• Oum Zahar

    D'Isabelle Eberhardt 

       

     OUM ZAHAR
    Dans la vaste chambre basse aux murailles irrégulières en
    argile jaune, on avait couché la mère sur une natte. On l’avait
    recouverte d’un voile bleu sombre qui dessinait en des angles
    raides la forme immobile.
    Elle était morte.
    À côté, dans une petite lampe de terre de forme antique,
    une mèche brûlait, et la petite flamme falote, étrange, éclairait
    d’un jour douteux les murailles où oscillaient de grandes
    ombres funèbres.
    Accroupies sur la natte, plusieurs femmes se lamentaient
    avec un balancement rythmique de leurs corps maigres.
    C’était la veillée mortuaire.
    Dans le grand silence mystique de l’oasis, seule cette voix
    lugubre retentissait, s’entendait de très loin et troublait les âmes
    superstitieuses et sombres des Rouaras.
    Parmi les femmes, il y avait Oum-Zahar et Messaouda, les
    deux filles de la défunte.
    Oum-Zahar était l’aînée. Elle avait douze ans et son père lui
    cherchait un mari.
    Mais elle était triste. Grande et svelte sous ses voiles bleus,
    elle semblait l’incarnation de l’âme étrangement tourmentée et
    assombrie de cette race métis de l’oued Rir, mélange de Berbères
    et de nègres sahariens sur laquelle la tristesse immense et
    les effluves hallucinants et fiévreux de leur pays a jeté à jamais
    une ombre morne.
    Oum-Zahar avait un visage ovale et régulier d’une teinte
    bronzée très foncée. Ses yeux étaient trop grands et leur regard
    avait, à la fois, une fixité et une ardeur inquiétantes.
    Depuis toute petite, elle ne se mêlait jamais aux jeux de ses
    compagnes et passait des journées entières à l’ombre chaude,
    dans l’humidité fiévreuse des jardins inondés d’eau salée où le
    salpêtre dessine des arabesques singulières sur la terre rouge
    isolée des canaux.
    Messaouda plus blanche, plus douce, était dans sa onzième
    année. Rieuse et légère, seule la grande épouvante de la mort
    avait pu l’assombrir pour un temps, et elle se lamentait là,
    tremblante.
    L’âme des Rouaras n’est point semblable à l’âme arabe. La
    grande lumière de l’Islam n’a pu dissiper les ténèbres de la superstition
    et de la terreur mystique dans ce pays où tout porte
    au rêve morne.
    En présence de la mort, le Rir’i n’a pas la résignation sereine
    de l’Arabe, et, pour lui, le tombeau n’est point un lieu de
    repos que rien ne saurait plus troubler, un acheminement radieux
    vers l’avenir éternel.
    De l’antiquité païenne, ces peuplades primitives ont conservé
    la peur des ténèbres et des fantômes, l’épouvante des
    choses de la nuit et de la mort.
    Mais Oum-Zahar semblait sentir plus profondément cette
    terreur sombre et ses prunelles d’or bruni se dilataient étrangement.
    Toutes les deux cependant sentaient bien qu’elles avaient
    perdu le seul être qui les avait aimées, qui s’était penché pitoyable
    et doux sur leur enfance de petites Bédouines pauvres
    assujetties presque dès leur premier pas aux rudes travaux de la
    maison, sous l’autorité toute-puissante du père toujours sombre
    et impénétrable qu’elles voyaient rarement, car il travaillait au
    dehors dans les jardins, et devant qui, comme leur mère, elles
    avaient appris à trembler…
    Et dans la nuit chaude, dans le silence lourd, Oum-Zahar et
    Messaouda pleuraient, inconscientes presque encore, le seul
    rayon de soleil, le seul semblant de bonheur qui soit donné à
    une femme bédouine : l’amour de la mère douloureuse et idolâtre,
    plus violent, plus immense que chez toutes les autres
    femmes…
    Leur père était parti la veille pour les jardins, laissant aux
    femmes le soin de pleurer celle qui n’était plus.
    L’avait-il aimée ?
    Peut-être El Hadj Saad lui-même n’eut-il pas su le dire.
    Quinze années durant, pourtant, elle avait été pour lui une esclave
    soumise.
    Elle certainement l’avait aimé, avant son premier enfantement.
    Après, tout son amour s’était reporté sur sa fille, Oum–
    Zahar, la petite consolation, la compagne intelligente, si vite
    femme dans la tristesse ambiante.
    Puis Messaouda était venue jeter dans la vieille maison
    d’argile une lueur de joie – la joie naïve des petits oiseaux simplement
    heureux de vivre.
    Maintenant Oum-Zahar et Messaouda serviraient leur père
    seules. Puis, l’une après l’autre, il les donnerait à des hommes
    que lui-même aurait choisis et dont elles deviendraient les servantes…
    Puis, pour elles aussi, se lèverait le grand jour de la maternité.
    Et ainsi toujours, de génération en génération.
    Le jour se leva enfin limpide et des lueurs roses se glissèrent
    sur les cimes bleuâtres de dattiers, sur les murailles
    ocreuses, sur le sol salé, lépreux, de l’oasis d’Ourlana, dans
    l’oued Rir’.
    Alors laissant les femmes continuer leur plainte dans la
    chambre où la petite lampe de jadis finissait de mourir, Oum-
    Zahar et Messaouda sortirent dans la cour et, à la place traditionnelle
    où leur mère avait laissé un monceau de cendres
    grises, elles rallumèrent le feu du foyer : il fallait préparer le café,
    car le père allait rentrer.
    Messaouda plissa soigneusement les gandouras blanches,
    le turban de mousseline et le burnous neuf de son père et les posa
    sur une natte propre dans une petite chambre haute où l’on
    accédait par quelques marches de terre : le père s’habillerait
    pour l’enterrement.
    Après, elles attendirent, mornes.
    El Hadj Saad entra. Il était grand et mince comme tous les
    Rouaras. Il pouvait avoir quarante ans et son visage allongé et
    sec avait une expression fermée et sombre. Il s’assit dans la cour
    sur une natte. Oum-Zahar lui présenta le café en silence.
    Puis il monta s’habiller. Pas une parole ne fut échangée
    dans la demeure où était entrée la Mort.
    Avant les heures accablantes du milieu du jour, les
    hommes emportèrent sur un brancard le corps raidi de la
    mère… Dès qu’ils furent devant la porte, El Hadj Saad ordonna
    à ses filles de se retirer dans la chambre haute et de baisser le
    rideau…
    La mère partie, accompagnée par le chant cadencé des tolba,
    qui disaient sur elle, insensible, les paroles de promesse et
    d’éternité…
    Après, tout rentra dans l’ordre monotone… Chaque matin,
    les deux jeunes filles se levaient à l’aube, et, après avoir fait le
    déjeuner modeste du père, elles s’accroupissaient devant le
    moulin à bras primitif qu’elles mettaient en branle au moyen
    d’un bâton… Et, pendant des heures, elles tournaient la pierre
    lourde avec un chant très bas, monotone comme leur existence.
    Depuis la mort de la mère, Oum-Zahar avait encore maigri,
    et le feu étrange de son regard s’était encore assombri…
    Messaouda, après avoir beaucoup pleuré, avait semblé
    s’accoutumer au grand vide de la maison où, elle le savait, une
    marâtre viendrait bientôt sans doute…
    Dans un coin écarté de l’oasis, sur la route de Sidi-Amrane,
    il est une sorte de clairière entourée de jardins. Au milieu, une
    koubha en argile s’élève, irrégulière et étrange, un cube jaunâtre
    surmonté d’un dôme allongé et pointu en haut. Aux quatre coins
    des murs et au sommet du dôme, déformant ainsi cet édifice de
    l’Islam, des figures barbares, grimaçantes, sont placées –
    formes léguées par l’antiquité fétichiste…
    À l’entour, quelques tombeaux également en terre marqués
    par une branche tordue et noire de buisson saharien où des
    chiffons multicolores, ex-voto sauvages, s’effilochent au vent,
    déteignent au soleil.
    Là, à l’ombre protectrice de la koubha, on avait mis Elloula,
    la mère d’Oum-Zahar et de Messaouda. Elles-mêmes avaient
    pétri en argile ocreuse une sorte de monument fruste, un tertre
    allongé, terminé à chaque bout par une tuile dressée.
    Et tous les vendredis, elles venaient, se tenant par la main,
    visiter leur mère. Elles s’accroupissaient et regardaient en silence
    la terre d’Elloula. Où était-elle ? Les voyait-elle ?
    Quand elles avaient du chagrin, quand leur père les avait
    battues, elles venaient là et, tout bas, contaient leur peine.
    Un jour, quand elles vinrent, elles trouvèrent, assise près
    de la tombe, une femme inconnue, vêtue de haillons sombres,
    qui tenait sur ses genoux un enfant d’environ un an enveloppé
    dans des loques. Cette femme était d’une maigreur surprenante,
    très jeune encore, et elle eût été belle sans le regard fixe, comme
    enfiévré, de ses énormes yeux noirs et le désordre sauvage de
    ses cheveux très longs, à peine retenus sur sa tête par un chiffon
    noir.
    Messaouda, effrayée, se serra contre sa soeur, mais Oum-
    Zahar fixa son regard sérieux sur l’étrangère et lui dit :
    – Qui es-tu et que fais-tu là près de notre mère ?
    La femme ne répondit pas, mais élevant ses bras maigres
    au-dessus de sa tête, elle clama ce seul mot :
    – Orpheline ! Orpheline ! Orpheline !
    – Elle est folle ; c’est une maraboute, murmura Messaouda
    qui tremblait de tous ses membres.
    Dans le Sahara, les fous inoffensifs vivent et errent en liberté.
    Ils sont innombrables et ils jouissent de l’amour et de la
    vénération du peuple.
    Cette femme n’avait ni le type ni l’accent de l’oued Rir’.
    – D’où es-tu ? continua Oum-Zahar.
    – Loin !
    – Es-tu du Souf ?
    L’inconnue hocha la tête.
    – De Biskra ?
    Elle répéta le même geste négatif.
    – Elle ressemble à Saharia, la sage-femme, qui est des Ouled-
    Amor des Zibans, murmura Messaouda.
    Oum-Zahar s’était rapprochée. Cette créature étrange, effrayante,
    l’attirait singulièrement. Attaché dans un coin du
    voile, Oum-Zahar avait un morceau de galette. Elle le tendit à
    l’étrangère et s’assit en face d’elle, tout près.
    – Dieu est le plus grandi dit la femme, et elle commença à
    manger.
    – Comment t’appelles-tu ? demanda la jeune fille après un
    long silence.
    La femme comprit :
    – Keltoum !
    Sa parole était brève et saccadée, sa respiration haletante.
    L’enfant semblait dormir, d’une effrayante maigreur… Puis elle
    se leva, et d’un pas rapide, mais mal assuré, elle s’en alla. Depuis
    ce jour, Oum-Zahar devint encore plus silencieuse et plus
    sombre. Parfois, la nuit, en dormant, elle bondissait en poussant
    de grands cris.
    – La femme t’a ensorcelée, disait Messaouda qui, maintenant,
    avait peur d’Oum-Zahar.
    El Hadj Saad, remarquant enfin la maladie de sa fille, envoya
    Messaouda quérir la sorcière du village Saharia. La vieille
    hocha la tête, et quand Messaouda lui eut dit leur étrange rencontre,
    elle dit :
    – Elle a ensorcelé la jeune fille. À présent, elle est là-bas à
    Ayela, et elle a jeté le trouble et la frayeur dans l’oasis. On dit
    qu’elle erre la nuit dans les cimetières en poussant des hurlements
    lugubres. On dit aussi que l’enfant qu’elle porte est mort
    depuis longtemps et que c’est par ses sortilèges qu’elle empêche
    le corps de se corrompre… Elle est venue de l’ouest, du pays de
    Metlili, seule et à pied, derrière une caravane de Mozabites.
    Saharia était une petite vieille très insinuante, très douce,
    bien raisonnable… Mais elle avait beau prodiguer à Oum-Zahar
    des caresses, la jeune fille éprouvait pour elle une violente répulsion
    et refusait même de lui adresser la parole.
    De tout temps, El Hadj Saad, qui regrettait amèrement de
    ne pas avoir de fils – l’honneur et la gloire du foyer patriarcal,
    avait préféré Oum-Zahar.
    – Elle a l’intelligence et le courage d’un homme, disait-il.
    Et il était très affligé de la voir malade.
    Cependant, El Hadj Saad avait résolu de se remarier ; peutêtre
    cette fois, Dieu bénirait-il son union et lui donnerait-il un
    fils.
    Depuis que Oum-Zahar avait appris qu’une étrangère allait
    entrer dans la famille, elle s’était encore assombrie.
    En son coeur étrange, un amour infini pour la mère morte
    était né et la venue de l’étrangère lui semblait une injure. Elle
    porterait les robes de la défunte, elle prendrait sa place au métier
    à tisser les burnous, elle trairait la chèvre, elle sécherait les
    dattes et elle battrait Oum-Zahar et Messaouda, car elle serait
    leur marâtre.
    À cette idée, le coeur d’Oum-Zahar se remplissait
    d’amertume et, très étrangement, elle se mettait à songer à Keltoum.
    Elle avait trouvé cette femme près du tombeau de sa
    mère ; donc, c’était elle qui l’avait envoyée… Et la pensée de la
    folle ne quitta plus Oum-Zahar.
    Un jour, Messaouda lui demanda timidement à quoi elle
    pensait durant ces journées de silence qui assombrissait la
    vieille maison caduque.
    – Je pense à ma mère Keltoum, avait répondu Oum-Zahar.
    Et Messaouda était restée interdite ; à elle, la folle inspirait
    une terreur profonde.
    El Hadj Saad demanda et obtint la fille d’un voisin, Saadia,
    et la noce fut fixée au Mouled, l’anniversaire de la naissance du
    prophète, en août. Il restait encore quinze jours jusqu’à cette
    date, mais Oum-Zahar ressentit une émotion douloureuse et, le
    soir, avant le coucher du soleil, elle s’en alla au tombeau.
    Elle était grande et ne devait plus sortir ; mais quand son
    père avait essayé de l’empêcher d’aller visiter la tombe de sa
    mère, elle était tombée à terre avec un grand cri et, pendant une
    demi-heure, elle s’était roulée avec des contorsions terribles.
    Alors Saharia avait dit à El Hadj Saad que sa fille était atteinte
    du mal sacré et qu’il ne fallait plus l’empêcher : elle était devenue
    maraboute.
    Depuis le petit cimetière mélancolique, la vue s’étendait
    très loin dans la plaine désolée où les sebkha salées jetaient des
    taches blanches, livides sur le sol humide.
    Sous les palmiers, la séguia salée, les canaux qui fertilisent
    l’oasis et qui engendrent la fièvre et les visions, murmurait doucement,
    dans l’ombre et le mystère de la futaie sombre, enclose
    de murs en argile…
    Oum-Zahar s’était assise près du tertre et la joue appuyée
    sur sa main était demeurée immobile… Mais un balbutiement à
    peine distinct remuait ses lèvres.
    – Mère, mère ! Petite mère amie ! Où es-tu allée ? Pourquoi
    as-tu laissé orpheline ta petite fille Zaheïra ?
    Et par moments, entre ses sanglots et ses phrases sans
    suite, l’on eût pu entendre le nom de Keltoum.
    Très étrangement, dans l’imagination de l’enfant, l’image
    de Keltoum s’était mêlée à celle de la morte, et en l’appelant
    Keltoum, Oum-Zahar croyait voir apparaître celle qui l’avait
    bercée et aimée !
    Soudain, sortant de derrière la muraille en terre, Keltoum
    parut, portant son nourrisson lamentable : elle s’avança vers
    Oum-Zahar et la prit par la main. Comme en rêve, la jeune fille
    se leva et suivit la folle qui l’entraîna hors de l’oasis sur la route
    des grands chotts salés.

    Sous un ciel presque noir d’hiver où traînent des nuées déchiquetées
    d’un gris trouble, s’étendent les dunes livides de
    l’oued Souf où coulent les sables morts ne participant plus que
    de la vie capricieuse des vents. Au milieu d’un chaos de montagnes
    aux formes arrondies comme les dos immenses de
    monstres accroupis, dans une petite vallée stérile et grise, une
    koubba étrange s’élève, caduque et penchée.
    Étroite et haute, avec son dôme pointu, elle est presque
    noire déjà ; elle a pris la teinte sans âge des constructions du
    Souf. C’est le tombeau d’un saint oublié là, dans ce pays funèbre.
    C’est la koubba de Rezerze-moul-Guéblaouïa.
    La nuit glaciale achève de tomber sur ce site figé et un
    grand silence règne là.
    Cependant, contre la muraille, il y a Keltoum et Oum-
    Zahar, la première était accroupie près d’elle, Oum-Zahar était
    couchée de tout son long. Keltoum ne portait plus l’enfant mystérieux
    dont elle n’avait révélé le secret à sa compagne.
    Maintenant, Keltoum, qui semble ne pas sentir le froid glacial
    et le vent qui pleure dans la dune, poursuit là son rêve noir.
    Depuis des mois, elles errent ainsi toutes deux à travers le
    désert, vivant de la charité des croyants, mais silencieuses. Dans
    l’âme d’Oum-Zahar, très vite, les ténèbres s’étaient faites et
    dans les solitudes où elles erraient, des scènes effrayantes
    avaient eu lieu : elles avaient eu, ensemble, des accès terribles
    du mal dont Keltoum avait le pouvoir redoutable de semer les
    germes sur son chemin… Une nuit, dans le grand désert salé du
    Chott Melriri, l’enfant avait fini de mourir et Keltoum a creusé
    une fosse avec ses ongles dans le sol salpêtré et mou.
    Toutes ces dernières journées, une toux affreuse n’avait
    cessé d’agiter la poitrine desséchée d’Oum-Zahar et, à l’endroit
    où elle crachait, le sable se teignait en rouge…
    Maintenant, elle ne toussait plus et sa respiration haletante
    et rauque ne s’entendait pas ; elle reposait, paisible. Keltoum,
    qui semblait ne pas sentir la morsure cruelle du vent, poursuivait
    son rêve noir.
    Soudain, par une de ces pensées incomplètes sans suite,
    qui dirigeaient son existence à peine humaine, Keltoum se leva
    et appela :
    – Oum-Zahar ! Oum-Zahar !
    La jeune fille garda le silence. Alors la folle se pencha sur
    elle et la toucha : Oum-Zahar était morte.
    Keltoum s’agenouilla, et comme elle l’avait fait pour son
    petit, sans larmes et sans paroles, elle creusa avec acharnement,
    comme une bête, dans le sable… Quand la fosse fut assez profonde,
    elle se leva, prit Oum-Zahar et l’étendit au fond. D’un
    geste brusque, elle ramena un pan du voile bleu sur le mince visage
    douloureux, sur l’or bruni des grands yeux étrangement
    adoucis, largement ouverts dans la nuit ; puis elle rejeta le sable,
    très vite, sur le corps, et, de ses pieds nus, elle le tassa.
    Puis, sans même se retourner, elle s’en alla, à travers le
    vent et la nuit, vers l’inconnu…


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