lakhdar Lama, aveugle donc, sentit l'odeur de la cigarette ainsi allumée.

    Immédiatent il mit fin aux discussions et donc à la future association d'avec ce juif en raison de ce que:

    - Ce juif, dit-il à mon père, doit être un gaspilleur !
    Sinon pourquoi ne pas avoir économisé une allumette alors qu'il pouvait allumer sa cigarette avec une braise du nafekh ?

    Une fortune se construit à partir de petits riens amassés !!!

     

     

    Isabelle EBERHARDT

     

       

    Une des rares écrivaines qui a suscité autant de controverses sur sa vie, son parcours, ses idées et ses rapports avec la société.

    Tout désarçonne chez cette femme: son jeune âge - elle est morte à 27 ans, emportée par la crue d'un oued à Ain Sefra -, ses déguisements en homme, ses prénoms masculins, sa maitrise de la langue arabe, son amour du Sahara, sa soif de l'Islam mais aussi de liberté, la qualité et la quantité de ses écrits, sa générosité mais aussi son anarchisme, son humanisme...           Elle assumait parfaitement ses contradictions...                                                                      " Je ne suis qu'une originale, une rêveuse qui veut vivre loin du monde, vivre de la vie libre et nomade pour ensuite essayer de dire ce quelle a vu et peut-être communiquer à quelques uns le frisson mélancolique et charmé qu'elle ressent enface des splendeurs tristes du Sahara "

     

     

     

     

     
    Mahfoud Touahri (Tahari) Lah Errahma, était un plaisantin supporter du Sport Club Milianais (SCM) et inséparable ami de Abdeslam Chérabli.Lors d'un match à El Biar où le SCM affrontait l'équipe locale, les supporters milianais de la tribune jetaient quelques objets sur l'équipe d'El Biar et la police vint chercher les perturbateurs et à Mahfoud Touahri de s'adresser à Abdeslam en leur présence "Abdeslam, dis-leur que c'est toi qui a balancé ces objets...Et c'est ainsi, exploit rare, que Mahfoud fit rirela Police

     

     Grâce et beauté algériennes

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    Photo de Mohamed Hebboul.
    Nous ne les oublions pas...
    Et j'étais parmi eux dont nombre furent
    mes jeunes joueurs de foot au SC Miliana (SCM)
    Lahoum Errahma
    Ya khwati cha3let ennar fi djbel Zaccar
    Dakhlouha chobbane sghar ya lali, ya lale
    Dja chikh El Farouzi bech isselekhoum...
    Ha sa3a tah m3ahoum Ya lali ya lale
    http://gadames.eklablog.fr/ a-leur-memoire-a127372568 ..

     ces salopards au  ZERO SUR ET DANS LA TETE ravagent nos gazelles et outardes..Ils poursuivent les gazelles avec leurs 4x4 jusqu'à épuisement.Lorsqu'elles sont à bout de forces, elles s'arrêtent et les larmes aux yeux - oui les gazelles pleurent- attendent la mort des tirs  assassins de ces emirs. Criminels, Criminels, Criminels. Tfouh alihoum.Que d'articles j'ai publiés à ce sujet devant ces bourreaux destructeurs à qui nos dirigeants permettent ce qu'ils nous interdisent et regardez comment ils exposent leurs victimes à les faire souffrir même après leur extermination.Et tout ça aussi avec partie de l'argent que leur apportent les hadjis. Révoltant...

     

     

    Celle que j’aime s’inquiète

    Brahim BOUMEDIEN-

    celle-que-j-aime

     

    Celle que j’aime est dans mon coeur

    Elle sait qu’elle y restera

    Elle sait, cette immense fleur

    Que rien ne l’y délogera

     

     Mais celle que j’aime s’inquiète

    Des aléas de la vie

    Car elle n’est pas encore prête

    A subir encore ce qu’on lui fit

     

    Celle que j’aime est une victime

    Frustrée encore de son enfance

    Mon adorée est un abîme

    D’instants pénibles et de souffrances

     

    Elle me demande obstinément

    Comment je vois les choses

    Je lui réponds assurément

    Que je vois la vie en rose

     

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     

      

    Avant

     

    Aujourd'hui les gens passent leur temps

    à désirer ce qu'ils nont pas

    et à regretter ce qu'ils n'ont plus.

    Maintenant

     

     

     

    ferhaouiferhaoui | 30/09/2013

    bonjour la grande famille! ah! quel bonheur...quelle joie! certes, personne n'échappe à l'usure,phénomène insidieux mais tenace auquel est exposé tout homme,phénomène comparable à l'érosion.que de tetes innocentes pour ne pas dire des angesj'ai essayé de mettre un nom sur chaque visage helas impossible cependant un seul a retenu mon attention parmi tous:le sacré bouzar b mohammed.malgré le collier de barbe qui lui va superbement classe...on ne s'est plus revu depuis les années 1973,ca fait plus d'une génération et comme dirait ouah ya khoua kada:oui! il est dit quand la mémoire va tout??? au reste je sens dans la totalité des photos dieu merci,le moral est excellent par ce commentaire,j'ai voulu seulement vous rendre à tous un humble et fraternel hommage bon vent pour une prochaine rencontre incha-allah.l'ami ferhaoui,oran.

     

     

    Que ceux qui n'ont jamais péché
    Me jettent la première pierre.
    Que ceux qui n'ont jamais aimé
    Me refusent une prière.

    J'ai péché par colère
    Contre toi, contre moi,
    Contre toute la terre.
    Mea culpa !

     

     François Mitterand Président de la République Française à sa fille adultérine,

    «Mazarine, J'écris pour la première fois ce nom»

    Mazarine chérie,

    J'écris pour la première fois ce nom. Je suis intimidé devant ce nouveau personnage sur la terre qui est toi. Tu dors. Tu rêves. Tu vis entre Anne, le veilleur, et ce joli animal qu'on appelle le dormeur. Plus tard tu me connaîtras. Grandis, mais pas trop vite. Bientôt tu ouvriras les yeux. Quelle surprise, le monde! Tu t'interrogeras jusqu'à la fin sur lui.

    Anne est ta maman. Tu verras qu'on ne pouvait pas choisir mieux, toi et moi.

    Je t'embrasse

    maxime

    Les femmes sont comme des fruits :

    Chacune a sa couleur unique ,

    sa forme , son arôme et son goût.......

    Le proléme c' est que

    les hommes aiment la salade de fruits !!

     

    Dieu est partout et Celui de tout le monde             

     سبحان الله

     

     

    La Fidélité,

                L'amour,

                            Le Courage    

                                       L'Exemplarité  

                                                      font traverser l'oued de la VIE

                                                                                              avec le Sourire ...

     Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     


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     LEGENDE DE LA ROSE DES SABLES
    Au début donc était le désert, et dans le désert étaient les hommes.

    Des hommes semblables au désert, fiers, courageux, au caractère trempé telle la lame des sabres…Des hommes d’honneur et d’amour, des hommes de fer et de miel...
    De tous ces hommes, les plus nobles, les plus intrépides étaient sans conteste les HOMMES DU SEL. Ceux-là partaient pour de longues semaines sur leurs méharis ; leurs caravanes s’étiraient dans le grand désert, par-delà les monts de l’Atlas, jusqu’au désert de sel. C’est là qu’on trouve le sel le plus pur, le plus blanc, le plus recherché. Les « hommes du sel » le détachaient par plaques qu’ils fixaient ensuite aux bâts des chameaux…Puis hommes et bêtes reprenaient la longue marche qui les ramenait vers le monde habité.
     
    Là, le sel était vendu. Et les nobles les plus titrés, les caïds les plus respectés l’achetaient, ce diamant des dunes dont l’éclat aveugle sous le grand soleil marocain.
    De tous les hommes du sel, le plus fameux était NOUR AL HASAN, Fils de Kassem ben Hillali, chef légendaire de caravan. Nour al Hasan était aimé et respecté de tous. Les pillards le redoutaient et quand il parlait chacun faisait silence. Sa caravane était réputée pour ramener les meilleures récoltes de sel, ce qui avait fait de lui un homme dont le nom était connu et honoré dans tout le Maghreb. Sous leurs voiles, les femmes admiraient en secret Nour al Hasan, car ses yeux d’obsidienne brillaient comme deux gouttes de lumière noire et son sourire faisait apparaître des dents éclatantes, dont la blancheur illuminait sa superbe barbe noire.
     
    Cette année-là, la récolte de sel avait été exceptionnelle, aussi Nour al Hasan décida-t-il d’aller offrir son meilleur sel à Moulay Rachid, roi de Mikenès et Commandeur des Croyants. Arrivé sous les remparts de la ville, il fit dresser les tentes et allumer les feux. Ensuite, coiffé de son meilleur chèche, drapé d’un manteau de la laine la plus fine et montant son plus beau cheval, il alla demander audience au roi. 
     
    Comme il traversait la place du bazar, il dut se ranger pour laisser passer une litière escortée par la garde royale. Les gardes faisaient sonner de longues trompettes de cuivre et criaient « Faites place à la Perle du Désert ! Faites place à la Princesse FAIROUZ ! » Peu habitué à ce genre d’agitation, le cheval de Nour al Hasan fit mine de se cabrer. Excellent cavalier, celui-ci maîtrisa sans peine sa monture, mais cet arrêt soudain intrigua la princesse qui tira légèrement le rideau de la litière. Elle vit le noble fils des sables…Et Nour al Hasan reçut de plein fouet le regard de la princesse. Sous la mousseline rose du voile, les plus magnifiques yeux turquoise de tout l’Orient lui renvoyaient son image. Celle d’un homme que l’amour venait d’atteindre jusqu’à l’âme. Bouleversé, il tourna bride aussitôt et rejoignit son campement au grand galop…Comme on s’enfuit.
     
    Le lendemain, il se présenta au palais, se prosterna devant le Roi et offrit à celui-ci son meilleur sel. Enchanté par la brillance et l’extrême finesse de celui-ci, Moulay Rachid retint Nour al Hasan à dîner. Vers la fin du repas, le Roi se leva et déclara solennellement : « Nour al Hasan, je veux te faire honneur. Ton courage me plaît et tu m’as toujours servi fidèlement. Aussi je jure ici par le Prophète –que son Nom soit béni- de t’accorder le joyau le plus précieux que tu pourras trouver dans mon palais. »
    A ces mots, le cœur de Nour al Hasan bondit dans sa poitrine. Retenant à grand-peine son émotion, il s’inclina devant le Roi « Seigneur, dit-il, sois remercié pour ta générosité. Puisque tu le permets, je te demande ici le seul joyau dont la possession comblera mon cœur : une turquoise, la plus belle de ton royaume. »
    Moulay Rachid se récria : « Te moquerais-tu de moi, Nour al Hasan ? La plus belle turquoise même de mon royaume est de peu de valeur à côté des richesses que je possède…Demande-moi des diamants de l’Inde, ou des perles roses de la Perse… » Nour al Hasan insista « Seigneur, je sais qu’immense est ta générosité. La turquoise que j’ose te demander de m’accorder est plus précieuse que tous tes trésors réunis. Je te demande la turquoise la plus belle, la plus éclatante qui soit sous le ciel : je te demande la main de ta fille, la Princesse Fairouz.»
     
    Un silence glacé tomba sur l’assistance, car Moulay Rachid s’était levé d’un bond, la main sur la poignée de son cimeterre. Mais il se contint et éclata d’un rire formidable qui faisait trembler les pampilles des grands lustres vénitiens, razziés sur quelque galion en Méditerranée. Pourtant, seule la bouche du Roi riait car ses yeux jetaient des éclairs et chacun tremblait de l’entendre. « Rat du désert, fils d’un chacal ! » tonna-t-il enfin « As-tu bien eu l’audace de me demander de te donner ma fille en mariage ? Je vais te faire exécuter sur le champ pour cet outrage ! » Nour al Hasan se vit perdu. Mais l’amour donne tous les courages. Aussi se dressa-t-il fièrement face au Roi.
    « Seigneur, dit-il, n’as-tu pas donné ici ta parole, devant toute ta Cour et –qu’Il soit béni- par le Saint Nom du Prophète ? »
     
    Moulay Rachid ne pouvait renier son serment. Ravalant la colère qui grondait en lui, il se rassit lentement : « Je te l’ai déjà dit, Nour al Hasan : ton courage me plaît. Tant de bravoure mérite récompense. Soit…Ma fille sera ton épouse. Mais je te sais trop respectueux de nos traditions pour vouloir te soustraire à celle-ci…Tu n’ignores pas qu’un prétendant doit offrir un cadeau dont la valeur égale les mérites de la future épousée ? Bien ! Pour Fairouz, princesse royale et fille du Commandeur des Croyants, tu m’apporteras un cadeau rare et précieux, un cadeau qui n’aura pas son pareil dans le monde…. » Prêt à vendre tous ses biens pour acquérir ce cadeau sans prix, Nour al Hasan demanda « Et quelle est cette chose que tu désires, Seigneur ? »
     
    « Ecoute-moi…Ecoute-moi bien, Nour al Hasan …Voila : je veux que tu m’apportes UNE FLEUR DU DESERT….Une fleur NEE DU DESERT et QUI NE MEURE PAS PAR LE DESERT. Maintenant, va ! Et ne reparais pas devant mes yeux sans le présent que je t’ai demandé… »
     
    Nour al Hasan sortit du palais en titubant comme un homme ivre. Il était anéanti par le chagrin. Le roi l’avait cruellement joué. Homme du désert, il savait mieux que personne qu’il était impossible de trouver une telle fleur. Parfois, après une courte –et rare- ondée, quelques végétaux poussaient parmi les dunes. Parfois même ils fleurissaient…Mais quand le soleil passait au zénith, les fleurs mouraient. Nour al Hasan reprit le chemin des caravanes avec au cœur une plaie qui ne se refermerait pas.
     
    Les semaines, puis les mois passèrent. Moulay Rachid se félicitait de sa ruse. L’histoire avait fait le tour du Maroc portée par le vent et partout, les pères qui voulaient évincer un prétendant l’envoyaient à la quête de la mythique fleur du désert.
     
    Depuis ce jour funeste, Nour al Hasan avait changé. Plus jamais il ne se mêlait aux longs palabres autour du feu de camp. Il s’asseyait à l’écart, tourné vers Mikenès, et les yeux perdus sur l’horizon il restait là des heures durant. La nuit ne lui amenait aucun apaisement. Il veillait, suivait au firmament la lente marche des étoiles qui le mènerait vers un autre jour, aussi vide, aussi morne que celui qui venait de finir…La souffrance hurlait en lui plus fort que les chacals qui, dès la nuit tombée, rôdaient en bande autour du campement.
    Un soir qu’il songeait comme à l’accoutumée à son impossible amour, il lui sembla entendre une voix faible, presque un souffle et qui appelait à l’aide. « S’il vous plaît, sauvez-moi…. » Nour al Hasan se leva d’un bond « Qui es-tu, toi qui m’appelles à ton secours ? » « Mon nom est Sadok, le Porteur de Vérité, fils du Vent. Je suis un Djinn bienfaisant. Le noir Démon du Mensonge, qui me hait, m’a jeté à terre. Seul, je ne peux reprendre mon vol… » « Mais où es-tu, toi dont j’entends la voix mais que je ne puis voir ? » « Je suis partout et nulle part, dans chaque grain de sable sous tes pieds et autour de toi…S’il te plaît, rends-moi mon essor en éparpillant le sable aux quatre coins de l’horizon. Je reprendrai alors ma place sur les ailes du Vent… »
     
    Nour al Hasan n’hésita pas. Dénouant son chèche, il le remplit de sable, le fit tournoyer ainsi qu’une fronde et éparpilla le sable comme le Djinn le lui avait demandé. Aussitôt une brise douce et chaude l’environna tandis qu’une voix murmurait à son oreille « Sois remercié pour ta bonté. Dis-moi le nom de mon sauveur afin que je me souvienne à jamais de celui à qui je dois la liberté. « On m’appelle Nour al Hasan, et je suis… » " Chef de caravane, je le sais. Ton nom a été porté par tous les vents du désert…On parle de toi comme d’un homme juste et courageux. Mais on dit aussi que tu portes le poids d’une incommensurable tristesse…Dis-moi ton secret : peut-être pourrais-je t’aider ? »
     
    Comme l’eau jaillit d’une outre trop pleine, Nour al Hasan sentit déferler sa douleur. Il raconta son histoire au Djinn, sans trop d’espoir cependant. Quand enfin il se tut, Sadok lui dit « Vie pour vie…Aide pour aide…Retiens bien chacune de mes paroles, Nour al Hasan. Demain, lorsque le soleil commencera à descendre sur l’horizon, tu feras baraquer les méharis. Que tes hommes n’allument pas les feux ! Ne montez pas les tentes, mettez-vous à l’abri près des bêtes. Que personne ne lève les yeux sur Ceux qui traverseront les ténèbres ! Malheur à l’imprudent, car se lèveront tous mes frères, les Fils du Vent, et nos voix hurleront dans la nuit…Lorsque le jour se lèvera, va vers la première dune qui aura la forme parfaite d’un croissant. Creuse le sable, glorifie le nom d’Allah et….Souviens-toi de moi ! »
     
     
    Le lendemain au crépuscule, Nour al Hasan fit ainsi que le lui avait prescrit Sadok. La nuit tomba d’un coup, noire, épaisse…Le vent se leva avec une violence inaccoutumée, le sable tourbillonna et engloutit le campement. Il sembla aux hommes et aux bêtes que tous les démons de l’enfer étaient libérés. Longue fut la nuit….Enfin vint l’aube et avec elle le silence. Nour al Hasan et ses hommes secouèrent la gangue de sable qui les recouvrait. Les chameaux s’ébrouèrent. Nour al Hasan promena son regard alentour. Là, devant lui une dune formait un croissant parfait, le signe du Prophète. Il courut à elle et se mit à creuser le sable. Bientôt ses doigts rencontrèrent un objet dur, une pierre sans doute. Il allait la rejeter loin de lui lorsqu’il se ravisa : cette pierre n’avait pas le poli habituel des galets du désert. Il la regarda, elle était d’un brun étrange, légèrement rosé. Sur sa paume, elle brillait d’un éclat très doux et ses aspérités enroulées les unes aux autres avaient l’aspect des pétales d’une fleur, une fleur pétrifiée.
     
    Comme foudroyé, Nour al Hasan tomba à genoux : il regardait, fasciné, la fleur de pierre, la FLEUR NEE DU DESERT… Il se prosterna, adressa au Créateur de toutes choses une prière de reconnaissance et remercia Sadok dans le secret de son cœur.
     
    Puis il courut au campement, et sans même prendre le temps de harnacher, il sauta sur le dos de son cheval. L’animal, nommé le « Buveur de Vent » à cause de sa vitesse et de son endurance, partit comme une flèche. Les hommes de la caravane, voyant ainsi leur chef disparaître à leurs yeux, le crurent devenu fou. Nour al Hasan traversa le désert, emporté par le galop furieux de sa monture. Les rares témoins de cette folle chevauchée crurent voir passer un de ces djinns malins qui égarent les voyageurs et, se jetant face contre terre, implorèrent la protection d’Allah.
    Le « Buveur de Vent » galopait toujours….
    Enfin parurent les fins minarets de Mikenès. A la porte du palais, les gardes effarés ne purent interdire l’entrée à cette espèce de mendiant qui sauta de cheval, hagard, et se précipita vers la salle du trône. Moulay Rachid recevait ses conseillers…Soudain, un homme se rua au milieu d’eux et se jeta aux pieds du Roi. Ses vêtements étaient couverts de poussière mais ses yeux flamboyaient. Au milieu de sa barbe hirsute, saupoudrée de sable, son sourire éclatait et sa main tendait vers Moulay Rachid une pierre comme celui-ci n’en avait jamais vu…
    Enfin, l’homme parla… « Sois trois fois béni, toi et ta maison, Seigneur. Vois ! Je t’apporte ce présent que tu m’as demandé il y a bien longtemps…Reçois cette fleur du désert, née du désert et qui ne mourra pas par le désert…Reçois, Seigneur, LA ROSE DES SABLES ! »

     Les yeux agrandis par la stupeur, Moulay Rachid regardait la Rose des Sables sans oser y toucher. L’amour véritable avait triomphé de tous les obstacles, même de celui-là qui lui semblait infranchissable. Le Roi resta un long moment immobile et sans voix. Nour al Hasan avait mis un genou en terre et attendait le bon plaisir du Roi…
     
    Enfin, celui-ci parla : « Relève-toi, Nour al Hasan, ainsi qu’il sied à un Prince du Désert…Car en vérité, Prince tu es sinon par la naissance, du moins par la grandeur de ton âme et celle de ton amour. Je tiendrai ma parole…J’ordonne que dès ce soir soient préparées les noces de ma fille, la Princesse Fairouz et de Nour al Hasan ben Kassem. Et que le Prophète me pardonne d’avoir tenté de me dérober à une promesse faite en son Nom –qu’Il soit béni. »
     
    Ainsi donc le Prince du Désert épousa la Turquoise, Nour al Hasan épousa Fairouz.
     
    Allah le Miséricordieux leur accorda de nombreux enfants. Les fils furent aussi nobles et valeureux que leur père, les filles reçurent en partage la beauté et la douceur de leur mère. Lui et sa bien-aimée vécurent très vieux. Le Ciel, dans son infinie bonté, leur accorda la grâce de les rappeler à lui en même temps. On les emporta un soir au-delà des dunes, unis dans la mort comme ils l’avaient été dans la vie. 

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas


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    L'Algérie indépendante dès le 3 juillet 1962

    La date de la proclamation de l'indépendance de l'Algérie est bien le 03 juillet et non le 05.                  (date imposée par le gouvernement Algérien ). En effet ,le 3 juillet 1962,le Général De Gaulle adressait cette lettre à Abderrahmane Fares, président de l'éxécutif provisoire à Rocher noir,(actuellement "Boumerdes")

    Siège exécutif provisoire-Rocher noir 1962

    Abderrahmane Farès

    Général De Gaulle

    Lettre du président Farès au général de Gaulle

    Rocher Noir le 3 juillet 1962

     Monsieur le Président,
    J’ai l’honneur, au nom de l’Exécutif provisoire algérien, de vous accuser réception de votre message et de prendre acte de la reconnaissance officielle, par la République française, de l’indépendance de l’Algérie. Conformément au chapitre 5 des déclarations d’Evian du 19 mars 1962, l’Exécutif provisoire a ainsi reçu à ce jour le transfert des compétences afférentes à la souveraineté sur le territoire algérien. Je vous remercie des vœux sincères que vous formez à l’adresse de l’Algérie, et j’exprime, à mon tour, au nom de l’Exécutif provisoire, en cette journée historique, les vœux sincères pour la France et pour une coopération féconde entre nos deux pays.
    Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de ma haute considération.
    Abderrahmane Farès.

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