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Le burnous et sa guelmouna
Hommage
J'ai eu l'honneur de côtoyer ces illustres Enseignants
sans être leur élève Lahoum Errahma
Et comme le burnous qu'ils quittaient rarement leur allait bien,
la guelmouna (capuchon) débordant de titres et de sagesseCheikh Boubekeur Hadj Aissa enseignant en la Médersa de Laghouat
eut à connaitre Abdelhamid Benbadis ainsi:" Ce que tu viens de faire , Boubekeur, Moi Benbadis suis incapable de faire aussi bien à cet âge là"
Si Haoues Hamdi dont le père , Allah yarahmou, tenait boutique à Laghouat sous les arcades en face de la boulangerie des Bensenouci tout près de la Place des Oliviers a tenu à nous raconter ceci à propos de Cheikh Boubakeur Hadj Aissa El Aghouati .
« Le Cheikh Boubekeur Hadj Aissa était venu nous rendre visite à notre école de Ksar el Bezaim vers l’année 86 ou 87 , bien après être sorti en retraite . Nous lui avions posé la question suivante ( on pouvait se le permettre car le cheikh n’exerçait plus ses fonctions d’inspecteur) pour le compte du journal de l’établissement que nous comptions éditer.
- Cheikh , pouvez-vous nous dire quel est votre meilleur souvenir de la vie passée au sein de l’association des oulémas ?
- Mon meilleur souvenir a été le jour où alors que j’avais à peine 17 ans ( un enfant quoi…) et alors que nous étions au Nadi Attaraki نادي الترقّي cheikh Abdelhamid Benbadis me fit signe et m’ordonna d’improviser un cours sur un sujet ( dont je n’ai pas retenu le thème) . J’étais désarçonné au tout début mais après avoir pris la parole j’ai commencé à prendre de l’assurance et j’ai parlé pendant deux heures devant un parterre de oulémas . Après avoir terminé le Maitre Abdelamid Benbadis vint vers moi , m’embrassa sur le front et me dit ces quelques paroles qui restèrent gravées dans ma mémoire « Je peux t’avouer, Boubekeur , que ce que tu viens de faire , moi Benbadis ne me sens pas capable de faire aussi bien à cet âge-là ». Le grand poète Laid Al Khalifa , présent dans la salle improvisa à ce moment là un poème de louanges à mon encontre
Hadj Mecheri Aouissi
Hadj Mecheri Aouissi était professeur de droit musulman de longues années durant à la médersa de Tlemcen, à Ettaâlybia (Alger), au lycée franco-musulman de Ben Aknoun (actuel Amara Rachid) et aux Facs d'Alger pour devenir ensuite Conseiller Spécial au Ministère de la Justice.
Hadj Mechri Aouissi a été l'un des membres fondateurs du Mouloudia Club d'Algérie (M.C.A). J'ai assisté à Alger au mariage religieux d'un ami laghouati sous l'égide de Si Hadj Mechri Aouissi et j'eus l'honneur d'échanger quelques mots avec lui, sa simplicité m'enhardissant
La Médersa de Laghouat
L'ancienne Médersa de Laghouat fut bâtie
grâce aux dons de la population
et était le signe de la résistance à l'occupant .
La pose de la première pierre l'a été le 8 Mai 1945
après le prononcé de ces motsبسم الله وعلى بركة الله
et ses enseigants
des nationalistes convaincusCorps enseignant de la Medersa de Laghouat avec quelques mecènes de la ville.
Une classe de la Medersa de 1952 avec cheikh Atallah KAZOUAI
Anecdote:
Ouléma de la Médersa de Laghouat.
Ce qu'ils dirent à leur élève Ahmed Hebboul, mon frère, Lah Errahma: Elève à la Medersa de Laghouat, il voulut rejoindre le maquis et ses Enseignants l'en dissuadèrent "les combattants, nous n'en manquons pas, c'est de gens instruits pour l'édification du pays post-indépendance dont nous aurons besoin " Le FLN l'envoya ensuite en Tunisie pour poursuivre ses études et les terminer en l'Université de Pavia en Italie.Les Chouyoukhs de la Médersa de Laghouat, eux étaient du combat libérateur et gloire à eux et à leurs, nos, Chouhada...
Les Chouyoukh de la Médersa furent arrêtés dans la nuit du 15 aout 1958
et toutes les personnes qui avaient été prises ce jour là devaient être
exécutées sans jugement. Si Ahmed Chatta et Si Attalah Choul le furent
quelques jours après leur arrestation. Cheikh El Hocine a raconté qu’après
les séances quotidiennes de torture, on adopta une autre méthode
encore plus barbare :on sortait les prisonniers loin de Laghouat et on leur
ordonnait de creuser leurs tombes, une fois celles-ci creusées on leur prescrivait de les combler et le même scénario se répètait le lendemain.
Ainsi, chaque matin les prisonniers croyaient que c'était leur dernier jour.
Quoi de plus terrible que de vivre ce scénario quotidiennement ?
Gloire à Eux !
LaghouatTon charme m'appelle et m'entraîne
A écrire ce poème.
Que je dédie aux laghouatis restés dans leur arène.
Penché sur un rocher, face au sud saharien,
Il y a un fort qu'on appelait Bouscarin,
Du haut duquel on veillait sur nomades et citadins,
Sillonnant routes et chemins.
Dans ce fort je suis né,
A cet endroit, Dieu m'a donné,
Une mission à remplir selon sa volonté,
Dans un monde bien perturbé.
Durant des années, ce fort fut hôpital,
Où on combattait le mal :
Trachome, variole ou maladies semblables,
Les médicaments faisaient son arsenal.
Sous l'ombre de ces palmiers,
Toute une ville vous accueillait,
ses enfants vous souriaient,
De la porte d'Aain-Madhi à la porte d'Alger.
Derrière ses remparts de pierres rougies
Par un brûlant soleil qui vous éblouit
S'associe le blanc d'un minaret qui surgit,
Et dans le bleu du ciel un croissant vous sourit.
Sur ce même rocher se dressait
Cette majestueuse mosquée
Où le vendredi se rassemblait
Pour la prière, les humbles et les notabilités.
Le jour, la nuit, dans cette oasis, j'étais roi
Le soir, du haut de la colline j'entendais la hadra
De ces hommes qui chantaient avec foi
Cet hymne de la joie.
Abdallah Ben Keriou, ce poète du pays
A su exploser les cœurs et les esprits
Pour mieux comprendre ce qui conduit
A mieux connaître cette oasis qui séduit.
Clair de lune se reflétant sur l'Oued M'zi,
Au loin dans les dunes le chant de nos cricri,
Ces fraîches soirées qui suscitent l'envie
Du plaisir d'en savourer toute une nuit.
Dans les profondeurs des roches du Dahraoui,
Jea Danflous entreprit
Cet exploit sans répit
A capter l'eau de la vie,
Les daïas sont alors fertilisées
De cette eau vive canalisée
Par des seguias qui traversaient
Laghouat sous des yeux émerveillés.
Pour ces sahariens, c'est l'eau de l'ardeur,
L'amour d'un jardin de fleurs,
C'est aussi toutes les couleurs
D'une ville dans son bonheur.
Jour de marché, c'est un monde grouillant
De conteurs, de charmeurs de serpents
Un folklore que seuls les habitants
Savent animer en tout temps.
Autour d'une flûte, on chante,
D'un tam-tam on danse
Dans une folle ambiance
Avec toutes les convenances.
Place des oliviers, lieu rêvé
Pour les marchands d'agrumes et de beignets
Présentant avec l'art qu'on leur connaît
Les produits du pays, leur grande fierté.
Avec les galèbes, les hommes bâtissent les maisons
Les femmes tirent la laine des toisons,
Chacun à sa façon
Pour assurer leur vie, apporte sa contribution.
Ces maisons que les hommes bâtissent
Charme de la ville sur lesquelles on hisse
L'oriflamme qui appelle les touristes
A visiter avec guide à leur service.
On y voit aussi ces tapis que les femmes tissent
Aux mille couleurs d'un feu d'artifice
Avec ce goût et le soin de l'artiste
Dont seul l'art est complice.
De ces maisons se dégage une odeur d'encens
Qui attire comme dans les temples d'orient
Pour découvrir un peuple généreux, épatant
Qui fait de vous des amis pour longtemps
Honneur à Ben Gueddouda la bâtisseur,
Senouci l'entrepreneurBoukamel le transporteur
Zouba l'administrateur.Honneur aussi à Dhina l'institeur,
Kada le facteur,A Brahim le coiffeur, Boudor le restaurateur,
Trait d'union dans l'hnneur
Des habitants pour leur bonheur.
Il y a aussi Mohamed Larbi Khenifer,
Cet homme robuste comme un rocher de fer,
Une vie entre briques, chaux et plâtrière,
Pieds et mains dans un argile de lumière.
Tête haute, il était fier
D'appartenir à cette race de Khenifer,
L'œil vif, l'esprit lucide, débonnaire,
Mais quel homme de caractère ?
Ses enfants sont mes frères
Par le lait tété aux seins de nos mères
Echange de procédés sans manière
Dont je suis très fier.
Son fils est un digne successeur,
Il est mon frère dans l'honneur
Comme ce grand baroudeur,
Il sut faire face à ses détracteurs.
Hommage à son épouse qui dans sa maison
Malgré les soucis des mauvais moments
Et cela sans affolement
Veillant sur la vie de ses enfants
Heureux ceux qui connurent ce temps
De confiance et d'affection
Réunissant toutes les conditions
D'une assurance sur l'UNION.
Dans leur fief, installés et avertis,
Les Ben Salem Cheikh Ali savaient régler les ennuis
De ce qui forme ce peuple Laghouat
Poète, sensible, généreux affranchi.
Quant les fêtes religieuses sont là,
Elles sont célébrées avec foi.
L'Aid-Seguir, fin de ramadhan,
Annoncé par ce filet d'argent
A peine visible au firmament
Et c'est l'enthousiasme éclatant.
Avec le printemps, c'est la fête de l'union,
Qui n'est pas présent
Pour jouir de ces bons moments
De cette grande fraternisation,
Pour tous, c'est la fête
Avec tambours et trompettes,
Des you-yous de nailas coquettes,
Juchées sur des bassours en tête.
Avec les larbâa, les Makhloufias
Assurent les fantasias
Ces cavaliers à la rouge chéchia
Crânement voltigent avec éclat.
Ces cavaliers aux gestes harmonieux
Montant des chevaux majestueux
Ne sont ni pitres, ni gueux,
Mais des nobles au cœur chaleureux.
Le folklore, c'est aussi Djérina
Avec ses brochettes de Kercha,
C'est p'tit frère et ses beignets,
Djeridi et ses champignons rosés
Ben Naceur le roi du baquet
Ben Halima à son mortier de café.
Ali, le porteur d'eau,
Lakhdar et ses escargots,
Zohra ben alia et ses chapeaux
Messaouda et ses ragots.
Et aussi les courses de bicyclette,
De la route du point jusqu'au schttet,
En passant par nos sablettes
Pour le honneurs sur la carpette.
Des champions, avec Benamar Hamida,Bachir Cherif et Bachir Tayoussa,
Sans oublier Ben Yahia Gueddouda,Du vélo, ils étaient rois.
A ce folklore s'ajoutait Celui de Salomon qui faisait défiler
Ses Citroën sous des regards émerveillés
Devant cette belle porte d'Alger.
Toi, Atallah Soufari,Tu comptais parmi les bons amis
Avec Amar et Mohamed Souffi
Pour jouer les Antars, une équipe réussie.
Et toi, Cherif Ouazen Hamida
De cette mystérieuse rue des seguias,
Des amis du quartier, tu étais le plus droit,
Ce qui te conférait le titre de Sidna.
Tu étais pour moi, ce frère, dans les cas
Ou chacun de nos pas
Nous amenait au feu de joie
De l'amitié dans la foi.
Devant l'église sur l'escalier,
Sur un pan du rocher de la grande mosquée,
Ou face à la synagogue, sous l'ombre des oliviers,
Nous nous retrouvions pour une histoire à raconter.
Comme dans ce petit monde de Don Camillo
Longuement on discutait à propos
Du dernier film, d'une histoire de Zorro,
Des derniers exploits de Zig et puce, genre Piniccio.
Rien ne semblait nous séparer
Même si notre avenir nous préparait
A prendre des responsabilités
En dehors du pays où nous sommes nés.
Et pourtant c'est la dure réalité,
Enfant, nous ne pouvions le penser
Qu'un jour, nous serions séparés,
L'histoire serait longue à raconter.
Vous tous, amis et frères de mes jeunes années,
Dans ce Laghouat, ensemble sur ces sentiers,
Nous avons construit le phare qui doit nous éclairer
Le chemin de la maison pour nous retrouver.
Pour moi Laghouat ce n'est pas terminé,
C'est dans cette ville que ma vie fut marquée
Pour davantage l'aimer
Et lui rendre l'hommage mérité.Marital TRO,Le 21 Mars 1979
__________________________________Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas
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