• une journée de ma jeunesse laghouatie

     

     

    Laghouat : Au sein d’une famille Laghouatie (1ère partie) et j'attends avec impatience la suite de cet article qui me met exactement dans notre vie d'alors.Merci à mon ami Mohamed Hadj Aissa la revisite de notre hier...)

     

     

    La journée commençait par le réveil avant l’aube des enfants qui doivent se dépêcher de rejoindre l’école coranique ou le taleb les attendait de pied ferme, ne permettant aucun retard .Les enfants avaient de pénibles moments à passer car les châtiments corporels étaient la seule pédagogie que connaissait l’enseignant et il n’était pas conseillé de se présenter à l’école sans avoir appris sa sourate. Malheur à celui qui aurait été incapable de réciter par cœur et sans la moindre erreur les versets que le taleb lui aurait enjoint d’apprendre, deux grands garçons auront vite fait et sur simple signe du cheikh de le maîtriser et de le basculer tête en bas et les pieds en l’air et le taleb, de se mettre à administrer une véritable bastonnade au jeune supplicié dont les cris et pleurs peuvent être entendus de loin. Il est entendu que cette pratique ne peut pas être généralisée à tous les maîtres mais il faut dire qu’elle fait la triste réputation de beaucoup d’entre eux : il faut citer à titre d’exemple les cheikhs Benazzouz et Attalah Kazouai ,Rahimahoum Allah.

     

    Une fois revenu de l’école coranique ,au lever du soleil , la mère fait vite de donner à l’enfant son petit déjeuner composé de lait de chèvre et de pain matlou ‘ le plus souvent ou de m’semen quelquefois .

     

    Il faut ensuite sortir les chèvres pour rejoindre le troupeau que le berger menait paître tous les jours en direction des alentours de la ville jusqu’à la tombée de la nuit. C’est un moment très prisé par les enfants qui éprouvent un grand plaisir à conduire les chèvres qui ne se font prier pour se précipiter vers la sortie à la rencontre des autres chèvres. Pratiquement toutes les familles de Laghouat avaient au moins une chèvre, quelques familles en avaient plusieurs, ce qui faisait qu’elles ne manquaient jamais de lait, de fromage à toutes les saisons et surtout « el kamarya » et « el lba » ( 2 sortes de fromage)dont nous raffolions.

     

    Ensuite il fallait aux enfants préparer leur musettes pour aller à l’école publique (très peu de familles pouvaient acheter des cartables aux enfants), sans oublier le goûter composé le plus souvent de galette et de dattes Ghars . Mais il fallait aussi prendre avec soi le pain pétri par la mère au boulanger du coin (chez « senouci el kaouache « comme on l’appelait ou » kouchat el m’kadem « de la dal’aa qui fonctionnait au feu de bois), et il ne fallait surtout pas oublier le sac de blé ou d’orge qu’il faut faire moudre chez « Ben lamiri » le meunier, près de l’école du centre-ville. C’était la corvée qui rebutait le plus les enfants car il fallait encore, au retour de l’école, retourner chez le boulanger et le meunier pour récupérer « el koucha » et « et thin » et cela avait pour effet de réduire chez les enfants la durée consacrée au jeu.

     

    La mère, une fois les enfants partis à l’école, pouvait se consacrer tranquillement aux taches ménagères : cela commençait par le balayage de la cour et des pièces et en guise de balai, elle utilisait un « ziway » de palmier (régime de dattes après consommation des fruits) et point de carrelage ou dalle de sol car le sol était en terre battue.

     

    Une fois cela terminé, la mère allait sortir les ingrédients devant lui servir à préparer le repas, pour cela il lui devait en formuler la demande à celle qu’elle appelle « Lalla » ( la mère de son époux) qui règne en véritable maîtresse de la maison .Rien ne pouvait se faire sans son autorisation . « Que compte –tu préparer pour aujourd’hui, ya m’ra ? » et en fonction de la réponse, la grand-mère sort de la « hojra »( l’entrepôt) tout le nécessaire à la préparation : huile , semoule, smen, graisse animale, fèves, piments etc……

     

    Une fois la marmite sur le feu, la mère passe à autre chose : laver le linge, jardinage ou toute autre tache. Enfin lorsque tout est en place, elle peut s’occuper maintenant de son tissage. Les pièces tissées sont déposées chez le marchand d’habits traditionnels pour être vendues, le plus connu de ces marchands est si Hadj Ahmed Bensidi Aissa qui tient commerce à la place d’Alger. Ou bien les pièces sont confiées à une vieille femme qui est chargée de les vendre en faisant du porte à porte. Tout y passe : tapis, djellabas, taies d’oreillers, haïks. Ce travail des femmes a pour effet d’être une source conséquente de rentrée d’argent à même d’aider la famille à subvenir à ses besoins.

     

    Quant au père , la prière de l’aube accomplie et le petit déjeuner pris , il ne s’attarde pas trop à la maison , il sort après avoir pris soin de mettre son costume traditionnel , gandourah mode laghouati , lahfaya ( chèche en tissu blanc très fin) soigneusement et méticuleusement arrangée sur la tête . Il se dirige soit à son jardin soit à son échoppe soit à son bureau ou son école.

     

    Le retour à la maison se fait généralement à l’heure de la prière du Dohr , après accomplissement de la prière , le repas est servi : les hommes ensemble , les femmes mangent dans la cuisine et les enfants sont servis à part et personne ne peut déroger à cette règle immuable. Et vient l’heure de la sieste sauf pour les enfants qui doivent regagner l’école vers treize heures trente.

     

    Au réveil de la sieste qui dure généralement une petite demi-heure, un café ou un thé est servi suivant la saison (le thé en temps de chaleur et le café par temps froids). Les Laghouatis sont réputés préparer du bon café et en sont très friands : le café est acheté vert et les femmes de le torréfier , le moudre tout en y ajoutant quelques plantes odorantes qui lui donnent un goût inégalable . Une fois préparé, il est recommandé de mettre dans la tasse une feuille de Chih (armoise) qui lui donne une saveur et un goût que l’on retrouve pareil que chez les ouled nails ou les gens du ‘Amour. Le père ira rejoindre son travail s’il est commerçant ou fonctionnaire, alors que s’il était travailleur de la terre, il avait tout le loisir de goûter aux doux instants de repos bien mérité et allait rejoindre en ville ses amis autour d’un « quart » ( robo’ comme on l’appelle) au café de la place des oliviers chez Saad ben Denni ou au café « El h’ssira » de la famille Zenikhri .

     

    Par Hadj-Aissa mohammed

     

     

     

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    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas


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