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    Quand Miliana fêtait ses Cerises

    Ses Cerises, Hab El Moulouk, Grains des Rois

     

     -Jacques Rousseau (1712-1778),                                                            extrait de L’idylle des cerises  

    Je vous aime : Après le dîner, nous fîmes une économie. Au lieu de prendre le café qui nous restait du déjeuner, nous le gardâmes pour le goûter avec de la crème et des gâteaux qu'elles avaient apportés ; et pour tenir notre appétit en haleine, nous allâmes dans le verger achever notre dessert avec des cerises. Je montai sur l'arbre, et je leur en jetais des bouquets dont elles me rendaient les noyaux à travers les branches. Une fois, Mlle Galley, avançant son tablier et reculant la tête, se présentait si bien, et je visai si juste, que je lui fis tomber un bouquet dans le sein ; et de rire. Je me disais en moi-même : " Que mes lèvres ne sont-elles des cerises ! Comme je les leur jetterais ainsi de bon cœur ". La journée se passa de cette sorte à folâtrer avec la plus grande liberté, et toujours avec laplus grande décence. Pas un seul mot équivoque, pas une seule plaisanterie hasardée ; et cette décence, nous ne nous l'imposions point du tout, elle venait toute seule, nous prenions le ton que nous donnaient nos cœurs. Enfin ma modestie, d'autres diront ma sottise, fut telle que la plus grande privauté qui m'échappa fut de baiser une seule fois la main de Mlle Galley. Il est vrai que la circonstance donnait du prix à cette légère faveur. Nous étions seuls, je respirais avec embarras, elle avait les yeux baissés. Ma bouche, au lieu de trouver des paroles, s'avisa de se coller sur sa main, qu'elle retira doucement après qu'elle fut baisée, en me regardant d'un air qui n'était point irrité. Je ne sais ce que j'aurais pu lui dire : son amie entra, et me parut laide en ce moment.
    Les Confessions, Livre IV
     
     
    "Le temps des cerises"  - Paroles de la chanson:

    Mais il est bien court, le temps des cerises
    Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
    Des pendants d'oreilles...
    Cerises d'amour aux robes pareilles,
    Tombant sous la feuille en gouttes de sang...
    Mais il est bien court, le temps des cerises,
    Pendants de corail qu'on cueille en rêvant !
     
    Quand vous en serez au temps des cerises,
    Si vous avez peur des chagrins d'amour,
    Evitez les belles !
    Moi qui ne crains pas les peines cruelles
    Je ne vivrai pas sans souffrir un jour...
    Quand vous en serez au temps des cerises
    Vous aurez aussi des chagrins d'amour !
     
    J'aimerai toujours le temps des cerises,
    C'est de ce temps-là que je garde au coeur
    Une plaie ouverte !
     
    Et dame Fortune, en m'étant offerte
    Ne saurait jamais calmer ma douleur...
    J'aimerai toujours le temps des cerises
    Et le souvenir que je garde au coeur !

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     Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas 
     
     

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    le Monde 4 7 62
     

     
     

     
     

    Miliana 1962, Fête de l'Indépendance  
    Mohamed Hebboul est sur le devant de la photo, appareil en main
    pour fixer des souvenirs de moments inoubliables
     
    ZOUAOUI MOURAD | 16/03/2012;  
    JE ME RAPPELLE LE MINISTRE DE L EDUCATION NATIONALE DE CETTE EPOQUE S APPELAIT ABDERRAHMANE BENHAMIDA ET TEWFIQ EL MADANI LE MINISTRE DES AFFAIRES RELIGIEUSES FIGURAIENT DANS LA DELEGATION QUI ACCOMPAGNAIT LE PRESIDENT BEN BELLA . L ALGERIE VENAIT D ACQUERIR FRAICHEMENT SON INDEPENDANCE NATIONALE. NOUS ETIONS A L EPOQUE DE JEUNES GARCONS NAIFS ET INNOCENTS , IGNORANT TOTALEMENT LE SORT ET L AVENIR DE NOTRE PAYS 
    APRES-GUERRE. C EST EMOUVANT !!!!!!
     
    Farah | 17/03/2012
    c'est avec beaucoup d'émotion que j'ai regardé les photos du président au lycée Abdou, d'abord à cause de la période et ensuite pour la visite préstigieuse dont le sens n'est pas anodin. Miliana est une petite ville c'est vrai mais son histoire et son préstige est immense au coeur de tout Algérien connaissant l'Histoire de son pays!
    Bravo à tous ces lauriats qui ont été les élites de l'Algérie indépendante par la suite!
     
    Farah | 18/03/2012
    Depuis quelques jours toutes les T.V . Françaises parlent du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, on y voit des reportages sur les rapatriés et sur ceux qui ont choisi de rester au bled jusqu'à ce jour, il y a aussi des reportages sur le retour de pieds-noirs dans leurs villes d'origine juste pour un pélerinage, on assiste à des pleurs à des méa-culpa des deux côtés, c'est tout simplement émouvant!!!!!
     
    CHENGAB KHALED | 17/03/2012
    C'EST AUSSI APRÉS UN DERNIER VOYAGE EFFECTUÉ A MILIANA EN JUIN 1965,QU'IL FUT VICTIME D'UN COUP D'ETAT.POUR MR BEN BELLA MILIANA NE LUI EST PAS INDIFFERENTE, D'AILLEURS JUSTE APRES SA LIBERATION IL S'EST LIÉ D'AMITIÉ AVEC UN MILIANAIS AMI A MOI DONT LES PHOTOS EN SA COMPAGNIE UN PEU PARTOUT JUSQU'AU DOMICILE DE L'EX PRESIDENT TRONENT DANS LE SALON.
     
    med midjou | 17/03/2012
    Saluant ce jour de visite officielle, un cordon d'honneur constitué d'enfants adhérents à la JFLN portant berêts et tenues vert clair, le Président impressionné par l'allure et la discipline s'adressa à l'un d'eux: Qui est ce contingent et qui est son responsable? L'enfant répondit naivement; c'est Mr Ahmed Ali Oussah Mr le président. je vous rapporte les propos tels que portés à notre connaissance par la propre personne qui garde tjrs en mémoire cet évènement historique, en l'occurence Mr Ahmed Khelia. remarquez que tous les trois ont le même prénom. Selon d'autres témoignages, le président depuis son investiture était tous les ans à Miliana, principalement pour l'inauguration de la grande fête des cerises.
     
    azzouz mahdia | 03/10/2012
    vous n'avez pas mis toutes les photos, ce jour là ma grande soeur azzouzz assia a reçu 11 livres des mains de ben belle, elle avait eu un livre pour chaque matiere , elle etait très brillante ma soeur, et, on a les photos à la maison,
     
    Le président Ahmed BENBELLA au lycée Mohamed Abdou à Miliana honore les lauréats de 1963   
    miliana | 16/03/2012 ; La JEUNE FILLE ASSISE A CÔTÉ DU SIEGE DU PRESIDENT  BEN BELLA ET HABILLÉE EN ROBE ET CHAUSSURES BLANCHE EST ZOULIKHA FERROUKHI, LA FILLE DU CHAHID MUSTAPHA FERROUKHI dont un lycée porte le nom
     

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  • Jean Kay

    Un milianais, Jean Kay dans l'OAS, l'Organisation Armée Secrète, qui a fait tant de ravages en Algérie et poussé au départ massif de nos compatriotes Français avec qui, ensemble, nous aurions eu un pays aussi puissant que l'Afrique du Sud de Mandela...Un parcours hallucinant, plein d'histoire de l'Afrique et d'incroyables aventures. A lire absolument !

     Jean-Eugène-Paul Kay, né le 5 janvier 1943 à Miliana en Algérie et mort le 23 décembre 2012 à Loze (Tarn-et-Garonne), est un aventurier et un écrivain français. Ses luttes sont diverses, de l’Algérie française au Cabinda, en passant par le Yémen, le Liban etc. « Pirate au grand cœur» pour certains, « baroudeur illuminé » pour d’autres, il dira de lui-même ne pas combattre pour l’argent mais pour défendre son idéal, « les valeurs chrétiennes » et la lutte contre le communisme, « cette idéologie productrice de misère, de corruption, d’injustice et de mort ».  

    Son procès

     

     Jean KAY et un itinéraire bien compliqué !  

    Jean-Eugène-Paul Kay, est né le 5 janvier 1943 à Miliana en Algérie et mort le 23 décembre 2012 à Loze (Tarn-etGaronne), est un aventurier et un écrivain français. Ses luttes sont diverses, de l’Algérie française au Cabinda, en passant par le Yémen, le Liban etc. « Pirate au grand cœur» pour certains, « baroudeur illuminé » pour d’autres, il dira de lui-même ne pas combattre pour l’argent mais pour défendre son idéal, « les valeurs chrétiennes » et la lutte contre le communisme, « cette idéologie productrice de misère, de corruption, d’injustice et de mort ».

    Biographie

    Il passe peu de temps dans sa ville natale, Miliana. Très tôt, son père, officier des transmissions dans l’armée de terre, a été muté à l’école militaire de St Cyr Coëtquidan en Bretagne. Un de ses frères est aussi officier et notamment a servi à la Légion étrangère (4e compagnie à Holl-Holl- TFAI- Djibouti). Il séjournera également à Paris pendant sa scolarité en internat. Il perd sa mère à l’âge de huit ans. Il reçoit donc une éducation assez rigide, sans mère, dans une famille dédiée à l’art de la guerre, bercée de traditions chrétiennes.

    L’Algérie En 1961, il est caporal dans l’armée française. Son corps d’armée est basé à Montélimar, mais en intervention à Maison-Carrée en Algérie. Dans le but de défendre l'Algérie française, Jean Kay déserte et rejoint l’OAS ; il appartient aux commandos Delta du lieutenant Degueldre, qui y est chargée des attentats et exécutions. Il collabore aux émissions pirates de Radio France, la radio clandestine de l’OAS, commet plusieurs attentats, est arrêté, emprisonné à la prison de la Santé puis au fort d’Ivry, en région parisienne, où il purge une peine de huit mois ; il est finalement condamné à deux ans de prison avec sursis. Cette inactivité lui permet de lire et découvrir Pierre Drieu La Rochelle, Robert Brasillach, et André Malraux. Il est réintégré dans l’armée, à la caserne Dupleix à Paris.

    Après les accords d’Évian, qui établissent l’indépendance de l’Algérie, il déserte à nouveau, définitivement cette fois. En 1963, il est en Espagne à Alicante, où il rencontre des anciens membres de l’OAS, accueillis par le régime franquiste. Pendant son séjour, il rencontre Marie Louisa, surnommée Marisa, avec laquelle il a une fille, Eva, qui naît pendant son séjour au Yémen. En février 1964, à la demande de Roger Faulques, ancien du 1er REP, avec le soutien de Jacques Foccart et de son réseau, il part pour le Yémen, dans la 1re armée royaliste de l’Imam El Badr, commandée par le prince Mohamed Ibn Hussein, financée par l’Arabie saoudite, contre les républicains soutenus par les Égyptiens de Nasser, auteurs du coup d'État de 1962 qui proclamait la république. Il rejoint l’équipe du mercenaire Tony de Saint-Paul, qui était arrivé avec les hommes de Faulques en septembre 1963, et était mort deux mois plus tôt. Entre autres choses, il s’occupe des transmissions ; il est blessé à la main. Son livre "Le guerrier de l’espoir" laisse penser que c'est alors qu’il est enrôlé dans le mouvement fasciste Guerrilleros de Cristo Rey. C’est aussi à cette période qu’il commence à rédiger ce qui sera plus tard "L’arme au cœur". Finalement, les républicains gagnent et prennent le pouvoir au Yémen du Nord.

    Le Biafra et le Liban 1967 est l’année de la guerre des Six Jours du 5 au 11 juin, qui voit le Liban se faire envahir par les réfugiés palestiniens, de la fin de la première guerre du Yémen, et de la tentative de d’indépendance du Biafra. La sécession de la province nigériane est déclarée le 30 mai par le colonel biafrais Odumegwu Emeka Ojukwu, encouragée par la France, incarnée en Afrique par Jacques Foccart, qui livre armes et mercenaires, dirigés par le légionnaire Rolf Steiner. Jean Kay en sera. Les mercenaires se battent sans armes lourdes, à un contre deux, face aux troupes nigérianes du général Yakubu Gowon, soutenu par les Britanniques et les Russes.

    Jean Kay échappe de peu à la mort à bord d’un DC3 chargé de bombarder un destroyer britannique. Mais la cause est perdue d’avance, et c’est la débâcle pour les mercenaires. Jean Kay devra, et ce sera peut être pour lui le début d’une prise de conscience, abandonner un jeune garçon qu’il avait adopté. Fait-il (encore ?) partie de l’équipe de Bob Denard ? Le suit-il ensuite au Katanga soutenir Moïse Tshombé, dans l’équipe des «affreux»? Toujours est-il qu’en 1968 on le retrouve au Moyen-Orient. Il y entraîne, à Tabrieh au Liban, les phalanges chrétiennes maronites, dans le groupe de résistance «Tanzim» de Fawzi Mahfouz Abou Roy, à l'appel de Bachir Gemayel. Il y rencontre également sa deuxième femme, Seta Vanerian, une esthéticienne d’origine arménienne, qui a fui la France après mai 68, pour intégrer le tout récemment créé Front populaire de libération de la Palestine. Ils se marient à Beyrouth suivant le rite orthodoxe, la religion de sa femme, le 25 février 1971. Ils auront une fille, Emmanuelle.

    Il dit volontiers avoir eu une prise de conscience du malheur des populations civiles pendant sa période en Afrique noire, et vouloir lutter à présent en leur faveur. Vol 711 En 1971, Jean Kay est à Paris où il termine probablement son livre "L’Arme au cœur", dans son studio du 15e arrondissement, près du logement de son père, colonel en retraite. Une de ses idoles, André Malraux, âgé de 70 ans, se déclare prêt à partir combattre pour la liberté de ce qu'on appelle à l'époque le Bengale, ou "Pakistan oriental". Pour défendre ce peuple opprimé qui demande à faire scission du Pakistan, ce "pays enragé par son indépendance", l'ancien ministre adresse une "Lettre au président Nixon" dans le quotidien "Le Figaro" du 17 décembre (page 1 et 3) et déclare vouloir y partir lui-même. Il renonce finalement, mais pas Jean Kay: le 3 décembre 1971, le mercenaire prend en otage les passagers et l’équipage d’un avion, le vol 711 de la Pakistan International Airlines à Orly, pour réclamer des médicaments pour le Bangladesh, en les menaçant d’une arme à feu et d’une bombe, contenue dans une sacoche d’où sortent des fils électriques de mise à feu. Il est arrêté après quelques heures, lors du prétendu chargement des médicaments, un leurre de la police pour monter à bord, non sans avoir fait feu sur un de ses assaillants. Le sac du pirate n’était rempli que de livres, dont une bible, et un rasoir électrique d’où sortaient les fameux fils, qui simulaient une bombe. Quelques jours plus tard, le 16 décembre, c’est l’indépendance du Bangladesh par scission avec le Pakistan. André Malraux, grand défenseur du Bangladesh naissant, témoignera en sa faveur à son procès en octobre 1973. Il est condamné à 5 ans de prison avec sursis; il est donc libéré. Son avocat était Jean-Marc Varaut.

    Le livre L’Arme au cœur de Jean Kay est publié, puis son roman "Les Fous de guerres", écrit en détention. Il sort donc de prison fin 1973, et ce long séjour lui a probablement permis de tisser quelques liens dans le «milieu» du banditisme ; la suite de sa vie le montrera. Puis il repart au Liban, et entraîne à nouveau les «phalanges chrétiennes». Le Cabinda Le 24 avril 1974, au Portugal, c’est le début de la Révolution des œillets qui renverse le régime fasciste « salazariste » de Marcelo Caetano. Le 30 juin 1974 des membres du F.L.E.C, qui souhaitent l’indépendance totale du Cabinda, rentrent d’un exil, et ouvrent une représentation à Tchiowa (Capitale du Cabinda). Jean Kay, qui fait alors partie du « Paladin group », part avec ses mercenaires pour l’Angola, encadrer le F.L.E.C du commandant Bissafi, pour la « libération » et l’« indépendance » du Cabinda. Ils font face aux forces angolaises du MPLA, qui s’opposent aux Portugais. Ils vont réussir leur mission, et, le 10 août 1974 le gouvernement congolais envoie au Cabinda une troupe commandée par José Auguste Tchioufou, directeur-adjoint d’Elf-Congo, responsable du « MPC », installée à Pointe-Noire, qui s’autoproclame Président du Cabinda. Le 19 septembre, le Cabinda est annexé par le MPLA de l’Angola, qui chassera le 2 novembre le F.L.E.C et les mercenaires, dont Jean Kay. C’est la fin de la «libération» du Cabinda, maintenant envahi par les forces angolaises, et rattaché au pays. L’indépendance de l’Angola est proclamée à Luanda, par Agostinho Neto du MPLA, président de la République populaire, le 11 novembre. Jean Kay et ses mercenaires fuient les troupes angolaises au Congo, et, fait prisonniers, sont extradés vers la France en septembre 1975 après neuf mois de prison à Brazzaville. Jean Kay devient père, pour la troisième fois, pendant son "séjour" angolais, en juillet 1974, de Patricia, née à Beyrouth.

    En 1975, en Espagne, le 20 novembre, la mort de Francisco Franco permet la restauration de la monarchie. À partir de cette date, les groupes anticommunistes, d’extrême droite, hébergés jusqu’alors par le régime franquiste ne sont plus bienvenus; ils cherchent refuge essentiellement en Amérique du Sud, essentiellement dans le Chili de Pinochet ou dans l’Argentine et sa junte. Pour les anciens de l’OAS, c’est le début de l’activisme sud-américain et de la coopération avec la CIA dans la lutte anticommuniste.

    L’argent

    En ce début 1976, Jean Kay est à Paris. Il fréquente ses anciens amis, des ex-OAS, des mercenaires, dont certains ont mal tourné, par exemple Jacques Prévost, conjuré du "petit-Clamart" et participant au rapt en décembre de Louis Hazan, PDG de Phonogram. Il vit à Boulogne-Billancourt avec et dans l'appartement de Danièle Marquet, qu'il connaît depuis 1972. Cette dernière a pour amie Bernadette Roels, 36 ans, une ex-prostituée convertie en gérante de restaurant (au 42 rue du rendez-vous à Paris 12e ) grâce à l'argent de son amant depuis plusieurs mois : Hervé de Vathaire. Ce dernier, 48 ans, directeur financier de Dassault aviation depuis 24 ans, vient de perdre sa femme Chantal, qui a succombé à un cancer le 19 avril. Sa conscience l'avait poussé depuis plusieurs années à constituer un dossier fiscal compromettant contre son patron. Il rencontre Jean Kay par l’intermédiaire de Bernadette Roels et son amie, Danielle Marquet, la compagne de Jean Kay. Les deux hommes sympathisent, le financier est séduit par la personnalité hors norme de Kay, et ce dernier par la proximité avec l'argent. Tous deux échafaudent un plan : grâce au dossier Vathaire, ils décident de faire chanter Dassault. Du 6 au 10 mai, tous deux, accompagnés de leur amies, se rendront en voyage à Miami, en Floride, aux États-Unis; suivant les sources, il s’agira soit de vacances, soit d’une rencontre avec des exilés cubains anticastriste, et a fortiori anticommuniste. Jean Kay dira à de nombreux amis, dont le journaliste Alain Leluc venu le rencontrer dans un hôtel de luxe à Collins Avenue dans Miami Beach: « je suis sur une affaire d’un milliard ». Mais à leur retour en France, Jean Kay a une meilleure idée : il subtilise le dossier du directeur financier et le fait chanter à son tour : le 6 juillet, Vathaire se rend à la succursale de la BNP au 24 avenue de la Grande Armée à Paris, et retire simplement, grâce à la signature qu'il a sur le compte de son patron, et à la confiance qu'il a obtenue du personnel de l'agence, 8 millions de francs (800 millions d’anciens francs, 1,2 million d’euros, 1,6 million de dollars de l’époque), soit 16 mille billets de 500 francs, sur le compte de Marcel Dassault, qu’il met dans deux gros sacs ; puis il disparaît avec Jean Kay. Les deux compères ne semblaient pas craindre de poursuites, puisqu'ils passent tranquillement leur première nuit à Boulogne dans l'appartement de "Dany" Marquet, puis la nuit du 7 dans le "Grand Hôtel du Château" à Divonne, près de la frontière suisse. Apprenant la plainte de Dassault, la fuite commence. Vathaire seul sera retrouvé, en Grèce, où il s’est livré à la police, mais sans l’argent. Jean Kay est, lui, introuvable. Trois millions seront tout de même retrouvés sur deux comptes en banque suisses, l'un au nom de Kay, l'autre de sa compagne Danièle. Le 25 août, Jacques Chirac (impliqué dans le dossier de Vathaire, qui dénonce les versements occultes de Dassault au RPR), démissionne de ses fonctions de premier ministre (démission politique sans rapport avec cette affaire) ; deux jours après, la presse est au courant et l’affaire de Vathaire éclate au grand jour. La destination de la somme disparue reste mystérieuse. Pour certains, elle aurait financé les Phalanges chrétiennes libanaises en pleine guerre civile et aidé des anciens de l’OAS en Espagne ; pour d’autres, elle aurait financé deux cambriolages ayant pu servir à alimenter des réseaux internationaux d’extrême droite : le casse de la Société générale de Paris en août 1976, et le casse de Nice d’Albert Spaggiari, le week-end du 17 juillet 1976 ; Jean Kay est peut être aussi dans l’équipe, avec, entre autres, des anciens de l’OAS (dont un certain «le Targui», accompagné de «Mireille», et un certain «la baraka»). Albert Spaggiari a lui aussi été à Miami avant son casse. Les deux affaires sont-elles liées à la lutte anticommuniste américaine? Quoi qu’il en soit, Jean Kay gardera une grande partie de la somme volée, puisqu’il en dira cinq ans plus tard : « J’ai eu le Nirvāna de l’argent. Je pouvais tout acheter : un avion, un yacht de luxe, une hacienda en Argentine...».

    La fuite

    Après l’arrestation de Vathaire, son coéquipier de fortune, en Grèce, pays où il a acheté (à Athènes) un voilier dont il ne peut se servir, Jean Kay tente de fuir au Liban rejoindre ses amis du Tanzim. Interpol et «certains services secrets» sont à ses trousses. À partir de 1977, il fuit un peu partout : Espagne, Portugal, Suisse, Singapour, Miami, et certains vont même le considérer comme mort. Il atteint finalement le Royaume-Uni, où il achète un deuxième bateau et commence sa fuite maritime, avec sa compagne Danièle. En 1981, le magazine Paris Match, sous la plume d'Alain Leluc, ami de Jean Kay, le retrouve en Inde, toujours accompagné de son amie "Dany", et le dit «clochard», habitant un refuge au pied de l’Himalaya, se nourrissant d’un bol de riz par jour. Il déclare «avoir trouvé la Paix», et aime à dire que pour lui, « l’avenir n’existe plus ».

    Pourtant, en 1982, à New Delhi, l’avenir frappe à sa porte en lui présentant Fiona Field. Ils vivront ensemble. Au début 1984, chassés d’Australie, on les retrouve à Calcutta, où Jean Kay est à nouveau en prison, pour des troubles à l’ordre public. Ils sont finalement expulsés. En 1985 sa femme Fiona donne naissance dans les Caraïbes à la quatrième fille de Kay. Ils vivront en mer jusqu’à l'âge de la scolarisation de leur fille.

    La retraite ? Les années 1990 voient la fin (temporaire) de la cavale maritime. Jean Kay et sa famille vivent à terre, entre Espagne (Alicante, Barcelone) et la région de Toulouse, pour élever leur dernière fille. En 1997, il publie son autobiographie, "Le Guerrier de l’Espoir". Le 24 février 2000, sa femme Fiona se suicide en se noyant dans une rivière. Jean Kay publie son nouveau livre tiré de l'épisode «Calcutta» 15 ans plus tôt : L’île où l’amour est descendu sur terre. Il repart vivre en mer avec sa fille en 2004.                                                                                                                                 Jean Kay est décédé le 23 décembre 2012 à Loze (Tarn-et-Garonne) 

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    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas


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    "Tout musulman en Afrique du Nord, croyant en l'unicité de celle-ci, croyant en Dieu et en son Prophète est mon frère et partage mon âme. Je ne fais aucune distinction entre un Tunisien, un Algérien, un Marocain; ni entre un Malékite, un Hanéfite, un Chaféite, un Ibadite et un Hanbalite: ni entre un Arabe et un Kabyle, un citadin et un villageois, un sédentaire et un nomade. Tous sont mes frères, je les respecte et les défends tant qu'ils œuvrent pour la cause de Dieu et de la patrie. Si je contreviens à ce principe, je me considérerais comme le plus grand traître à sa religion et à sa patrie."

    Moufdi Zakaria

     

     Histoire du Kassaman, l'hymne national algérien

    Moufdi Zakaria, militant algérien pendant la guerre d'Algérie, est approché par Rebah Lakhdar en 1955 à la demande d'Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda, qui lui demandent d'écrire un hymne national. Le militant algerien Zakaria, alors emprisonné dans la prison Barberousse, propose très vite un poème, Fach’hadou (« Témoignez-en ! »), renommé plus tard « Kassaman » (« Nous jurons ! »), qui est immédiatement adopté.

     La première composition musicale de l'hymne national algérien est écrite par l'algérien Mohamed Touri, à Alger. Cette composition n'étant pas jugée satisfaisante, on demande alors au tunisien Mohamed Triki de composer la musique, avec l'aide d'une chorale algérienne à Tunis. Son résultat n'ayant lui aussi pas été retenu, on demande finalement à Mohamed Fawzi, compositeur égyptien, d'écrire la partition musicale de l'hymne. Cette dernière composition reste, aujourd'hui, la musique de l'hymne algérien.

     

    Poème sur Miliana

     

     

     

    Poème sur l'Algérie

    Algérie, Ô toi Idylle de mon âme
    Toi qui as apporté le salut à mon cœur
    Toi qui as inondé mon être d’harmonie
    Et remplis ma route de lumière.

    Sans le secours de ta beauté je n’eusse point connu la foi
    Ni le chemin qui mène à Dieu
    Sans la foi dont mon cœur déborde
    Je n’eusse cru en rien d’autre qu’en mon peuple !

    Mon être s’illumine lorsque je t’évoque
    Et dès que j’entends ta voix je réponds à ton appel
    Proche ou éloigné,
    Ton amour vit en moi plus fort que je puis le concevoir !

    En chaque endroit, les liens sacrés du sang
    Ne me rattachent-ils pas à ton être ?
    En chaque point, un bonheur capricieux
    Ne nous rappela-t-il pas folles amours ?

    Chaque coin pour nous n’est-il pas un souvenir
    qui plane sur nos instants de bonheur ou sur les jours de guerre ?
    C’est là que m’arrogeant le titre de prophète j’ai écrit mon Iliade,
    Et que Mutanabbi lui-même a cru en moi et cru en mon poème !

    Nous avons occupé la scène de l’Histoire,
    En déclamant des vers ainsi qu’une prière
    Dont les invocations jaillissent de ton âme, Algérie !

     

    Moufdi Zakaria

    Surnommé « le Poète de la Révolution algérienne », son véritable nom fut après Cheikh Zakaria Ben Slimane Ben Yahia Ben Cheikh Slimane Ben Hadj Aissa. Le surnom Moufdi, devenu son pseudonyme littéraire, lui a été décerné par Slimane Boudjenah. Il est né le samedi 12 juin 1908, à Beni Izguen (Ghardaïa) dans la région du Mzab. Il quitte très tôt son village natal pour rejoindre son père, alors commerçant à Annaba où il reçoit son enseignement, et où il s'initie à la grammaire et au fiqh.

    D'Annaba il rejoint Tunis, chez son oncle. Là, il poursuit ses études, successivement à l’école Es-Salem, l’école El Khaldounia et l’université de la Zeïtouna. En fréquentant le milieu estudiantin algérien à Tunis, il se lie d'amitié avec le poète tunisien Abou el Kacem Chebbi et le poète algérien Ramadane Hammoud, avec lequel il fonde l'association littéraire El-Wifaq (l'Entente) qui publiait une revue entre 1925 et 1930.

    De retour en Algérie, il crée une association similaire, publie la revue El‑Hayet dont seuls trois numéros sortiront en 1933. Membre actif de l'Association des Étudiants musulmans de l'Afrique du Nord à partir de 1925, il critique la tendance assimilationniste du mouvement Jeune Algérien, et proteste contre les fêtes du Centenaire en 1930. Bien qu'éprouvant des sympathies pour le mouvement réformiste des Oulémas, c'est à l'Étoile Nord‑Africaine qu'il adhère lorsque le mouvement s'implante en Algérie vers 1933. Il milite ensuite au Parti du Peuple Algérien (PPA) après la dissolution de l'Étoile, compose Fidaou el Djazair, l'hymne du (PPA), et participe aux meetings. Arrêté le 22 août 1937 en même temps que Messali Hadj et Hocine Lahoual, il est libéré en 1939. Il poursuit son action, lance avec des militants le journal Achaâb, collabore avec des journaux tunisiens en signant El‑Fata El Watani ou Abou Firas.

    De nouveau arrêté en février 1940, il est condamné à 6 mois de prison. En 1943‑1944, il est à la tête avec d'autres, d'un restaurant à Alger ; il collabore alors à des journaux clandestins : Al‑Watan et L'Action Algérienne. Après le 8 mai 1945, arrêté, il reste trois ans en prison. Libéré, il adhère au MTLD. Candidat aux élections à l'Assemblée algérienne, il est victime des fraudes électorales.

    En 1955, il rejoint le FLN. Arrêté en avril 1956, il est incarcéré à la prison Barberousse à Alger où il écrit l'hymne national Qassaman qui sera mis en musique, la 1re fois par Mohamed Triki en 1956), ensuite par le compositeur égyptien Mohamed Fawzi et enregistré dans les studios de la Radio Télévision Tunisienne en juillet 1957. Libéré trois ans plus tard, il s'enfuit au Maroc, puis en Tunisie où il collabore au El Moudjahid jusqu'en 1962. Après l'indépendance, il se consacre à la création littéraire. Exerçant la profession de représentant de commerce en parfumerie (représentant notamment d'une firme belge), il n'aurait pas eu de domicile fixe.

    Poète du mouvement national et chantre de la Révolution algérienne, son souffle est puissant. Sa poésie est solide et a pour but d'aiguiser la conscience nationale. Le poète meurt en 1977 à Tunis d'une crise cardiaque. Il est enterré à Beni Izguen.

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     


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    Benyoucef ABBES-KEBIR                                                                             Directeur du Musée de la Manufacture d'Armes de l'Emir Abdelkader   L'archéologue-bédéiste 

    Il prend sa retraite et nous assure  que la Manufacture                                       sera aussi bien gérée que de son temps 

                                                                                                                                                             Benyoucef Abbes-Kebir,  dessinateur, illustrateur, caricaturiste, musicien, archéologue. En 1977, il publie sa première planche de bande dessinée dans le journal « L’Unité ». Il collabore dans la presse Algérienne et Arabe. Actuellement, il est directeur du musée de la manufacture de l’Emir Abdelkader à Miliana.                                             

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    Deux de mes amis poètes Lazhari Labtar (à gauche) et Benyoucef Abbès-Kebir                                ou l'amitié de Laghouat et Miliana, villes chères à mon coeur

     Située en contrebas de la ville de Miliana, le site avait été choisi par l’Emir Abdelkader au regard de sa position stratégique, dominant la plaine du Chélif et surtout se trouvant en aval de deux oueds. Une eau à profusion nécessaire comme énergie pour faire tourner les cinq forges « à la catalane ». C’est un ingénieur du nom d’Alquier Cases qui avait déserté l’armée française, subjugué par l’aura de l’Emir Abdelkader, qui gérait cette manufacture. Une énergie hydraulique qui faisait tourner une immense roue pour faire actionner un martinet qui donnait au minerai fondu la forme voulue. C’était au printemps 1839, aux premières années de la résistance contre le colonialisme français qui avait pris pied sur la terre d’Algérie. Sur deux étages, la manufacture s’étalait sur une superficie de 800 m2, attenante à une autre bâtisse qui servait de chambres pour la restauration et l’hébergement des ouvriers, disposant également d’un hammam. En 1840, avant la chute de la ville de Miliana, l’Emir Abdelkader décide sa destruction pour éviter que l’armée coloniale ne s’en serve. La manufacture a retrouvé aujourd’hui son âme, se laissant raconter par les mannequins reproduisant les gestes des ouvriers de l’époque. Un équipement scénographique fait de sons et de lumières réalisé par un bureau d’études artistiques de Mostaganem qui reconstitue l’atmosphère et donne un aperçu sur le génie militaire et organisationnel de l’Emir Abdelkader.

    Un lieu qui ne désemplit pas à longueur d’année, Située en contrebas de la ville de Miliana, le site avait été choisi par l’Emir Abdelkader au regard de sa position stratégique, dominant la plaine du Chélif et surtout se trouvant en aval de deux oueds. Une eau à profusion nécessaire comme énergie pour faire tourner les cinq forges « à la catalane ». C’est un ingénieur du nom d’Alquier Cases qui avait déserté l’armée française, subjugué par l’aura de l’Emir Abdelkader, qui gérait cette manufacture. Une énergie hydraulique qui faisait tourner une immense roue pour faire actionner un martinet qui donnait au minerai fondu la forme voulue. C’était au printemps 1839, aux premières années de la résistance contre le colonialisme français qui avait pris pied sur la terre d’Algérie. Sur deux étages, la manufacture s’étalait sur une superficie de 800 m2, attenante à une autre bâtisse qui servait de chambres pour la restauration et l’hébergement des ouvriers, disposant également d’un hammam. En 1840, avant la chute de la ville de Miliana, l’Emir Abdelkader décide sa destruction pour éviter que l’armée coloniale ne s’en serve. La manufacture a retrouvé aujourd’hui son âme, se laissant raconter par les mannequins reproduisant les gestes des ouvriers de l’époque. Un équipement scénographique fait de sons et de lumières réalisé par un bureau d’études artistiques de Mostaganem qui reconstitue l’atmosphère et donne un aperçu sur le génie militaire et organisationnel de l’Emir Abdelkader. Un lieu qui ne désemplit pas à longueur d’année,avec à l'accueil Benyoucef Abbes-Kébir et son éternel sourire.La manufacture d’armes de l’Emir Abdelkader mérite le détour tout autant qu’une  « Gâada » avec son directeur, le pourvoyeur de son âme…

     

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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