• Un kheimiste, il aurait été...

     

     

     

    Feu Ahmed Hebboul aurait été un kheimiste de coeur aux contributions intéressantes...

    El Watan le 24 - 10 - 2011

    L'ancien journaliste et traducteur à l'agence Algérie presse service (APS), Ahmed Hebboul, est décédé hier à l'âge de 75 ans des suites d'une longue maladie. 
    Après des études universitaires, y compris en sciences médicales, le défunt a fait l'essentiel de sa carrière professionnelle à l'APS où il s'est distingué, en particulier, par ses talents de traducteur maîtrisant plusieurs langues, mais aussi par une culture générale incontestable qu'il ne se privait d'ailleurs pas de dispenser à ses jeunes collègues.
    Ses consœurs et confrères à l'agence garderont de lui le souvenir d'un homme d'une discrétion légendaire, compétent et studieux, sage et particulièrement courtois dans ses relations avec les autres au point de paraître effacé malgré une propension avérée à transmettre son expérience et son savoir à qui en voulait. Ahmed Hebboul a été inhumé hier après-midi dans sa ville natale de Laghouat.

     

    Mohamed Hadj Aïssa  :

    L’autre jour j’avais remarqué un tableau dans le salon du domicile de notre ami Djelloul . Il était parmi de nombreux tableaux mais c’est ce tableau qui attiré mon attention. Je ne m’y connais pas en peinture mais il n’est pas nécessaire de connaitre pour aimer et cette œuvre je l’ai aimée. J’ai posé la question à Djelloul sur l’auteur et grande a été ma surprise lorsqu’il m’apprit qu’elle est l’œuvre de son défunt frère Ahmed  
    Le défunt a été journaliste, rédacteur chef, traducteur mais on ne lui connaissait pas ce coté artistique. Son parcours ressemble beaucoup au mien, il a quitté Laghouat très jeune pour aller continuer ses études et il est resté loin de la ville qui l’a vu naitre et faire ses premiers pas dans la vie. Mais il est resté attaché à sa ville d’un lien passionnel qui lui a fait peindre ce tableau plein de sensibilité comme pour se faire « pardonner » son « inconvenance » vis-à-vis de cette ville qui a des peines à supporter que ses enfants se tiennent loin de son giron. Et c’est un peu ce qui m’arrive avec cette ville qui me prend tout mon temps, tout mon amour, toute ma passion pour me faire pardonner, moi aussi, mon éloignement même s’il n’est que physique car Laghouat à défaut de l’habiter moi, m’ « habite » elle.  

     

    Image 

    J'ajoute cette peinture d'Ahmed décorant le salon de son frère à Miliana

     

      

    Ahmed HEBBOUL: un digne fils de Laghouat
    Par Mohamed-Seddik LAMARA

    Je n’avais pas mis beaucoup de temps à sympathiser avec lui. C’était au cours des premiers jours de ma réintégration à l’agence nationale d’information « Algérie Presse Service » (APS), que j’ai du quitter fin 1972 pour accomplir les obligations du service national à Cherchell puis à Biskra. Mohamed Hadj Aïssa (MHAL, comme j’aime le nommer), faisait partie de la même promotion que moi, baptisée « promotion du volontariat » comme si nous étions naturellement subjugués à encadrer « martialement » cette étourderie boumédienniste de déposséder les gens du patrimoine auquel ils étaient le plus attachés : la terre. Retour béni pour moi et pour les nombreux trouffions « officiers de la révolution agraire », réduits comme MHAL à arpenter les espaces rocailleux de Tébessa ou, à mon exemple, procéder au décompte des palmiers des Zibans pour les verser, à contre cœur, au fonds d’une révolution agraire qui a fini, quelques années après, par faire choux blanc.

    Ma réaffectation au desk national où j’avais effectué un court stage de trois mois avant d’être appelé sous les drapeaux, m’imposa le rythme du travail posté au milieu de journalistes formés dans le tas souvent guindés et peu diserts. Le crépitement assourdissant des volumineux télex cernant la vaste salle de rédaction surplombant la scintillante baie d’Alger, procurait aux lieux une atmosphère d’usine. Concision, précision, rapidité, était le moule auquel il fallait se conformer pour produire sans interruption l’information, télégraphique, instantanée : dépêches, flashs et autres round-up provenant des quatre coins de l’Algérie et du monde dont les média écrits et audiovisuels ne pouvait se passer. Ambiance stressante à laquelle il m’a fallu vite m’accoutumer. La vacation de nuit (de minuit à sept heure) généralement marquée par une baisse du flux de transmission et de réception de l’information, m’avait donné l’occasion de lier connaissance avec lui. Lui, c’est Ahmed Hebboul Allah yarhmou. J’avais, d’emblée, constaté qu’il émergeait du lot des autres journalistes agenciers courbés sur leur pupitre, la mine patibulaire. Ahmed avait une posture altière qui ne pouvait laisser indifférent. Nous étions quatre à assurer la permanence en cette nuit de l’ancien week-end (samedi-dimanche). Chacun s’occupait selon sa convenance. A l’approche de l’aube, l’assez long répit des téléscripteurs était le bienvenu pour lire le journal ou écouter de la musique. Je suis descendu pour remplir mon thermos de café dans un établissement qui ouvrait tôt dans une ruelle adjacente à la rue Bab Azoun. De retour, j’en offris à Ahmed une tasse toute fumante ainsi qu’une cigarette. J’avais remarqué qu’il était très accro au tabac. Devant mon offre il écarquilla des yeux pour me dire en guise de remerciement « wach hadha lkram ma’a el fadjr hadha el jamil ma yaqdrou ‘lih ghir ettawa’na »(quelle hospitalité et en plus à l’aube, ne sont capables d’un si bon geste que les nôtres !). « Ghir entawa’na ?  Tu es d’où mon cher confrère ?», avais-je osé lui demander. « De Laghouat », me répondit-il. « Et moi de M’Sila », ais-je répliqué en entonnant, spontanément, quelques vers sur « Laghouat el ma’loum » du sublime Benkerriou que j’aimais fredonner en écoutant les envoutants morceaux du regretté Khelifi Ahmed. Echange volubile d’amabilités suivi d’éclats de rires accueillis par les moues renfrognées des autres confrères et du télétypiste somnolant.

     Depuis cet instant, entre moi et Ahmed Hebboul, se sont tissés des liens au-delà de la confraternité du métier, une amitié à l’épreuve de toutes les vicissitudes. Une fraternité qui s’est poursuivie et fortifiée encore davantage, une année après mon affectation à Laghouat en 1976 et jusqu’à ce que je quitte cette attachante ville après neuf longues années d’un séjour durant lequel je n’ai compté que des amis sincères et affectueux. Depuis que j’y avais élit domicile Ahmed me confiait qu’il était désormais dans l’obligation de se rendre souvent à Laghouat pour rendre visite à ses parents et à sa deuxième famille, la mienne au sein de laquelle il était toujours bien accueilli. La veille de mon départ dans la ville jardin, il avait la gorge très serrée et les yeux embués d’émotion. Je lui avais proposé de solliciter le DG de l’APS pour nous faire affecter en duo à Laghouat. Il déclina ma proposition. Une fierté toujours à fleur de peau. Comme moi, il n’a jamais daigné - alors qu’à cette époque c’était largement à notre portée - postuler à l’attribution d’un logement. Si moi, j’ai opté pour un exil dans le sud des mansuétudes, lui bardé d’un stoïcisme singulier est resté, jusqu’à sa mort,  Allah yarhmou, un SDF sémillant et digne dont les laghouatis (étudiants ou personnes fortunées) résidents à Alger étaient à ses petits  soins pour lui céder le temps d’une saison qui, un studio qui, un appartement qui un niveau de villa. Il me conviait souvent – puisque nous étions logés à la même enseigne à lui tenir compagnie. Un de ses frères dont je ne me rappelle plus le prénom (il travaillait à la Direction de la Jeunesse et des Sports de la Wilaya de Laghouat) sollicitait instamment mon ascendant pour le convaincre à retourner au bercail. Je m’y étais appliqué au point de le contrarier. Mais Ahmed était comme ça, un homme jaloux de sa liberté, il suivait un chemin impénétrable que lui seul connaissait avant d’emprunter celui de son rappel auprès de la miséricorde divine. Ce n’est que quelques mois après que j’ai appris sa subite disparition à la faveur d’un hommage qui lui avait été rendu par un confrère  dans la presse. Repose en paix Ahmed, qu’en ce saint vendredi Dieu le Tout puissant t’accorde une généreuse averse de pardon et de miséricorde. MSL

     

     Un jour, à Miliana, dans une pièce du bas avec ses neveux collégiens, ils procédaient à des expériences et leur matériel en plastique provoqua une explosion entrainant un début d'incendie et la peur de sa vie d'Ahmed.Heureusement qu'à proximité se trouvait un robinet tuyauté...

     

    Ahmed, cet être si cher...                                                                                                           Par Benyoucef Hebboul, son neveu

     O fin de semaine !
     On était petits ...et curieux.

     Avec impatience nous t'attendions.

     Je peux voir une étoile à des années lumière d'ici
     Mais pas la lueur d'une bougie à cent mètres
     Pourquoi, oncle Ahmed ?

     Si je saute sans cesse et laisse la Terre tourner au dessous de mes pieds
     Pourquoi ne puis-je pas me transporter ailleurs, gratuitement ?

     Pourquoi les gens du pôle sud ne tombent-ils pas du monde ?

     Tu savais que tu devais répondre à nos questions
     Et assouvir notre appétit du Savoir.

     Mina dhouloumati ilannour, de l'obscurité à la lumière
     Nous étions dans la première
     Tu étais la seconde.

     O l'encyclopédie vivante que tu étais
     Homme de science, penseur, linguiste et artiste accompli.
     Qui avait besoin de dictionnaire ou de télévision ?

     Je me souviens aussi
     Qu'avec ses cadeaux, le père Noël ne fait surprise aux enfants que chaque année
     Cinquante-deux fois plus généreux que le vieil homme à la barbe blanche
     Toi, tu nous les ramenais chaque semaine.

     De ton allure lente, de ton calme et ton silence, se dégageait sagesse.

     Modeste, au sourire mystérieux, tu étais pensif et solitaire
     C'est nous qui le sommes maintenant.

     Car l'obscurité est revenue
     Parce que ta lumière s'est éteinte

     Comme une bougie dans le vent.

     Benyoucef Hebboul resté orphelin de son oncle si cher...

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas


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