• Jean Kay

    Un milianais, Jean Kay dans l'OAS, l'Organisation Armée Secrète, qui a fait tant de ravages en Algérie et poussé au départ massif de nos compatriotes Français avec qui, ensemble, nous aurions eu un pays aussi puissant que l'Afrique du Sud de Mandela...Un parcours hallucinant, plein d'histoire de l'Afrique et d'incroyables aventures. A lire absolument !

     Jean-Eugène-Paul Kay, né le 5 janvier 1943 à Miliana en Algérie et mort le 23 décembre 2012 à Loze (Tarn-et-Garonne), est un aventurier et un écrivain français. Ses luttes sont diverses, de l’Algérie française au Cabinda, en passant par le Yémen, le Liban etc. « Pirate au grand cœur» pour certains, « baroudeur illuminé » pour d’autres, il dira de lui-même ne pas combattre pour l’argent mais pour défendre son idéal, « les valeurs chrétiennes » et la lutte contre le communisme, « cette idéologie productrice de misère, de corruption, d’injustice et de mort ».  

    Son procès

     

     Jean KAY et un itinéraire bien compliqué !  

    Jean-Eugène-Paul Kay, est né le 5 janvier 1943 à Miliana en Algérie et mort le 23 décembre 2012 à Loze (Tarn-etGaronne), est un aventurier et un écrivain français. Ses luttes sont diverses, de l’Algérie française au Cabinda, en passant par le Yémen, le Liban etc. « Pirate au grand cœur» pour certains, « baroudeur illuminé » pour d’autres, il dira de lui-même ne pas combattre pour l’argent mais pour défendre son idéal, « les valeurs chrétiennes » et la lutte contre le communisme, « cette idéologie productrice de misère, de corruption, d’injustice et de mort ».

    Biographie

    Il passe peu de temps dans sa ville natale, Miliana. Très tôt, son père, officier des transmissions dans l’armée de terre, a été muté à l’école militaire de St Cyr Coëtquidan en Bretagne. Un de ses frères est aussi officier et notamment a servi à la Légion étrangère (4e compagnie à Holl-Holl- TFAI- Djibouti). Il séjournera également à Paris pendant sa scolarité en internat. Il perd sa mère à l’âge de huit ans. Il reçoit donc une éducation assez rigide, sans mère, dans une famille dédiée à l’art de la guerre, bercée de traditions chrétiennes.

    L’Algérie En 1961, il est caporal dans l’armée française. Son corps d’armée est basé à Montélimar, mais en intervention à Maison-Carrée en Algérie. Dans le but de défendre l'Algérie française, Jean Kay déserte et rejoint l’OAS ; il appartient aux commandos Delta du lieutenant Degueldre, qui y est chargée des attentats et exécutions. Il collabore aux émissions pirates de Radio France, la radio clandestine de l’OAS, commet plusieurs attentats, est arrêté, emprisonné à la prison de la Santé puis au fort d’Ivry, en région parisienne, où il purge une peine de huit mois ; il est finalement condamné à deux ans de prison avec sursis. Cette inactivité lui permet de lire et découvrir Pierre Drieu La Rochelle, Robert Brasillach, et André Malraux. Il est réintégré dans l’armée, à la caserne Dupleix à Paris.

    Après les accords d’Évian, qui établissent l’indépendance de l’Algérie, il déserte à nouveau, définitivement cette fois. En 1963, il est en Espagne à Alicante, où il rencontre des anciens membres de l’OAS, accueillis par le régime franquiste. Pendant son séjour, il rencontre Marie Louisa, surnommée Marisa, avec laquelle il a une fille, Eva, qui naît pendant son séjour au Yémen. En février 1964, à la demande de Roger Faulques, ancien du 1er REP, avec le soutien de Jacques Foccart et de son réseau, il part pour le Yémen, dans la 1re armée royaliste de l’Imam El Badr, commandée par le prince Mohamed Ibn Hussein, financée par l’Arabie saoudite, contre les républicains soutenus par les Égyptiens de Nasser, auteurs du coup d'État de 1962 qui proclamait la république. Il rejoint l’équipe du mercenaire Tony de Saint-Paul, qui était arrivé avec les hommes de Faulques en septembre 1963, et était mort deux mois plus tôt. Entre autres choses, il s’occupe des transmissions ; il est blessé à la main. Son livre "Le guerrier de l’espoir" laisse penser que c'est alors qu’il est enrôlé dans le mouvement fasciste Guerrilleros de Cristo Rey. C’est aussi à cette période qu’il commence à rédiger ce qui sera plus tard "L’arme au cœur". Finalement, les républicains gagnent et prennent le pouvoir au Yémen du Nord.

    Le Biafra et le Liban 1967 est l’année de la guerre des Six Jours du 5 au 11 juin, qui voit le Liban se faire envahir par les réfugiés palestiniens, de la fin de la première guerre du Yémen, et de la tentative de d’indépendance du Biafra. La sécession de la province nigériane est déclarée le 30 mai par le colonel biafrais Odumegwu Emeka Ojukwu, encouragée par la France, incarnée en Afrique par Jacques Foccart, qui livre armes et mercenaires, dirigés par le légionnaire Rolf Steiner. Jean Kay en sera. Les mercenaires se battent sans armes lourdes, à un contre deux, face aux troupes nigérianes du général Yakubu Gowon, soutenu par les Britanniques et les Russes.

    Jean Kay échappe de peu à la mort à bord d’un DC3 chargé de bombarder un destroyer britannique. Mais la cause est perdue d’avance, et c’est la débâcle pour les mercenaires. Jean Kay devra, et ce sera peut être pour lui le début d’une prise de conscience, abandonner un jeune garçon qu’il avait adopté. Fait-il (encore ?) partie de l’équipe de Bob Denard ? Le suit-il ensuite au Katanga soutenir Moïse Tshombé, dans l’équipe des «affreux»? Toujours est-il qu’en 1968 on le retrouve au Moyen-Orient. Il y entraîne, à Tabrieh au Liban, les phalanges chrétiennes maronites, dans le groupe de résistance «Tanzim» de Fawzi Mahfouz Abou Roy, à l'appel de Bachir Gemayel. Il y rencontre également sa deuxième femme, Seta Vanerian, une esthéticienne d’origine arménienne, qui a fui la France après mai 68, pour intégrer le tout récemment créé Front populaire de libération de la Palestine. Ils se marient à Beyrouth suivant le rite orthodoxe, la religion de sa femme, le 25 février 1971. Ils auront une fille, Emmanuelle.

    Il dit volontiers avoir eu une prise de conscience du malheur des populations civiles pendant sa période en Afrique noire, et vouloir lutter à présent en leur faveur. Vol 711 En 1971, Jean Kay est à Paris où il termine probablement son livre "L’Arme au cœur", dans son studio du 15e arrondissement, près du logement de son père, colonel en retraite. Une de ses idoles, André Malraux, âgé de 70 ans, se déclare prêt à partir combattre pour la liberté de ce qu'on appelle à l'époque le Bengale, ou "Pakistan oriental". Pour défendre ce peuple opprimé qui demande à faire scission du Pakistan, ce "pays enragé par son indépendance", l'ancien ministre adresse une "Lettre au président Nixon" dans le quotidien "Le Figaro" du 17 décembre (page 1 et 3) et déclare vouloir y partir lui-même. Il renonce finalement, mais pas Jean Kay: le 3 décembre 1971, le mercenaire prend en otage les passagers et l’équipage d’un avion, le vol 711 de la Pakistan International Airlines à Orly, pour réclamer des médicaments pour le Bangladesh, en les menaçant d’une arme à feu et d’une bombe, contenue dans une sacoche d’où sortent des fils électriques de mise à feu. Il est arrêté après quelques heures, lors du prétendu chargement des médicaments, un leurre de la police pour monter à bord, non sans avoir fait feu sur un de ses assaillants. Le sac du pirate n’était rempli que de livres, dont une bible, et un rasoir électrique d’où sortaient les fameux fils, qui simulaient une bombe. Quelques jours plus tard, le 16 décembre, c’est l’indépendance du Bangladesh par scission avec le Pakistan. André Malraux, grand défenseur du Bangladesh naissant, témoignera en sa faveur à son procès en octobre 1973. Il est condamné à 5 ans de prison avec sursis; il est donc libéré. Son avocat était Jean-Marc Varaut.

    Le livre L’Arme au cœur de Jean Kay est publié, puis son roman "Les Fous de guerres", écrit en détention. Il sort donc de prison fin 1973, et ce long séjour lui a probablement permis de tisser quelques liens dans le «milieu» du banditisme ; la suite de sa vie le montrera. Puis il repart au Liban, et entraîne à nouveau les «phalanges chrétiennes». Le Cabinda Le 24 avril 1974, au Portugal, c’est le début de la Révolution des œillets qui renverse le régime fasciste « salazariste » de Marcelo Caetano. Le 30 juin 1974 des membres du F.L.E.C, qui souhaitent l’indépendance totale du Cabinda, rentrent d’un exil, et ouvrent une représentation à Tchiowa (Capitale du Cabinda). Jean Kay, qui fait alors partie du « Paladin group », part avec ses mercenaires pour l’Angola, encadrer le F.L.E.C du commandant Bissafi, pour la « libération » et l’« indépendance » du Cabinda. Ils font face aux forces angolaises du MPLA, qui s’opposent aux Portugais. Ils vont réussir leur mission, et, le 10 août 1974 le gouvernement congolais envoie au Cabinda une troupe commandée par José Auguste Tchioufou, directeur-adjoint d’Elf-Congo, responsable du « MPC », installée à Pointe-Noire, qui s’autoproclame Président du Cabinda. Le 19 septembre, le Cabinda est annexé par le MPLA de l’Angola, qui chassera le 2 novembre le F.L.E.C et les mercenaires, dont Jean Kay. C’est la fin de la «libération» du Cabinda, maintenant envahi par les forces angolaises, et rattaché au pays. L’indépendance de l’Angola est proclamée à Luanda, par Agostinho Neto du MPLA, président de la République populaire, le 11 novembre. Jean Kay et ses mercenaires fuient les troupes angolaises au Congo, et, fait prisonniers, sont extradés vers la France en septembre 1975 après neuf mois de prison à Brazzaville. Jean Kay devient père, pour la troisième fois, pendant son "séjour" angolais, en juillet 1974, de Patricia, née à Beyrouth.

    En 1975, en Espagne, le 20 novembre, la mort de Francisco Franco permet la restauration de la monarchie. À partir de cette date, les groupes anticommunistes, d’extrême droite, hébergés jusqu’alors par le régime franquiste ne sont plus bienvenus; ils cherchent refuge essentiellement en Amérique du Sud, essentiellement dans le Chili de Pinochet ou dans l’Argentine et sa junte. Pour les anciens de l’OAS, c’est le début de l’activisme sud-américain et de la coopération avec la CIA dans la lutte anticommuniste.

    L’argent

    En ce début 1976, Jean Kay est à Paris. Il fréquente ses anciens amis, des ex-OAS, des mercenaires, dont certains ont mal tourné, par exemple Jacques Prévost, conjuré du "petit-Clamart" et participant au rapt en décembre de Louis Hazan, PDG de Phonogram. Il vit à Boulogne-Billancourt avec et dans l'appartement de Danièle Marquet, qu'il connaît depuis 1972. Cette dernière a pour amie Bernadette Roels, 36 ans, une ex-prostituée convertie en gérante de restaurant (au 42 rue du rendez-vous à Paris 12e ) grâce à l'argent de son amant depuis plusieurs mois : Hervé de Vathaire. Ce dernier, 48 ans, directeur financier de Dassault aviation depuis 24 ans, vient de perdre sa femme Chantal, qui a succombé à un cancer le 19 avril. Sa conscience l'avait poussé depuis plusieurs années à constituer un dossier fiscal compromettant contre son patron. Il rencontre Jean Kay par l’intermédiaire de Bernadette Roels et son amie, Danielle Marquet, la compagne de Jean Kay. Les deux hommes sympathisent, le financier est séduit par la personnalité hors norme de Kay, et ce dernier par la proximité avec l'argent. Tous deux échafaudent un plan : grâce au dossier Vathaire, ils décident de faire chanter Dassault. Du 6 au 10 mai, tous deux, accompagnés de leur amies, se rendront en voyage à Miami, en Floride, aux États-Unis; suivant les sources, il s’agira soit de vacances, soit d’une rencontre avec des exilés cubains anticastriste, et a fortiori anticommuniste. Jean Kay dira à de nombreux amis, dont le journaliste Alain Leluc venu le rencontrer dans un hôtel de luxe à Collins Avenue dans Miami Beach: « je suis sur une affaire d’un milliard ». Mais à leur retour en France, Jean Kay a une meilleure idée : il subtilise le dossier du directeur financier et le fait chanter à son tour : le 6 juillet, Vathaire se rend à la succursale de la BNP au 24 avenue de la Grande Armée à Paris, et retire simplement, grâce à la signature qu'il a sur le compte de son patron, et à la confiance qu'il a obtenue du personnel de l'agence, 8 millions de francs (800 millions d’anciens francs, 1,2 million d’euros, 1,6 million de dollars de l’époque), soit 16 mille billets de 500 francs, sur le compte de Marcel Dassault, qu’il met dans deux gros sacs ; puis il disparaît avec Jean Kay. Les deux compères ne semblaient pas craindre de poursuites, puisqu'ils passent tranquillement leur première nuit à Boulogne dans l'appartement de "Dany" Marquet, puis la nuit du 7 dans le "Grand Hôtel du Château" à Divonne, près de la frontière suisse. Apprenant la plainte de Dassault, la fuite commence. Vathaire seul sera retrouvé, en Grèce, où il s’est livré à la police, mais sans l’argent. Jean Kay est, lui, introuvable. Trois millions seront tout de même retrouvés sur deux comptes en banque suisses, l'un au nom de Kay, l'autre de sa compagne Danièle. Le 25 août, Jacques Chirac (impliqué dans le dossier de Vathaire, qui dénonce les versements occultes de Dassault au RPR), démissionne de ses fonctions de premier ministre (démission politique sans rapport avec cette affaire) ; deux jours après, la presse est au courant et l’affaire de Vathaire éclate au grand jour. La destination de la somme disparue reste mystérieuse. Pour certains, elle aurait financé les Phalanges chrétiennes libanaises en pleine guerre civile et aidé des anciens de l’OAS en Espagne ; pour d’autres, elle aurait financé deux cambriolages ayant pu servir à alimenter des réseaux internationaux d’extrême droite : le casse de la Société générale de Paris en août 1976, et le casse de Nice d’Albert Spaggiari, le week-end du 17 juillet 1976 ; Jean Kay est peut être aussi dans l’équipe, avec, entre autres, des anciens de l’OAS (dont un certain «le Targui», accompagné de «Mireille», et un certain «la baraka»). Albert Spaggiari a lui aussi été à Miami avant son casse. Les deux affaires sont-elles liées à la lutte anticommuniste américaine? Quoi qu’il en soit, Jean Kay gardera une grande partie de la somme volée, puisqu’il en dira cinq ans plus tard : « J’ai eu le Nirvāna de l’argent. Je pouvais tout acheter : un avion, un yacht de luxe, une hacienda en Argentine...».

    La fuite

    Après l’arrestation de Vathaire, son coéquipier de fortune, en Grèce, pays où il a acheté (à Athènes) un voilier dont il ne peut se servir, Jean Kay tente de fuir au Liban rejoindre ses amis du Tanzim. Interpol et «certains services secrets» sont à ses trousses. À partir de 1977, il fuit un peu partout : Espagne, Portugal, Suisse, Singapour, Miami, et certains vont même le considérer comme mort. Il atteint finalement le Royaume-Uni, où il achète un deuxième bateau et commence sa fuite maritime, avec sa compagne Danièle. En 1981, le magazine Paris Match, sous la plume d'Alain Leluc, ami de Jean Kay, le retrouve en Inde, toujours accompagné de son amie "Dany", et le dit «clochard», habitant un refuge au pied de l’Himalaya, se nourrissant d’un bol de riz par jour. Il déclare «avoir trouvé la Paix», et aime à dire que pour lui, « l’avenir n’existe plus ».

    Pourtant, en 1982, à New Delhi, l’avenir frappe à sa porte en lui présentant Fiona Field. Ils vivront ensemble. Au début 1984, chassés d’Australie, on les retrouve à Calcutta, où Jean Kay est à nouveau en prison, pour des troubles à l’ordre public. Ils sont finalement expulsés. En 1985 sa femme Fiona donne naissance dans les Caraïbes à la quatrième fille de Kay. Ils vivront en mer jusqu’à l'âge de la scolarisation de leur fille.

    La retraite ? Les années 1990 voient la fin (temporaire) de la cavale maritime. Jean Kay et sa famille vivent à terre, entre Espagne (Alicante, Barcelone) et la région de Toulouse, pour élever leur dernière fille. En 1997, il publie son autobiographie, "Le Guerrier de l’Espoir". Le 24 février 2000, sa femme Fiona se suicide en se noyant dans une rivière. Jean Kay publie son nouveau livre tiré de l'épisode «Calcutta» 15 ans plus tôt : L’île où l’amour est descendu sur terre. Il repart vivre en mer avec sa fille en 2004.                                                                                                                                 Jean Kay est décédé le 23 décembre 2012 à Loze (Tarn-et-Garonne) 

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    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas


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    "Tout musulman en Afrique du Nord, croyant en l'unicité de celle-ci, croyant en Dieu et en son Prophète est mon frère et partage mon âme. Je ne fais aucune distinction entre un Tunisien, un Algérien, un Marocain; ni entre un Malékite, un Hanéfite, un Chaféite, un Ibadite et un Hanbalite: ni entre un Arabe et un Kabyle, un citadin et un villageois, un sédentaire et un nomade. Tous sont mes frères, je les respecte et les défends tant qu'ils œuvrent pour la cause de Dieu et de la patrie. Si je contreviens à ce principe, je me considérerais comme le plus grand traître à sa religion et à sa patrie."

    Moufdi Zakaria

     

     Histoire du Kassaman, l'hymne national algérien

    Moufdi Zakaria, militant algérien pendant la guerre d'Algérie, est approché par Rebah Lakhdar en 1955 à la demande d'Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda, qui lui demandent d'écrire un hymne national. Le militant algerien Zakaria, alors emprisonné dans la prison Barberousse, propose très vite un poème, Fach’hadou (« Témoignez-en ! »), renommé plus tard « Kassaman » (« Nous jurons ! »), qui est immédiatement adopté.

     La première composition musicale de l'hymne national algérien est écrite par l'algérien Mohamed Touri, à Alger. Cette composition n'étant pas jugée satisfaisante, on demande alors au tunisien Mohamed Triki de composer la musique, avec l'aide d'une chorale algérienne à Tunis. Son résultat n'ayant lui aussi pas été retenu, on demande finalement à Mohamed Fawzi, compositeur égyptien, d'écrire la partition musicale de l'hymne. Cette dernière composition reste, aujourd'hui, la musique de l'hymne algérien.

     

    Poème sur Miliana

     

     

     

    Poème sur l'Algérie

    Algérie, Ô toi Idylle de mon âme
    Toi qui as apporté le salut à mon cœur
    Toi qui as inondé mon être d’harmonie
    Et remplis ma route de lumière.

    Sans le secours de ta beauté je n’eusse point connu la foi
    Ni le chemin qui mène à Dieu
    Sans la foi dont mon cœur déborde
    Je n’eusse cru en rien d’autre qu’en mon peuple !

    Mon être s’illumine lorsque je t’évoque
    Et dès que j’entends ta voix je réponds à ton appel
    Proche ou éloigné,
    Ton amour vit en moi plus fort que je puis le concevoir !

    En chaque endroit, les liens sacrés du sang
    Ne me rattachent-ils pas à ton être ?
    En chaque point, un bonheur capricieux
    Ne nous rappela-t-il pas folles amours ?

    Chaque coin pour nous n’est-il pas un souvenir
    qui plane sur nos instants de bonheur ou sur les jours de guerre ?
    C’est là que m’arrogeant le titre de prophète j’ai écrit mon Iliade,
    Et que Mutanabbi lui-même a cru en moi et cru en mon poème !

    Nous avons occupé la scène de l’Histoire,
    En déclamant des vers ainsi qu’une prière
    Dont les invocations jaillissent de ton âme, Algérie !

     

    Moufdi Zakaria

    Surnommé « le Poète de la Révolution algérienne », son véritable nom fut après Cheikh Zakaria Ben Slimane Ben Yahia Ben Cheikh Slimane Ben Hadj Aissa. Le surnom Moufdi, devenu son pseudonyme littéraire, lui a été décerné par Slimane Boudjenah. Il est né le samedi 12 juin 1908, à Beni Izguen (Ghardaïa) dans la région du Mzab. Il quitte très tôt son village natal pour rejoindre son père, alors commerçant à Annaba où il reçoit son enseignement, et où il s'initie à la grammaire et au fiqh.

    D'Annaba il rejoint Tunis, chez son oncle. Là, il poursuit ses études, successivement à l’école Es-Salem, l’école El Khaldounia et l’université de la Zeïtouna. En fréquentant le milieu estudiantin algérien à Tunis, il se lie d'amitié avec le poète tunisien Abou el Kacem Chebbi et le poète algérien Ramadane Hammoud, avec lequel il fonde l'association littéraire El-Wifaq (l'Entente) qui publiait une revue entre 1925 et 1930.

    De retour en Algérie, il crée une association similaire, publie la revue El‑Hayet dont seuls trois numéros sortiront en 1933. Membre actif de l'Association des Étudiants musulmans de l'Afrique du Nord à partir de 1925, il critique la tendance assimilationniste du mouvement Jeune Algérien, et proteste contre les fêtes du Centenaire en 1930. Bien qu'éprouvant des sympathies pour le mouvement réformiste des Oulémas, c'est à l'Étoile Nord‑Africaine qu'il adhère lorsque le mouvement s'implante en Algérie vers 1933. Il milite ensuite au Parti du Peuple Algérien (PPA) après la dissolution de l'Étoile, compose Fidaou el Djazair, l'hymne du (PPA), et participe aux meetings. Arrêté le 22 août 1937 en même temps que Messali Hadj et Hocine Lahoual, il est libéré en 1939. Il poursuit son action, lance avec des militants le journal Achaâb, collabore avec des journaux tunisiens en signant El‑Fata El Watani ou Abou Firas.

    De nouveau arrêté en février 1940, il est condamné à 6 mois de prison. En 1943‑1944, il est à la tête avec d'autres, d'un restaurant à Alger ; il collabore alors à des journaux clandestins : Al‑Watan et L'Action Algérienne. Après le 8 mai 1945, arrêté, il reste trois ans en prison. Libéré, il adhère au MTLD. Candidat aux élections à l'Assemblée algérienne, il est victime des fraudes électorales.

    En 1955, il rejoint le FLN. Arrêté en avril 1956, il est incarcéré à la prison Barberousse à Alger où il écrit l'hymne national Qassaman qui sera mis en musique, la 1re fois par Mohamed Triki en 1956), ensuite par le compositeur égyptien Mohamed Fawzi et enregistré dans les studios de la Radio Télévision Tunisienne en juillet 1957. Libéré trois ans plus tard, il s'enfuit au Maroc, puis en Tunisie où il collabore au El Moudjahid jusqu'en 1962. Après l'indépendance, il se consacre à la création littéraire. Exerçant la profession de représentant de commerce en parfumerie (représentant notamment d'une firme belge), il n'aurait pas eu de domicile fixe.

    Poète du mouvement national et chantre de la Révolution algérienne, son souffle est puissant. Sa poésie est solide et a pour but d'aiguiser la conscience nationale. Le poète meurt en 1977 à Tunis d'une crise cardiaque. Il est enterré à Beni Izguen.

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    Benyoucef ABBES-KEBIR                                                                             Directeur du Musée de la Manufacture d'Armes de l'Emir Abdelkader   L'archéologue-bédéiste 

    Il prend sa retraite et nous assure  que la Manufacture                                       sera aussi bien gérée que de son temps 

                                                                                                                                                             Benyoucef Abbes-Kebir,  dessinateur, illustrateur, caricaturiste, musicien, archéologue. En 1977, il publie sa première planche de bande dessinée dans le journal « L’Unité ». Il collabore dans la presse Algérienne et Arabe. Actuellement, il est directeur du musée de la manufacture de l’Emir Abdelkader à Miliana.                                             

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    Deux de mes amis poètes Lazhari Labtar (à gauche) et Benyoucef Abbès-Kebir                                ou l'amitié de Laghouat et Miliana, villes chères à mon coeur

     Située en contrebas de la ville de Miliana, le site avait été choisi par l’Emir Abdelkader au regard de sa position stratégique, dominant la plaine du Chélif et surtout se trouvant en aval de deux oueds. Une eau à profusion nécessaire comme énergie pour faire tourner les cinq forges « à la catalane ». C’est un ingénieur du nom d’Alquier Cases qui avait déserté l’armée française, subjugué par l’aura de l’Emir Abdelkader, qui gérait cette manufacture. Une énergie hydraulique qui faisait tourner une immense roue pour faire actionner un martinet qui donnait au minerai fondu la forme voulue. C’était au printemps 1839, aux premières années de la résistance contre le colonialisme français qui avait pris pied sur la terre d’Algérie. Sur deux étages, la manufacture s’étalait sur une superficie de 800 m2, attenante à une autre bâtisse qui servait de chambres pour la restauration et l’hébergement des ouvriers, disposant également d’un hammam. En 1840, avant la chute de la ville de Miliana, l’Emir Abdelkader décide sa destruction pour éviter que l’armée coloniale ne s’en serve. La manufacture a retrouvé aujourd’hui son âme, se laissant raconter par les mannequins reproduisant les gestes des ouvriers de l’époque. Un équipement scénographique fait de sons et de lumières réalisé par un bureau d’études artistiques de Mostaganem qui reconstitue l’atmosphère et donne un aperçu sur le génie militaire et organisationnel de l’Emir Abdelkader.

    Un lieu qui ne désemplit pas à longueur d’année, Située en contrebas de la ville de Miliana, le site avait été choisi par l’Emir Abdelkader au regard de sa position stratégique, dominant la plaine du Chélif et surtout se trouvant en aval de deux oueds. Une eau à profusion nécessaire comme énergie pour faire tourner les cinq forges « à la catalane ». C’est un ingénieur du nom d’Alquier Cases qui avait déserté l’armée française, subjugué par l’aura de l’Emir Abdelkader, qui gérait cette manufacture. Une énergie hydraulique qui faisait tourner une immense roue pour faire actionner un martinet qui donnait au minerai fondu la forme voulue. C’était au printemps 1839, aux premières années de la résistance contre le colonialisme français qui avait pris pied sur la terre d’Algérie. Sur deux étages, la manufacture s’étalait sur une superficie de 800 m2, attenante à une autre bâtisse qui servait de chambres pour la restauration et l’hébergement des ouvriers, disposant également d’un hammam. En 1840, avant la chute de la ville de Miliana, l’Emir Abdelkader décide sa destruction pour éviter que l’armée coloniale ne s’en serve. La manufacture a retrouvé aujourd’hui son âme, se laissant raconter par les mannequins reproduisant les gestes des ouvriers de l’époque. Un équipement scénographique fait de sons et de lumières réalisé par un bureau d’études artistiques de Mostaganem qui reconstitue l’atmosphère et donne un aperçu sur le génie militaire et organisationnel de l’Emir Abdelkader. Un lieu qui ne désemplit pas à longueur d’année,avec à l'accueil Benyoucef Abbes-Kébir et son éternel sourire.La manufacture d’armes de l’Emir Abdelkader mérite le détour tout autant qu’une  « Gâada » avec son directeur, le pourvoyeur de son âme…

     

    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Elle était pour eux cette Kermesse à Miliana en 1933

    où n'apparaissaient que de rares Milianais

    Grande Kermesse à Miliana pour Pâques 1933. Photo d'Henri Deyris.

     

    Et post-indépendance aux premières années, subsistèrent quelques bals et sauteries lors de la Fête des Cerises


     

     

    Que cet écrit soit un appel à nos édiles municipaux pour
    une meilleure prise en charge de notre cité et la
    prépation d'une Fête des Cerises digne de MILIANA

    MILIANA et
    Les Cerises   ou   Hab El Moulouk   ( Grains des Rois )

    Miliana, Miliana, Eden Terrestre, Paradis en perdition...
    On parle moins de Miliana, ce nid d'aigle, où poussent toutes sortes de fruits aux 
    noms enchanteurs, Reines-Claudes, Cerises, Mirabelles, Plaquemines,Amendes, 
    Grenades, Pommes, Pêches Rustiques, Prunes, Coings, et bien d'autres encore qui
     vous mettent l'eau à la bouche...
     A l'évocation de Miliana, on lui associe automatiquement, ville des cerises qui en 
    faisaient sa renommée et aussi Fête des Cerises qui était l'une des plus belles 
    d'Algérie, très fréquentée et prisée par des visiteurs des quatre coins du pays.
     On pouvait y voir des chars fleuris, aller danser au bal, animé pour l'un d'entr'eux, 
    par Perez BRAVO et son orchestre, venus du Brésil, ou à la sauterie dansante à la 
    piscine etc...
    Mais cela, c'était hier et le dépérissement de cette fête en a fait une sorte de 
    braderie locale... Nostalgie des souvenirs...

    Revenons à nos CERISES, ce fruit princier qui, lui aussi, se fait rare
    en raison du non renouvellement de ses arbres et des évènements survenus dans 
    le pays qui ont poussé à l'abandon des campagnes.  Un fruit éphémère, qui n'est 
    disponible que quelques semaines chaque année.Contrairement aux pêches ou au melon,                en vente tout l'été, la cerise se laisse désirer. 

    La cerise est choisie de préférence charnue, ferme, d'une couleur éclatante et 
    brillante, avec des queues vertes et attachées.Il existe de nombreuses variétés de cerises                 réparties  en deux catégories, les douces 

    et les acides. Parmi les douces, on trouve les bigarreaux, très recherchés pour leur 
    fermeté et leur goût raffiné et sucré.
    Les pédoncules, ou queues de cerises, se préparent en décoctions et sont utilisées 
    notamment contre l’inflammation des voies urinaires, la goutte,la cystite et 
    l'hydrophisie
    Et la confiture aux cerises à la saveur exquise que l'on réservait surtout aux hôtes 
    de même que celle des petites poires - Blanquettes ou planquettes - que l'on prenait 
    par la queue pour la déguster comme le miel ...
     

    En effet, la cerise de Miliana est de grande renommée et, sans verser dans le 
    chauvinisme, la meilleure du pays.  Et elle a servi d'exemple dans la comparaison 
    d'avec Tlemcen dans un écrit dont je ne me rappelle plus que ce qui suit :
     
    "Tlemcen, Tlemcen, tu serais Reine,
    N'étaient les Cerises de Miliana" 

    Cette année, vue la rareté de la cerise, son prix  a atteint des sommets innouis ce qui 
    a considérablement réduit ses confitures dans les ménages qui les réservaient pour 
    l'essentiel aux invités
     Figurez-vous qu'en réalité, ce n'est pas la cerise qui faisait la renommée de Miliana 
    mais la prune "la Reine Claude" dont toute la production était destinée à l'exportation 
    vers la France . La Reine Claude a aussi disparu et d'après les spécialistes, ce serait 
    dû aux conditions atmosphériques. Nous avions à la maison ce prunier très généreux 
    et un cerisier bigarreau qui avait dépassé en hauteur les tailles habituelles, et tous 
    deux se sont éteints.

      Cerise est un prénom usité (n'est-ce  pas beau ?)

    « mettre une cerise sur le gâteau », c’est terminer une activité,
    « c’est la cerise sur le gâteau » signifie (parfois ironiquement) « c’est le petit 
    détail final qui parfait une réalisation ».
    En informatique, le terme « cerise » commence à voir une grande diffusion, 
    c’est en fait le crack / patch concernant un logiciel 
    (Réseau P2P principalement ; Mininova, ThePirateBay, ReloadParadise...).
     
     -Jacques Rousseau (1712-1778), extrait de L’idylle des cerises dans 
    Confessions (1782)
    je vous aime:Après le dîner […] nous allâmes achever notre dessert avec des cerises. 
    Je montais sur l’arbre, et je leur en jetais des bouquets dont elles me rendaient des 
    noyaux à travers les branches. Une fois Melle Gallay, avançant son tablier et reculant 
    la tête se présentait si bien, et je visais si juste, que je lui fis tomber un bouquet dans 
    le sein; et de rire. Je me disais en moi-même : Que mes lèvres ne sont-elles des cerises ! 
    Comme je les leur jetterais ainsi de bon cœur…
     

    Quelques recettes :

                                                    

    "Le temps des cerises"  - Paroles de la chanson:

    Mais il est bien court, le temps des cerises
    Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
    Des pendants d'oreilles...
    Cerises d'amour aux robes pareilles,
    Tombant sous la feuille en gouttes de sang...
    Mais il est bien court, le temps des cerises,
    Pendants de corail qu'on cueille en rêvant !

    Quand vous en serez au temps des cerises,
    Si vous avez peur des chagrins d'amour,
    Evitez les belles !
    Moi qui ne crains pas les peines cruelles
    Je ne vivrai pas sans souffrir un jour...
    Quand vous en serez au temps des cerises
    Vous aurez aussi des chagrins d'amour !

    J'aimerai toujours le temps des cerises,
    C'est de ce temps-là que je garde au cœoeur
    Une plaie ouverte !

    Et dame Fortune, en m'étant offerte
    Ne saurait jamais calmer ma douleur...
    J'aimerai toujours le temps des cerises
    Et le souvenir que je garde au cœoeur !

     ________________________________

     Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas 

     

     

     

    La fête du Mouloud à Miliana

     

    M'Naret Miliana

     La fête du Mouloud correspond à la célébration de la naissance du prophète Mohammed (صلى الله عليه و سلم) qui est né à La Mecque le 12 du mois lunaire de Rabie el-awal en l’an de l’Eléphant correspondant à l’année 571 de l’ère grégorienne et qui mourut à Médine à l’âge de 63 ans, exactement le 12 du mois de Rabie el-awal en l’an XI de l’Hégire correspondant à l’année 632 grégorienne. 

    C'était des petites maisons faites en planches, avec des minarets. Elles étaient de la taille d'un véhicule. Elles étaient illuminées avec des cierges et bougies. Les femmes lançaient des you you à leur passage.Toutes les "m'nara" convergeaient  alors vers la mosquée du Saint Patron de la ville  Sidi Ahmed Benyoucef où une veillée religieuse était organisée.     

    La préparation des festivités se fait quelques jours auparavant par la construction des M'narettes dans les divers quartiers de la ville et c'est une sorte de concours pour la plus belle d'entr'elles.

    C'est dans une ambiance de compétition et de rivalité que les Milianais réalisent le meilleur chef-d'oeuvre à la veille de cette fête, une atmosphère de joie gagne les rues de la ville, les M'NARETTES harmonieusement illuminées de bougies, de fruits, de friandises, de parfum et de bouquets de fleurs sont  préparées à prendre le départ pour la mosquée de Sidi Ahmed-Benyoucef.  

    La M'NARA, sorte de maquette faite à base de bois et de roseaux en forme de mosquée, de tours et de bâteaux, à l'intérieur desquelles on met des bougies allumées est alors prête.

     C'est sous les éclats du baroud , des youyous et de la zorna que le défilé des M'NARETTES arrive à la grande mosquée deSidi Ahmed Benyoucef.  Après la prière d'El-Maghreb, les M'NARETTES sont disposées en face d'une rangée de Tolbas qui annoncent l'ouverture de la cérémonie en récitant la FATIHA.            Le rituel consiste à vendre aux plus offrants, les produits exposés sur les M'NARETTES en signe de BARAKA.

     La cérémonie se termine aux premiers lueurs de l'aube.

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    La fête du Mawlid Ennabaoui Echarif est l'occasion pour les Milianais de manifester l’amour qu’ils portent au Prophète Mohamed (S.A.W), de se rappeler ses actions et ses Hadiths, de se remémorer sa vie, sa naissance, ses miracles, sa foi et ses actes illustrant la grandeur de l'Islam. Pour célébrer ce jour,Miliana conserve sa propre tradition festive.  

     

     

     

    Le Rakb des Beni Far'h

    De Benyoucef ABBAS-KEBIR

     Le "Rakb des Beni Far'h" reste le pèlerinage le plus important par rapport à ceux qui s'échelonnent de Mai à Décembre. Il regroupe un grand  nombre de tribus venues  des douars d'El Aneb, des Beni Ghomeriane et de Bouhalal de la région de Cherchell. Selon une vieille tradition, on dit que le wali Sidi Ahmed  Benyoucef avait  un visiteur berbère, toujours joyeux, qui , ayant rejoint sa famille à El Aneb, se plaignit de la stérilité du pays. Sur un vœu du Cheikh , la montagne se montra remarquablement fertile et les six enfants du serviteur furent père de mille six cent âmes.

       "Qui les rejoint est dans la joie, qui les quitte est la tristesse".

    Ce diction explique comment les Beni Far'h ont un nom qui exprime l'idée de la joie. Ce pèlerinage date depuis très longtemps, dés le 18ème siècle, le docteur Shaw en brosse un tableau, " Au printemps des flots de visiteurs venus d'Alger, de Blida et du voisinage y viennent dévotement prêter louanges au tombeau de Sidi Ahmed Benyoucef patron de la ville ". Ce jour là dès le matin, l'atmosphère rayonne de joie et d'ambiance pour accueillir les pèlerins. On décore l'intérieur de la Kouba avec de jolis tissus multicolores. On nettoie les abords du sanctuaire où des marchands de halawiyat viennent étaler  leurs éventaires. Plus loin, des gargotes de fortune  et de loteries sont installées à l'ombre des platanes de la " Place du Charbon".

      Les clameurs de la foule, devenant plus dense, se mêlent aux sons nasillards des joueurs de flûte et de ghaïta et des " Glaglias", qui sillonnent de  long en large la petite place, en jouant plusieurs aubades autour des curieux, qui, d'un air jovial leur lancent des pièces de monnaie. Vers l'après midi les Milianais et les visiteurs se pressent pour aller accueillir le Rakb devant l'entrée de "Bab El Gharbi", sur la route de Ben Allel, à quelques Kilomètres des remparts et sur les talus qui dominent la route, attendant impatiemment les pèlerins. Soudain, on entend  des coups de feu, et des youyous, signes de l'arrivée du grand Rakb. Des cavaliers portants de lourds sandjak ( étendards) de couleur rose et bleu pâle avancent solennellement en tête du cortège cérémonial, suivis d'un flot de pèlerins avec des mulets chargés de provisions et accompagnées de musiciens. Acclamant le cortège, la foule s'y mêle et tout le monde afflue massivement sur la sanctuaire. A l'entrée de la Zaouïa, les pèlerins sont salués  par des chants et les youyous des femmes engouffrées dans les galeries du petit patio. Les yeux se mouillent, les gorges se serrent, la ferveur est impressionnante. Une fois le couscous servi aux hôtes, les veillées sont rehaussées de concerts de Gasba, de Bendir et de M'dadha, assis sur de larges H'saïr, étendues dans l'enceinte du sanctuaire. On joue des airs fort entraînant à des danseurs virtuoses dans le J'Dib (danse extatique) qui finissent par s'écrouler par terre. 

     

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      D'autres sirotent du café et du sahleb, préparéssur des foyers de braise, en discutant su leurs récoltes et d'autres affaires. La plupart des "Zouars" passent la nuit à la belle étoile, profitant de la douce saison. Le lendemain  matin, les pèlerins se séparent, regagnant chacun son douar pour se donner rendez-vous l'année prochaine. Le sanctuaire du saint Sidi Ahmed Benyoucef replonge dans l'ombre pour retrouver sa quiétude et sa sérénité.


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    L’enfant terrible de Miliana Ali Amar, dit Ali La Pointe

    Même si nous tous connaissons son parcours de vie, il mérite d'être revisité. Qu'il est dommage qu'il n'ait pas survécu pour goûter à l'indépendance de son pays pour lequel on lui a pris sa vie...Il avait 27 ans .Lire aussi in fine Roman de jeunesse, «P’tit Omar, la révolution dans le cartable», paru en mars 2012, de l’écrivaine Souhila Amirat compagnon de Ali la Pointe, lui tué à 12 ans... et la désertion à partir de Miliana d'Henri Maillot avec un camion d'armes pour les maquis...                        


    Ali la Pointe 
    Par Mustapha Boutadjine.Paris 2004 – Graphisme-collage, 120 x 90 cm 

    Ali la Pointe, de son vrai nom Ali Amar, est né le 14 mai 1930 – année où la puissance coloniale célébrait en grande pompe le centenaire de sa présence en Algérie – au lieu dit El Annassers, un quartier situé au milieu des vergers, dans la partie basse de la ville de Miliana.

    Le sobriquet «La Pointe» dont a été affublé Ali Amar ne tire pas son origine de la Pointe Pescade (actuellement Rais Hamidou), une localité côtière située à la périphérie d’Alger, contrairement à ce que croient beaucoup d’Algériens, mais de la Pointe des Blagueurs, une esplanade située à l’extrémité sud de la ville des Cerises, qui offre une vue imprenable sur la vallée du Chellif, avec en contrebas le quartier des Annassers et ses vergers plantés d’arbres fruitiers, notamment des cerisiers. C’est de cette esplanade qu’Ali la Pointe se sauvait lorsque les gendarmes se mettaient à ses trousses, sûr de lui qu’ils n’avaient aucune chance de le rattraper.

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    Stèle de Ali la Pointe à la Pointe aux Blagueurs

    Le jeune Ali eut une enfance très difficile au cours de laquelle la misère a été accentuée par le déclenchement de la Première Guerre mondiale, alors que les Algériens subissaient déjà les affres de la colonisation française. Privé du privilège de suivre des études qui lui auraient permis de gagner sa place dans la société, il n’eut d’autre alternative que de travailler dans des fermes appartenant à des colons afin d’aider sa famille à se nourrir, subissant au passage les pires humiliations, la domination et l’exploitation. Révolté et rebelle, il était animé d’une aversion prononcée contre le système colonial qui régissait l’Algérie et asservissait son peuple. Ali Amar se révoltait à sa manière contre l’injustice que subissait sa famille.

    A treize ans, il fait l’objet d’une première condamnation après s’être rebellé contre des gendarmes. A sa sortie de prison, il se rend à Alger pour y suivre une formation en maçonnerie. Après les cours, il pratique, au Club sportif d’Alger (CSA), son sport préféré : la boxe. Par pour longtemps, car son caractère turbulent et rebelle lui vaut de connaître, à plusieurs reprises, la prison pour divers délits, dont le vol d’effets militaires, coups et blessures volontaires, violence et voie de faits et tentative d’homicide volontaire.

    La Pointe aux Blagueurs qui porte le nom de Ali Amar, héros de la guerre de Libération Nationale

    En 1952, il est incarcéré à la prison de Damiette (Médéa) alors qu’il est âgé de 22 ans. Trois années plus tard, le 2 avril 1955, il s’évade en compagnie de l’un de ses compagnons de cellule. Il prend, dans un premier temps, la direction de Blida puis réussit à rallier Alger où il entre en clandestinité. Jusque-là, l’étiquette de malfrat multirécidiviste qui lui collait à la peau va peu à peu s’estomper pour laisser place à celle d’un stratège de la guérilla urbaine, une sorte de «bandit d’honneur», mais qui ne va pas, non plus, atténuer l’inlassable chasse à l’homme dont il faisait l’objet. Au contraire, la justesse de la lutte qu’il menait lui valut une traque beaucoup plus accentuée de la part des autorités françaises, décidées à l’éliminer, car il commençait à constituer un réel danger pour le maintien de l’Algérie française. C’est à Alger qu’il fait la connaissance de nationalistes algériens qui lui transmettent l’idée et l’esprit de la révolution. Un certain Ahmed Rouibi, dit Ahmed Chaib, le contacte puis le présente à Yacef Saâdi, l’un des chefs de Zone autonome d’Alger (ZAA).

    Après plusieurs tests et mises à l’épreuve qui consistaient à mener des missions périlleuses dans la capitale, quadrillée alors par les parachutistes du général Massu, notamment des attentats contre des gendarmes et des traîtres à la cause algérienne, il constitue avec un groupe de fidayîn, dont font partie Hassiba Ben Bouali et Abderrahmane Taleb, un commando de choc qui allait porter le combat au cœur même de l’état-major français.

    Après trois années de lutte armée (avril 1955-octobre 1957), Ali La Pointe est repéré le 8 octobre 1957 par les forces armées coloniales dans un immeuble de la Casbah situé au 5, rue des Abderrames. Il sera tué en compagnie de ses frères d’armes de la ZAA, en l’occurrence Mahmoud Bouhamidi, Hassiba Ben Bouali et Omar Yacef, dit P’tit Omar, âgé de douze ans, après que les parachutistes du 3e Régiment étranger de parachutistes (REP), commandé par le colonel Bigeard, eurent dynamité la maison où ils s’étaient réfugiés. Cette action a entraîné l’effondrement d’un immeuble mitoyen qui a causé la mort de 24 autres Algériens, dont 8 enfants. Au moment de sa mort, Ali La Pointe était âgé de 27 ans. L’ensemble de la presse locale de l’époque était revenu sur les faits du 5, rue des Abderrames. L’Echo d’Alger a faussement précisé qu’«Ali La Pointe ne s’est pas fait sauter» avec le stock d’explosifs qu’il détenait mais qu’«il a été attaqué dans son repaire par les parachutistes». Il est incontestable que l’objectif de ces assertions avait clairement pour but de ne pas en faire un martyr afin de ne pas pousser les jeunes Algériens à suivre sa voie.

    Zohra Drif, une grande figure de la Bataille d’Alger, apporte son témoignage de ce que fut Ali La Pointe.
    «(…) Il avait la puissance, le courage. Les Français avaient très peur de lui (…). Je dois dire que lorsque je pense à l’engagement d’Ali je ne peux m’empêcher d’y voir une sorte de rachat (…). Nous connaissions le passé d’Ali, qui, d’ailleurs, n’était pas proxénète, car lorsqu’il a mené sont combat, on avait l’impression qu’il voulait racheter ses erreurs, rattraper ses égarements.»  Pour Mustapha Cherif, Professeur des universités, écrivain, ancien ministre et ambassadeur, né à Miliana,«son courage, sa témérité, sa fidélité, sa conviction de la justesse de la lutte qu’il menait lui permirent de réussir des actions spectaculaires, qu’il accomplissait en plein jour, de par son sang froid exceptionnel (…)

    Ce grand héros de la révolution s’était distingué par sa bravoure sans faille aux côtés de nombreux autres héros de la Bataille d’Alger pour libérer la patrie de l’oppression coloniale (…). »
    Aujourd’hui, sur la place de Miliana qui porte son nom, une stèle a été érigée à sa mémoire, à l’endroit où, alors enfant à peine âgé de 10 ans, il aimait faire des pieds-de-nez aux gendarmes qui le harcelaient, lui l’enfant qui ne demandait rien d’autre que de seulement vivre les mêmes sensations à l’âge où de petits Français étaient plus avantagés et choyés dans un pays qui n’appartenait ni à leurs parents ni à la République française, mais appartenait bel et bien aux ancêtres de Ali Amar, en l’occurrence l’Emir Abdelkader, Sid Ahmed Benyoucef El Miliani et bien d’autres encore.

    Abderachid Mefti.

     

    Roman de jeunesse, «P’tit Omar, la révolution dans le cartable», paru en mars 2012, de l’écrivaine Souhila Amirat, relate l’histoire héroïque d’un enfant patriotique, mort tragiquement très jeune.

     Ecrit dans un style simple, linéaire et dépourvu de métaphores, ce livre est destiné aux jeunes générations. Il retrace le parcours de Omar Yacef, dit «petit Omar», qui, alors âgé de neuf ans accompagnait et assistait à côté de son père, un militant du PPA, aux réunions clandestines. Le jeune garçon prenait vite conscience du fait colonial et devenait dès lors, agent de liaison entre les Moudjahiddine durant la guerre de libération nationale. Pourquoi «la révolution dans le cartable» ? Le récit nous rapporte qu’au lieu de ses livres et cahiers de classe, ce petit courageux transportait des documents et messages importants classés secrets dans son petit cartable d’écolier, qu’il réussissait à faire parvenir aux Fidaîyine en un véritable coup de maître. Petit Omar est né le 7 janvier 1944, à la Casbah d’Alger. Ce courageux militant connaissait tous les recoins de la Casbah, et de ce fait, il parvenait sans difficulté à éviter le contrôle de l’armée française. Sautant d’une terrasse à une autre, il brouillait les pistes en pleine bataille d’Alger. Le 8 octobre 1957, la Casbah était encerclé et prise au piège par les parachutistes français, qui avaient déposé des bombes au n° 5 de la rue Abderrahmane où se situe la maison qui servait de planque à Hassiba Ben Bouali, Ali La Pointe, Bouhamidi et le Petit Omar. Le coup de feu était donné et la maison explosait et tombait en ruine, enterrant les corps calcinés des militants, dont le petit Omar, mort pour la cause nationale à l’âge de 12 ans. Née en 1968 en Algérie, Souhila Amirat est diplômée en informatique. Elle se consacre à la littérature de jeunesse. À la mort de la mère du petit Omar, Souhila décide d’écrire ce roman pour rendre hommage à ce jeune héros de la révolution Algérienne. L’œuvre, paru en mars 2012, et éditée à compte d’auteur est destinée aux jeunes générations. Elle vient s’ajouter à la mémoire collective et au patrimoine du peuple algérien, en ce cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie.

     

    En 1956, Henri Maillot est affecté au 57e bataillon de tirailleurs de Miliana, avec le grade d'aspirant. Le 4 avril 1956, il déserte et détourne un camion d'armes et de munitions pour rejoindre un groupe de maquisards communistes qui s'était constitué dans la région d'Orléansville sous la responsabilité d'un membre du bureau clandestin du PCA, Abdelkader Babou. Quelques jours plus tard, il adresse aux rédactions des journaux français une lettre où il écrit notamment : « Au moment où le peuple algérien s'est levé pour libérer son sol national du joug colonialiste, ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur

     


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