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    thiziri , la princesse et l'ogresse
    conte kabyle

    Autrefois, dans une vieille maison en pierre, vivait une pauvre veuve, mère de sept enfants. La malheureuse se retrouva sans aucune ressource financière, lorsque son époux décéda d’une longue et terrible maladie. Elle dut affronter seule les difficultés de l’existence. Pour nourrir ses enfants, elle acceptait tous les travaux qu’on lui proposait et s’acquittait de ses tâches correctement afin de récolter quelque argent… Ses fils se chargeaient de l’aider à l’extérieur, tandis que ses filles s’occupaient du foyer. La vie était bien pénible pour cette famille nombreuse.

    Quand l’hiver approchait, la veuve avait peur que ses enfants ne meurent. de froid. Alors, à l’aide de bouts de laine recueillis ici et là, elle se mettait à tisser, tard dans la nuit, une large couverture de laine.

    Par une nuit plus fraîche que de coutume, le vent soufflait à grandes rafales alors que la pauvre femme s’usait les yeux à tisser jusqu’à une heure avancée de la nuit. Ses enfants dormaient profondément, les uns accrochés aux autres, comme s’ils avaient peur de se séparer.

    Brusquement, la fragile porte d’entrée claqua. Apparut alors une énorme silhouette, si effrayante que la veuve recula jusqu’au mur. Horrible et repoussante, Tériel l’ogresse se tint sur le pas de la porte, fixant de son regard perçant la pauvre femme toute tremblante. Le monstre avança vers le métier à tisser et rassura la femme terrorisée : « Ne crains rien ! Laisse-moi t’aider ! » Stupéfaite et effarée, la veuve ne put prononcer un seul mot.

    Avec un acharnement démentiel, l’ogresse se mit à tisser. La peur au ventre, la veuve pensa qu’une fois la couverture achevée le monstre la dévorerait, elle et ses malheureux enfants. Mais le monstre n’en fit rien. Au contraire, dès qu’il eut fini de tisser une couverture, il en entama une autre et ceci jusqu’à l’aube. A ce moment-là, le monstre s’arrêta et sortit en lançant à la femme : « Voilà tes enfants à l’abri du grand froid ! Rassure-toi, l’hiver prochain, je reviendrai te tisser d’autres couvertures ! »

    Il en fut ainsi durant sept ans. Au début de chaque saison hivernale, l’ogresse faisait irruption chez la veuve et lui tissait sept couvertures de laine.

    Au bout de la septième année, alors que l’aîné des enfants avait atteint dix-sept ans, Tériel réapparut un soir d’hiver, comme de coutume. Elle annonça à la veuve : « Voilà sept ans que je t’aide à protéger ta progéniture des morsures du froid. Aujourd’hui je suis revenue te demander de m’offrir ton fils aîné afin de t’acquitter de ta dette. Pour me témoigner ta gratitude, tu me le donneras, il me sera très utile. »

    La veuve saisit enfin la fausse générosité qui avait motivé l’ogresse durant toutes ces longues années. Elle se souvint, qu’enfant, sa grand-mère lui contait d’innombrables histoires sur cet horrible monstre qui habitait on ne sait où, qui guettait des proies en difficulté et dévorait ses victimes toutes crues. Elle lui disait toujours que Tériel ne se montrait que pour annoncer un malheur. La pauvre femme réfléchit un peu et pensa que, si elle refusait à l’ogresse ce qu’elle exigeait d’elle, celle-ci se fâcherait et serait capable d’avaler toute la famille. Elle se résolut alors à sacrifier son fils aîné, qui était pourtant son préféré. Elle alla le voir et lui dit à voix basse : « Mon fils, toi la première perle de mon collier de vie, tu dois accompagner l’ogresse chez elle ! Je pense qu’elle projette de te dévorer, mais il existe un moyen pour la contrarier et la faire tomber dans l’interdit, expliqua la mère. Dès qu’elle s’apprêtera à t’emmener avec elle, empresse-toi de lui téter le sein, tu deviendras ainsi son fils et même une ogresse ne peut dévorer son enfant » Il suivit les recommandations de la veuve. Surprise et dépassé par l’événement, l’ogresse se mit en colère. et s’adressa à lui : « Petit misérable ! Tu m’as eue ! Mais je te prendrai malgré tout avec moi. »

    L’ogresse plongea le jeune homme dans son sac, le mis sur son dos et quitta la veuve bouleversée et déchirée par le départ de son fils aîné.

    Le monstre marcha durant de longs jours sans s’arrêter. Le jeune homme, prisonnier au fond du sac, ne vit aucune lumière et ignora tout du voyage. Il arrivait à peine à respirer. De temps à autre, le monstre lui glissait un morceau de galette. Il avait soif, mais il résista du mieux qu’il le put.

    Au terme d’un mois de voyage, Tériel l’ogresse, arriva enfin chez elle, dans un pays souterrain et obscur, où l’on n’entendait que les cris des hiboux, des chacals, des ogres et autres animaux de mauvais augure. Des cris effrayants qui retentissaient comme des tonnerres stridents. L’ogresse poussa la porte de son infâme antre et jeta sur le sol le sac qui contenait le jeune homme. Celui-ci roula par terre, ouvrant les yeux sur le lieu sinistre où habitait le monstre. L’ogresse saisit violemment le jeune homme et l’enferma dans une cage.

    Tous les matins, le monstre allait chasser et ne rentrait qu’à la tombée de la nuit, traînant derrière lui de multiples victimes parmi lesquelles se trouvaient quelquefois de petits enfants. Dès son arrivée, elle faisait du feu pour se réchauffer puis engloutissait d’énormes quantités de viande, sans même les cuire. A la fin de ses copieux et funestes repas, elle lançait vers la cage quelques restes pour nourrir le jeune homme encore prisonnier, tout en l’insultant et maudissant le jour où il était devenu son fils. « Ah ! Si seulement tu n’avais pas bu de mon lait ! J’aurais fait de toi un agréable dessert ! aimait-elle à répéter. »

    Des jours et des mois passèrent et le jeune homme survécut grâce à son endurance et à sa ruse. L’ogresse faillit le dévorer à plusieurs reprises, mais il sut à chaque fois lui rappeler que nulle mère, pas même une ogresse, ne pouvait dévorer son fils. Celle-ci se voyait alors contrainte d’y renoncer. Le jeune homme savait éviter les colères de la monstrueuse créature.

    Un jour que l’ogresse était sortie, comme à son habitude pour chasser, une magnifique perdrix apparut dans la cours du taudis et se mit à picorer quelques petits grains de-ci de-là. Le jeune homme vit le bel oiseau et songea : « Si seulement cette perdrix pouvait deviner mon malheur et me venir en aide ! » Il crut rêver, mais non, la perdrix lui répondit d’une petite voix mélodieuse : « Comment pourrais-je t’aider, brave jeune homme ? » Abasourdi et émerveillé, le jeune homme demanda : « Comment se peut-il qu’une perdrix sache parler ? Ne te fie pas à mon apparence ! répondit le gentil oiseau. En réalité, je suis la princesse Clair-de-Lune. Mon père règne sur le Pays des Sept Rivières. C’est ma marâtre qui m’a transformée en perdrix, car mon père a eu le malheur de faire l’éloge de ma beauté devant elle. Pour se débarrasser de moi, elle m’a condamnée à l’apparence que tu vois là. Mais c’est incroyable ! s’étonna le jeune homme. Oh, oui ! Voilà sept ans que j’arpente les forêts, je traverse contrée après contrée, goûtant à la vie libre et douce des perdrix. » Les yeux ébahis, le jeune homme écouta le récit surprenant de l’oiseau puis demanda : « Si tout ce que tu dis est vrai, peux-tu m’aider à enlever les grilles qui m’emprisonnent ? » Sans hésiter, la perdrix répondit : « Je le peux sûrement. Tiens ce bâton ! Ce soir, quand l’ogresse se jettera sur son repas avec son empressement coutumier, elle ne te verra pas le glisser dans le feu. Enfonce alors le bâton enflammé dans la tête du monstre, car c’est là que réside son âme. Il sera tué sur le coup. Quant à tes grilles, je n’ai pas la force de les ouvrir, hélas ! C’est déjà bien généreux de ta part de m’avoir donné cette idée. Le reste, je m’en charge ! » interrompit le jeune homme, stimulé à l’idée de pouvoir enfin se libérer du joug infernal du monstre.

    Vint la nuit. L’ogresse rentra, tenant dans ses bras poilus la carcasse d’un âne et le cadavre d’un tigre. Fidèle à son habitude, elle alluma le feu pour se réchauffer et s’installa pour dévorer goulûment sa prise. Le jeune homme profita de l’inattention du monstre pour enflammer le bâton que lui avait donné la perdrix et brusquement, de sa cage, il le lança en direction de la tête de l’ogresse qui mourut sur le coup.

    Cependant, le jeune homme ne put s’échapper, car les clés étaient accrochées au cou de Tériel, et le cadavre de l’horrible monstre était tombé hors de sa portée. Il ne lui restait alors qu’un seul espoir : celui de voir la perdrix réapparaître et l’aider à sortir.

    Il attendit le charmant oiseau un jour, puis deux, puis trois, mais il ne réapparut qu’au bout d’une semaine. Le jeune homme, épuisé par la faim et la soif, commençait à désespérer quand, enfin, l’oiseau surgit dans la cour. Dès qu’il le vit, le jeune homme reprit courage et le supplia : « Généreuse perdrix, pourrais-tu me rendre un immense service : j’ai besoin d’ouvrir cette cage et les clés sont pendues au cou de l’ogresse. Veux-tu essayer de les décrocher pour moi ? Bien sûr ! répondit l’oiseau, qui s’exécuta sur le champ. » Le jeune homme put enfin se libérer. Il se jeta sur la nourriture et l’eau, sautillant de joie en respirant l’air agréable de la liberté. Puis, il prit la perdrix entre ses mains et la remercia chaleureusement : « Je te dois la vie, noble petit oiseau ! Le ciel t’a envoyé à moi et tu as eu pitié de ma misérable condition. Je ne saurais jamais te montrer toute ma gratitude. Ce n’est rien voyons ! remarqua l’oiseau, tu aurais agi de la sorte si tu avais été à ma place » Le jeune homme observa l’oiseau et se sentit soudain très proche de lui, comme s’il l’avait toujours connu, comme s’il avait grandi avec lui. Il lui demanda : « Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour toi ? Hélas ! Tu ne peux rien pour moi, répondit l’oiseau d’une voix morne et languissante. Quatre-vingt-dix-neuf nobles princes et vaillants chevaliers ont essayé de briser le maléfice qui m’accable mais tous ont péri. Je me suis résignée à accepter mon sort et j’ai appris à me contenter de ma vie de perdrix. » Compatissant et. très ému par ces révélations, le jeune homme eut grande envie de tenter l’impossible pour lui venir en aide, quitte, pour cela, à risquer sa vie. Jusqu’à présent, il n’avait douté ni du courage qui pouvait l’animer, ni du goût de l’aventure qui, pour la première fois, faisait battre son cœur.

    Transporté par une vive émotion, il annonça à la perdrix : « Quoi qu’il puisse m’advenir, je veux tenter de briser ton maléfice ! » Naturellement, l’oiseau fut touché par le sentiment spontané et noble du jeune homme. Devant son enthousiasme, il ne put s’empêcher de lui expliquer ce à quoi il devait s’attendre. « Mon pays est parcouru par sept fleuves et dans chaque fleuve dort une gigantesque pieuvre. En m’infligeant ce sortilège, ma belle-mère a exigé de chacun de mes prétendants qu’il lui ramène les têtes des sept pieuvres qu’il aurait sectionnées de son propre sabre. Sache, mon tendre ami, ajouta la perdrix, que jusqu’à présent personne n’a été en mesure de réaliser le vœu de ma méchante belle-mère, car les pieuvres sont colossales et leur ruse est invincible ! Peu importe ! s’exclama le jeune homme, j’essayerai tout de même ! Et bien, encouragea l’oiseau, mon cœur est tout à toi et mon bonheur serait de te voir vaincre tous les obstacles. J’attendrais dans cette forêt et j’espérerai ton retour, priant le Ciel de guider tes pas et de te venir en aide dans ta généreuse mission ! »

    L’oiseau s’envola et le jeune homme se mit à cheminer en direction de l’horizon. Il marcha ainsi durant des jours. Il apprit notamment à pêcher, chasser ; escalader des montagnes et affronter des eaux déferlantes. Après trois mois d’efforts, il atteignit une vieille maisonnette toute en bois qui semblait déserte et triste. Le jeune homme décida d’aller voir de près l’humble logis, espérant. pouvoir s’y reposer de son long et éprouvant périple.

    Il frappa donc trois coups à la porte. Il entendit une petite voix frêle, presque agonisante, demander : « Ô toi, le passant pressé ! Que veux-tu d’un vieillard que les affres de la vie ont épuisé ? » D’un ton poli et obligeant, le jeune expliqua : « Que la paix soit sur toi, vieil homme ! Peux-tu m’offrir l’asile juste pour un soir ? Je viens de loin et je suis fatigué. Je souhaiterais me reposer une nuit dans la chaleur de ton foyer. » De sa petite voix, le vieillard répondit : « Soit ! Pousse la porte et entre ! » Doucement, le jeune homme ouvrit la porte et découvrit un vieil homme tout ridé, étendu sur une couche sale et pitoyable. Visiblement, l’homme âgé n’était même pas capable d’allumer le feu de sa cheminée. Il grelottait de froid et avait l’air affaibli par la soif et la faim. Autour de lui, l’ameublement rudimentaire était poussiéreux et nauséabond. Le jeune homme eut pitié de lui. Il ressortit pour ramasser quelques branches afin de faire du feu. Puis il s’occupa de nettoyer le lit du vieillard. Il lava délicatement le pauvre homme et pansa ses blessures. Il se mit ensuite à préparer une soupe avec quelques légumes et herbes trouvées dans la prairie qui entourait la maisonnette. Il aida le vieillard à se nourrir et se servit également.

    Le visage blême et flétri du vieil homme reprit vie et son regard terne s’éveilla. Il remercia chaleureusement son invité et lui fit une surprenante confidence : « On m’appelle Amghar Azemni(1). Je suis né il y a si longtemps que je ne saurais te dire quand exactement. Je suis condamné à vivre vieux éternellement. Hélas, il y a quelques jours, un serpent m’a mordu et son venin m’a immobilisé sur mon lit. Le poison ne me fera pas mourir, mais il infecte mon corps. » Le jeune homme se proposa d’aspirer le poison de la blessure. Le vieil homme lui désigna la cheville que le serpent avait mordue. Une fois le poison totalement aspiré, l’homme se sentit soulagé et remercia le Seigneur de lui avoir envoyé un invité si généreux et si délicat. « Mon garçon, je ne sais comment te remercier. Tu m’as été d’un grand secours. Que les portes du Ciel te soient toujours ouvertes ! Et que tes désirs se réalisent ! » Le jeune homme questionna son hôte : « On dit de toi que tu sais tout sur tout. Arrives-tu à deviner ce qui me fait voyager depuis des semaines, ô sage homme ? Oh ! je sais déjà que l’amour fait battre ton cœur et qu’il t’a jeté sur les chemins imprévisibles de l’aventure ! » Le jeune homme livra alors à son ami toute son histoire. Il n’omit aucun détail. Son auditeur resta silencieux ; il hochait de temps à autre la tête. Quand il eut fini son récit, le jeune homme demanda au vieux sage : « J’ai besoin de savoir où se situe le Pays aux Sept Fleuves pour tuer les sept pieuvres qui les habitent. Si je parviens à ramener les têtes tranchées des pieuvres le maléfice se brisera et la perdrix redeviendra princesse comme avant. Mon brave garçon, tout seul tu ne peux te mesurer aux sept pieuvres géantes. Mais, comme tu possèdes un cœur généreux et intrépide, je vais t’aider à réaliser ton vœu. Dans le coffre que tu trouveras sous mon lit, il y a un sabre qui date de mille ans. D’innombrables et vaillants héros me l’ont emprunté pour vaincre de redoutables ennemis. Ce sabre, expliqua le sage, a le pouvoir de trancher les têtes de tous les monstres possibles et imaginables vivant sur la terre ou sous la mer. Je veux bien te le prêter à condition que tu me le rapportes, lorsque tu te seras acquitté de ta mission héroïque ! Sans faute ! s’exclama le jeune homme, fou de joie à l’idée de pouvoir se battre et libérer sa bien-aimée, qui hantait déjà toutes ses pensées. » Il prit le sabre magique, complimenta son bienfaiteur et s’en alla, fièrement, défier son destin.

    Le cœur empli d’ambition et d’enthousiasme, Ie jeune homme traversa plusieurs provinces et forêts. Il emprunta des chemins inconnus et rencontra de bien étranges et curieux personnages. Il apprivoisa les uns et se méfia des autres. Il suivit les indications du vieux sage et supporta fort bien le voyage qui dura, d’ailleurs, des semaines entières.

    Quand enfin se dessina à l’horizon la frontière du pays recherché, le jeune homme découvrit une montagne si haute qu’elle se perdait dans le ciel. A ses pieds, prenaient naissance les sept fleuves maudits où sommeillaient les sept monstrueuses pieuvres. Il sentit son cœur battre fortement. Il rassembla son courage et s’attaqua promptement à sa tâche. Il suivit le premier fleuve jusqu’à sa source, puis provoqua la pieuvre en lui jetant le corps d’un bœuf comme appât. Celle-ci sortit des eaux, se prépara à avaler le jeune homme. Brutalement, celui-ci trancha sa tête, grâce au sabre magique. Il fit de même avec les six autres pieuvres. D’un pas alerte et fier de son exploit, le jeune homme n’hésita pas à se rendre au palais pour demander audience à la reine, traînant derrière lui les énormes têtes des pieuvres.

    Extrêmement contrariée par l’arrivée triomphale du jeune homme, la méchante reine refusa d’admettre sa victoire. Elle le reçut. alors froidement ; sèchement, elle décréta qu’il s’agissait d’un démon. Elle ordonna aux gardes de le brûler vif pour conjurer le mauvais sort. Le jeune homme se défendit. Il s’adressa au roi, enfermé dans un mutisme troublant. Il lui dit : « Ô noble roi ! Je ne suis qu’un humble voyageur. Je souhaite m’acquitter d’une grande dette envers ta fille, la princesse Clair-de-Lune. Elle m’a sauvé de la mort et je sais qu’elle a besoin de toi. Ta femme l’a injustement condamnée à prendre l’apparence d’une perdrix, et tu ne peux deviner ce que j’ai dû endurer pour parvenir jusqu’ici. Je t’en prie sire ! Fais quelque chose pour ta fille, cet être si fragile et si généreux, qui n’est autre que ta chair et ton sang ! » Le roi eut les larmes aux yeux. Il se leva et ordonna à son épouse de rompre le mauvais sort qui affligeait la vie de sa fille, puis de quitter le palais immédiatement. D’une voix amère et déchirée, il s’emporta : « Vieille sorcière ! Tu as réussi à me séparer de ma fille et à me la faire oublier. Qu’a-t-elle donc fait pour mériter ta sentence ? Ne t’avait-elle pas aimée comme elle aimait sa propre mère si seulement le destin ne nous avait pas privés d’elle si tôt ? Va ! Hors de ce royaume ! Que le Seigneur te maudisse jusqu’à la fin de tes jours ! »

    Le monarque remercia le jeune homme pour sa bravoure et sa courtoisie. Il le pria de lui raconter ce qu’il avait vu et entendu à propos de la princesse. Le jeune homme s’exécuta et lui demanda de le suivre dans la forêt de l’ogresse, où la perdrix l’attendait impatiemment. Le souverain fit préparer une impressionnante escorte ; il prit des vivres et des coffres emplis de louis d’or, puis s’empressa de rejoindre sa fille. Le vide qu’avait laissé la princesse dans le cœur des deux hommes leur fit oublier la lenteur et la difficulté du voyage. Ils se promirent tous deux de ne s’arrêter qu’une fois qu’une fois à destination.

    Ce fut un bonheur immense de les voir au chevet d’une jeune fille rayonnante de beauté et de grâce, qui dormait sereinement sous un olivier. La princesse se réveilla, se jeta dans les bras de son père puis embrassa son héros, le remerciant. de tout son cœur : « Je te serai éternellement reconnaissante », lui murmura-t-elle. Charmé par l’éclat de sa beauté, le jeune homme osa s’adresser au roi : « Je sais que mon rang ne me permet pas de prétendre à une alliance avec toi, ô noble roi ! Mais je serais infiniment heureux et honoré de te demander la main de la princesse. » Le souverain regarda le jeune homme tendrement et lui répondit : « Mon brave garçon ! Ce qui fait la noblesse d’un homme, c’est d’abord sa vertu ! Je crois que tu m’as apporté la preuve de ta hardiesse et de ta pureté. Ma fille sera en sécurité avec toi. Alors, je t’offre sa main avec une immense joie. »

    La princesse Clair-de-Lune adressa à son bien-aimé un sourire consentant et complice, puis prit le chemin du retour, impatiente de retrouver les lieux magiques de son enfance.

    De retour au palais, le roi annonça allègrement les épousailles de sa fille avec l’héroïque jeune homme.

    Quelques jours plus tard, on célébra fastueusement les noces des jeunes amoureux et celles de cent autres jeunes gens issus de familles pauvres du royaume. Le roi souhaita ardemment que le Ciel bénisse le mariage de sa fille, et il fit preuve pour cela d’une grande générosité envers ses sujets Une ambiance de réjouissante de liesse régna au palais durant des jours et des jours. On en profita pour savourer avec délectation le goût de la paix et du bonheur.

    Quelques mois s’écoulèrent. Le jeune homme appréciait pleinement la vie princière et son épouse, la princesse Clair-de-Lune, prit soin de son couple. Elle lui offrit toutes les conditions d’une vie épanouie et heureuse.

    Un jour, elle surprit le sabre magique que son époux avait rangé dans son coffre. Elle le contempla et apprécia la finesse de sa décoration. Dès que son mari la rejoignit, elle l’interrogea : « D’où te vient ce magnifique sabre ? » Voilà que le jeune homme se rappela la promesse faite au vieux sage, le propriétaire du sabre magique. Il répondit à sa femme : « Heureusement que tu m’as parlé de lui, sinon je l’aurais complètement oublié. Ce sabre est la clé de notre salut, ma chérie. Il faut que je le rende à celui qui me l’a prêté. »

    Dès le lendemain, le prince sella son cheval, prit quelques provisions et se dirigea vers la maisonnette du vieux sage. Quand celui-ci le vit arriver, il le prit dans ses bras et lui confia : « J’étais sûr que tu reviendrais, mon enfant ! Tu es un homme de qualité, ce sabre t’appartient, je te l’offre. Quelque chose, cependant, attriste mon cœur. Qu’y a-t-il donc, père ? II y a dans ce bas monde une mère qui pleure ton absence depuis des années. Elle te croit mort et s’en veut de n’avoir pu te sauver. Je l’entends se plaindre à tous les saints à l’approche de chaque hiver. N’est-il pas temps d’aller la consoler ? » Le jeune homme se souvint tout à coup du regard déchiré que lui avait lancé sa mère la nuit où l’ogresse l’avait arraché à elle. Il regretta profondément de l’avoir oubliée. Le vieux sage le consola : « Ce n’est rien mon brave garçon ! L’oubli est de nature humaine, va la rejoindre ! Elle sera certainement heureuse de te revoir. »

    Le jeune homme retrouva le chemin de son pays natal et offrit à sa malheureuse mère le plus beau cadeau que l’on puisse offrir à une mère au premier jour du printemps. En effet, quand elle vit s’avancer vers elle un jeune homme élégant et distingué, elle lut dans son regard ces liens sacrés qui finissent. toujours par réunir une mère et son enfant. Les retrouvailles furent empreintes d’une émouvante ferveur.

    Le jeune homme raconta à sa mère. tout ce qui lui était arrivé et la pria de l’accompagner au royaume de son épouse. La femme, d’une voix mélancolique, lui dit : « Le propre d’une mère est d’élever ses enfants pour les voir partir un jour. C’est la vie. Retourne à ton foyer et prend soin de ton épouse. Reviens me voir dès que je te manquerai, et fais-moi le bonheur d’amener un jour ta descendance. Je suis déjà comblée de te savoir vivant et heureux. Il est vrai que l’on dit toujours que se sont. les épreuves qui cisèlent et forgent l’esprit d’un homme et toi, mon garçon, tu as su affronter ton destin dignement. Je suis très fière de toi. »

    Le jeune homme demeura encore quelques jours auprès de sa mère, de ses frères et sœurs et savoura avec délices les doux moments partagés avec sa famille. Puis il s’en retourna auprès de sa dulcinée à qui il fit le récit de son odyssée.

    La princesse Clair-de-Lune et son époux vécurent heureux. Il firent la joie de leurs parents quand ils leur annoncèrent la naissance de leur premier enfant, qu’ils prénommèrent bourgeon-de-Printemps


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    "Echanges" Algérie-France
    Mais que contient ce petit colis-surprise ?
    ...La Croix du Sud, le bijou targui
    Le plaisir de faire plaisir, surtout à une enfant,
    la mignonne Lila , comme Leila de chez nous...

    Blog de ghadames : ghadames, lila 

    Quelle surprise quand mon mari a relevé le courrier : un colis !
    Je te raconte tout de suite comment il fut accueilli.
    Tout à l’heure, Lila et moi étions devant le petit bassin d’eau près de la maison et nous nous apprétions à libérer hors de leur sachet  2 petits poissons Koïs argentés que nous venions d’acheter. Il faut respecter au moins 30 mn d’immersion dans leur sachet et leur eau de bassin d’origine afin qu’ils s’acclimatent à leur nouvel environnement. Puis ensuite, on perce le sachet pour laisser entrer l’eau étrangère d’une autre température.

    Au moment même où nous venions d’agrandir l’ouverture du sachet, mon mari m’apporta ce colis. Lila et moi nous posions la question de savoir ce qu’il contenait, et en même temps, nous étions absorbés par le spectacle des poissons qui allaient se libérer du sachet.

    La curiosité de l’un repoussa la curiosité de l’autre et nous avons ouvert le colis. Pendant ce temps, oup’s, les poissons s’en sont allés… subrepticement dans leur nouvel habitat. Nous avons raté la sortie, mais pas celle de la découverte de cet incroyable bijou accompagné d’un mot si gentil de ta part.

    Comment te remercier cher Dada ? Que me vaut cette douce attention ?  Ce cadeau nous va droit au cœur et Lila est émerveillée. Nous te remercions vivement et Lila te l’écrira elle-même dans un mot qu’elle t’enverra. Et je réfléchirai à un présent à t’offrir moi aussi, à toi ou l’une de tes petites filles. A moins que tu ne formules un désir en particulier d’un présent qui te ferait plaisir ?
    En attendant, voici les photos que je viens de prendre à l’instant de Lila avec ton bijou.
    Bisous.
    Delphine et Lila.

    Blog de ghadames : ghadames, Lila

     

     Quand elle sera grande, Lila
    se souviendra-t-elle de ce bijou ?
    Son Prince Charmant lui offrira-t-il
    un voyage de noces au Sahara dans
    les oasis de Djanet, Timimoun ou
    Tamanrasset via Miliana,
    où les miens se feront un
    plaisir de les accueillir...?

    Blog de ghadames : ghadames, Lila

    Lila croquée par sa manan

    Et Lila, la généreuse, a, en retour,
    envoyé des souvenirs à mes petits-enfants 
    qui la remercient vivement.

    Zakaria a hérité de toupies

    Résultat de recherche d'images pour "gadames zakaria"


     Cet envoi contenait aussi
    deux gentilles lettres

     

    l'une de Lila:

    Blog de ghadames : ghadames, Lila

     

     l'autre de sa maman:

    Blog de ghadames : ghadames, Lila

    La légende de la Croix du Sud

    Il était une fois un jeune noble targui qui tomba follement amoureux d'une princesse dont le père, le farouche Amenokal , empêchait l'accès au palais à tous les prétendants par un dispositif de sécurité sans failles. Notre jeune guerrier ne voulant pas braver cet interdit au risque d'un scandale choisit la ruse pour accéder à la princesse, objet de tant de passions. Bénéficiant de la complicité d'une servante, il lui fit parvenir son désir d'établir un mot de passe, afin d'éviter des risques éventuels. La princesse lasse de ces longues attentes qui la séparaient de son amour donna son accord et scella ainsi un pacte qui devait résister au temps et à toutes les hostilités. Notre noble alla trouver son forgeron, confident et ami de jeunesse, lui étala sa peine et lui demanda conseil. Ce dernier, au bout de ses réflexions, se proposa de combiner les deux syllabes de '' TARA '' mot qui signifie '' AMOUR '' en tamacheq, pour en faire l'objet devant servir de lien entre le noble et la princesse. Les deux syllabes se transcrivent '' + '' et '' O '' . Il réalisa l'objet et le présenta à son ami. Celui-ci étonné lui demanda comment s'appellait cet objet ; l'artisan lui répondit sur le champ : '' TANEGHELT '' , qui veut dire '' la fondue '' ou '' la versée '' . Il expliqua au jeune guerrier que pour consacrer son union avec la princesse, il avait fondu ensemble les deux lettres-syllabes et quà coup sûr leur amour aboutirait. Le noble, convaincu que son ami avait caché un pouvoir magique dans cet objet, alla le remettre à la servante complice de ses retrouvailles avec la princesse. Il lui expliqua son utilité.

    Chaque soir en apportant le dîner à la princesse, la servante plaçait l'objet mystérieux sur le couvercle de l'écuelle, et la princesse savait alors que son prétendant l'attendait. Elle trouva ensuite une astuce pour le rejoindre. L'aventure se conclut bien et le calvaire de nos deux amoureux prit fin, car le farouche AMENOKAL, père de la belle princesse céda devant tant d'ingéniosité et la puissance de leurs sentiments. Le TANEGHELT devint plus tard un bijou à part entière, réclamé par toutes les fiancées à leurs nobles servants, il ne contient rien de magique, si ce n'est la sincérité et la force de la passion qui étaient à la base de sa naissance. Les artisans qui le fabriquent se sont transmis sa légende de génération en génération. Ils situent sa naissance à l'époque où la capitale de l'Aïr se trouvait à Azelik (les ruines sont visibles à quelques kilomètres de Teguidda-n-Tessoumt, au Nord-Ouest d'Agadez). Les voyageurs étrangers l'ayant remarqué au cou de toutes les jeunes filles l'ont décrit dans leurs carnets de voyages. Sa renommée se répandit dans le monde entier à l'époque où la capitale fut transférée à Agadez entre le XIIIe et XIVe siècle. Mais déjà elle avait deux siècles d'existence

     

     


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    ~~Cette histoire a été commmentée au pied de l'article par son auteure N. Belloula

     L'Aurésienne et le Centurion : La vierge de Tifelfel

     

    Aurès, l’an 115

    C’était du temps des conquérants romains. Etait-ce à l’époque de l’empereur Trajan ? Qu’importe.   De ces légionnaires qui passaient par ce pays des Chaouias construisant Thamugadi, Théveste et Mascula, un bel homme, fier dans son allure à la robe pourpre et casque brillant, arborant armes et armures, avait mis pied un jour à Tifelfel, établissant un fortin à l’entrée du défilé, afin de surveiller son passage et les villages qui, plus bas dans la vallée verdoyante, se chevauchaient presque … Mchounech, Tamrit, El-Arrich, Banian, Tighanamine.

     

    Il faisait doux et bon ce matin-là. Un printemps déjà précoce titillait la nature et sur les chemins tortueux, la destinée d’une jeune fille se dessinait. La vieille l’avait prévenue : « Sur ton chemin aujourd’hui, Ô ! Belle d’entre les Belles tu enchaîneras ta vie.» Un rire cristallin répondit à la prédiction. Parée d’amulettes et de talismans « Quatre fois la terre aura tournée… juste quatre fois et ton sang de vierge aura coulé » enchaîna la vieille. « Me prédit-elle un mariage ? » Pensa la belle. Debout, immobilisée par les yeux noirâtres de la prêtresse qui pointait son doigt charnu vers elle dans une attitude agressive, les autres filles arrivaient derrière, en file indienne, cruches sur les épaules « Allez, avance, avance » lui criaient-elles dans un chahut gai.

     

     

    La petite troupe reprit sa marche dans un tintement de bracelets ciselés et d’anneaux argentés, cliquetant joyeusement autour des fines chevilles. Le sentier montait péniblement jusqu’au sommet. La source convoitée, le seul point d’eau où les filles venaient puiser l’essentiel de leurs besoins, coulait généreusement abreuvant assoiffés, passants, voyageurs et vagabonds. Pour se soulager de cette corvée toujours harassante, la jeune fille se mit à chanter. Sa voix mélodieuse s’éleva dans les airs, réveillant arbres et oiseaux, fleurs et abeilles, faisant frémir les vents et les nuages. Le chant s’éclata sur les rochers et sur les sentiers d’où arrivait le bel homme. Il descendit de son cheval et s’approcha de la fontaine.Ultime instant de rencontre. Les yeux se posèrent sur elle, sur ses courbes, détaillant sa taille fine enroulée dans une série de ceintures en laines tressées, accentuant la finesse et le galbe… Le regard s’attarda. Le sourire effleura les lèvres et une caresse interdite esquisse le geste. Des vagues tourmentèrent le soldat, pénétrèrent en lui en saccades le traversant de haut en bas. Dans ces lieux lointains, sur cette piste poussiéreuse, lui qui avait traversé mers et montagnes, auréolé de gloires et de batailles gagnées Il venait de rencontrer sa défaite

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    Le centurion se mit à la courtiser, surveillant ses allées et venues, rêvassant devant la fontaine, de ses yeux noirs et brillants. Il lui envoya avec des porteurs, présents et fleurs. La belle se tenait à distance. Dans sa tête cheminaient de drôles d’idées. Elle savait qu’elle pouvait aider les siens en exploitant l’amour que lui offrait le Romain. « Il est puissant et riche. C’est un colonisateur qui a vaincu mon peuple en s’établissant sur la terre de mes ancêtres. Il est à mes pieds aujourd’hui, aux pieds des monts de ich Aziza » se disait-elle Blog de ghadames : ghadames, LA VIERGE DE TIFELFEL Filles des Aurès Elle renversa sa tête, jouant avec sa chevelure d’ébène, les tchoûchânat (grands anneaux en argent) qui pendaient à ses oreilles balançaient gaiement. Câline, ensorceleuse, elle colla presque ses lèvres sur les siennes, le laissant entrevoir une infinie parcelle de jouissance et de volupté « je suis à toi, beau centurion, mais avant, tu dois faire quelque chose pour moi. Veux-tu faire quelque chose pour moi ? » Le romain de la 6ème légion était prêt à vouer son âme au diable, pourvu que la belle puisse lui accorder ses faveurs. Son doigt fin traçait sur la poitrine de l’homme des cercles imaginaires « veux-tu apporter de l’eau à mon village ? » « Juste cela » se demanda le Romain. Bientôt la berbère lui appartiendrait. Mais la tâche allait être pénible, longue et épuisante. Sans attendre davantage, encouragé par les caresses et les regards de sa belle, il se mit à l’œuvre. Il traça des plans, calcula des chemins, dessina des détours et des courbes, s’initia au savoir des architectes et embaucha de la main d’oeuvres. « L’eau arrivera au village de Tifelfel et à mes lèvres aussi » se disait-il.

      Jeunes filles des Aurès

    Il s’abreuvera enfin et abreuvera cette soif intense qui embrasait sa gorge. Les saisons s’écoulèrent, les hivers s’en allaient remplacés par d’autres et les étés remplissaient la vallée de chants de grillons. Quatre années s’étaient écoulées. Quatre années d’un dur labeur, de patience, de rêves interdits, de murmures suggérant, de frôlements incitants. Par désir, par amour, le romain avait réussi à tracer un cour d’eau dans la roche, venant de la fontaine tout au sommet de la colline jusqu'au village.

    Il réussit enfin son pari. L’eau arriva au village de Tifelfel. Cette nuit…Oh ! Cette nuit la lune sera en lui. Elle lui avait donné rendez-vous le premier jour de la fontaine. La belle, parée de tous ses atouts, robes en soie aux couleurs claires, chamarrées, la gorge opulente ornée de bijoux en argent, le front appesanti de plaques et de chaînes, les yeux noircis et les joues fardées, se tenait offerte dans ce clair de lune qui s’auréolait autour d’elle, l’emprisonnant dans une lueur argentée. Fébrilement, il s’approcha d’elle, posa ses lèvres fiévreuses sur les siennes. Il en rêvait de cet instant depuis des mois, depuis des siècles. Elle le laissa faire et ne dit mot. Ferma les yeux pour échapper à cette étreinte qui la faisait souffrir. Elle s’allongea sur la couche satinée du romain, lui, s’éloigna pour se débarrasser des ses armes. Quand sa tête se tourna vers elle, son regard s’assombrit, son geste se suspendit. Une auréole de sang fraîche nappait le parterre, s’infiltrait dans le sol devenu humide. Sur la couche, les yeux ouverts, la main encore sur la manche de la dague enfoncée dans sa poitrine, la belle dormait d’un sommeil éternel.

    Commentaires

     BELLOULA 19/06/09 13:02 J'aime beaucoup les illustrations qui accompagnent mes deux textes La belle de Tifelfel et le lit d'une reine, merci encore.

    automathing: Toujours votre talent pour nous proposer des faits historiques qui nous semblent tellement contemporains... Non ,on ne peut prendre de force le coeur d'un(e) autre, c'est une clause de sauvegarde pour les âmes qu'elles soient faibles ou fortes

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    Le coeur perçoit ce que l'oeil ne voit pas


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    N'oublions pas notre ultime demeure
    انا لله و انا اليه راجعون
    Y ai-je planté assez d'arbres, ma vie durant,
    pour en récolter leurs fruits à mon arrivée ?
    Je l'espère ... Errahma à nos devanciers.

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     Isabelle Eberhardt devenue musulmane algérienne

    En Suisse, à Genève, une rue porte son nom

    Elle entend parler pour la première fois de l'Algérie par ses demi-frères engagés dans la légion militaire. Quand, à 20 ans, elle accompagne en Algerie sa mère souhaitant se rapprocher de l’un de ses fils, elle découvre un pays, une culture, une religion qui vont l'imprégner totalement. Elle est fascinée par l'Islam et va recevoir la révélation comme une explosion en elle. « Je sentis une exaltation sans nom emporter mon âme vers les régions ignorées de l'extase ». Elle trouve son inspiration dans les médersas et les mosquées. Elle revendique seulement la liberté de se convertir à l’islam, d’aimer un peuple et un pays - l’Algérie - d’y vivre fièrement : «Nomade j’étais, quand toute petite je rêvais en regardant les routes, nomade je resterais toute ma vie, amoureuse des horizons changeants, des lointains encore inexplorés.» Isabelle Eberhardt. 

    Le 21 octobre 1904, à Aïn Sefra, l'oued se transforme en torrent furieux et la ville basse, où elle résidait seulement depuis la veille, est en partie submergée. Slimane est retrouvé vivant, mais Isabelle périt dans la maison effondrée. Elle repose dans le petit cimetière
    musulman Sidi Boudjemaâ à Aïn Sefra.

    Quelque temps avant sa mort, elle écrit,
    Premonition de sa fin prochaine à 27 ans ?

     

    Sa tombe est souvent visitée

    Je suis mort, mon âme a quitté mon corps.
    On a pleuré sur moi les larmes du dernier jour.
    hommes m’ont pris sur leurs épaules,
    En attestant leur foi au Dieu unique.
    Ils m’ont porté jusqu’au cimetière,
    Ils ont prié sur moi la prière sans prosternation,
    La dernière des prières de ce monde.
    Ils ont rejeté sur moi la terre.
    Mes amis sont partis comme s’ils ne m’avaient jamais connu,
    Et je suis resté dans les ténèbres de la tombe,
    Où il n’y a ni joie, ni chagrin, ni lune, ni soleil.
    Je n’ai plus eu d’autre compagnon que le ver aveugle.
    Les larmes ont séché sur les joues de mes proches,
    Et les épines sèches ont poussé sur ma terre.
    Mon fils a dit : »Dieu lui accorde sa miséricorde ! »
    Sachez que celui qui est parti vers la miséricorde de son Créateur
    Est en même temps sorti du cœur des créatures.
    Sachez que nul n’a souci des absents dans la demeure des morts.
    O toi qui es devant ma tombe, Ne t’étonne pas de mon sort :
    Il fut un temps où j’étais comme toi,
    Viendra le temps où tu seras comme moi.

     

     


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     L'école des enfants de troupe de Miliana, transférée en 1951 à Koléa.

    En fin d’année scolaire 1950, 220 élèves effectuent du 25 juin au 29 juillet un voyage qui les conduit à Mulhouse, Verdun, Strasbourg, Paris où, le 14 juillet, ils défilent en tête des troupes sur les Champs Elysées ; puis ils visitent Versailles, Lyon, Saint Etienne, Marseille.
    Devant l’augmentation des effectifs et en raison de la nécessité de trouver une situation géographique mieux adaptée et plus centrale en Afrique du nord, et surtout moins isolée que Miliana, par décision ministérielle n° 7510 EMFAC 380/SC du 22 mai 1951,  le ministre de la défense nationale fait transférer l’école à Koléa.
       Devant l’augmentation des effectifs et en raison de la nécessité de trouver une situation géographique mieux adaptée et plus centrale en Afrique du nord, et surtout moins isolée que Miliana, par décision ministérielle n° 7510 EMFAC 380/SC du 22 mai 1951,  le ministre de la défense nationale fait transférer l’école à Koléa.

    Y ont été formés entre autres, les milianais Bouyarbou Hamid, Mohamed Randi, Abed Kastali, le Commandant Allahoum, chef du protocole de Houari Boumediène,

    Hamid BOUYARBOU Au maquis -Platine,


    BOUYARBOU Hamid, lieutenant de l'ALN et chef de commando.A rejoint l'A.L.N. en septembre 1956.  Il s'illustra dans de nombreuses batailles : Zbarbar, Aklouche Oued El Malah et tomba au champ d'honneur en 1959 à Sidi Akacha, près de  Ténès.Il était mon ami et mon coéquipier, ailier-droit, au SC Miliana. De grande taille, il portait un bandeau pour retenir son abondante et belle chevelure d'un noir brillant..  

    Mr Hamlaoui Mekacher, Ministre des Anciens Combattants de la France ,ancien élève de l'Ecole des Enfants de Troupe de Miliana en commentaire de l'un de mes articles:" lundi 06 sep 2010 : je n'oublirai jamais cette ville d'hommes, parmi eux un ancien officier superieur de l'armée française qui a fait le viétnam et qui c'est rendu avec les viétnamiens. C'était Monsieur Larbi bouamrane Mustapha, c'est une l'égende."  

    En effet, Si Mustapha Larbi Bouamrane avait déserté les rangs de l'armée  française pour lutter auprès des Vietnamiens et devint Commandant du Viet Minh. Le Général Giap, lors de chacune de ses visites en Algérie, n'omettait jamais de le rencontrer à Alger. Il était enseignant.

    Anecdote: Au Commandant Larbi Bouamrane Mustapha, Chef du renseignement du Vietminh, on amena un jour un prisonnier pour interrogation.

    D'où es-tu ?
    De Miliana.

    Cette réponse lui sauva la vie .
    Et ils se retrouvèrent à Miliana, lahoum Errahma
    C'était "Tarzan", serveur de café à Miliana qui ne faisait pas payer sa consommation à Si Mustapha....

     Quelques combattants de Miliana morts pour la Liberté 

    - Ali Amar, dit Ali «La Pointe», enfant de la ville et adjoint de Yacef Saâdi, chef de la Zone autonome. La stèle commémorative a été inaugurée à la «pointe des blagueurs» en présence des autorités civiles et militaires.

    - Benlecheheb Hamid : officier de l’ALN et membre du célèbre commando.-Ali Khodja : tombé au champ d’honneur à Djebel Louh dans ’Ouarsenis.                                                                                      

    - Caserne militaire : sinistre lieu de détention dirigé par le tortionnaire capitaine Barere. De nombreux chouhada se trouvent au « parc à  fourrage».  

     - Dellouci Djillali : officier de l’ALN et membre de la katiba Hamdania : tombé au champ d’honneur à Amrouna en 1958.  

     - Ferroukhi Mustapha : membre du PPA et ambassadeur du GPRA à Pékin, mort dans un accident d’avion en rejoignant son poste.  

     - Guenaoui Mohamed : rejoint l’ALN en 1956, lieutenant zonal en Wilaya 4. Tombé au champ d’honneur à Bab-El-Bekouche dans l’Ouarsenis en 1958,-  

     - Benyoucef Zouaoui : vaillant baroudeur, ancien d'Indochine

     -Hafidha Barça : héroïne tombée au champ d’honneur le 11 décembre 1960, le drapeau à la main, tuée par les paras de Bigeard.    

      -Ilmaïne, Landjerit, Benblidia : ces noms évoquant les anciens maîtres de l’école indigène. Ils ont formé des générations d’hommes dont des dizaines ont pris le chemin de l’honneur. Paix à leurs âmes !  

     - Katiba El Hamdania : son nom résonne glorieusement à travers les monts du Zaccar, de Zbarbar et de l’oued El Malah.  

     - Larbi Bouamrane dit «Si El Miliani», chef de commando. Il organisa avec brio l’ALN dans les maquis du Zaccar. Tombé au champ d’honneur à Bouzegza dans l’Ouarsenis en 1958.      

      - Nedjmet-Chamal Ifriquia : l’ENA : les anciens se souviennent de la glorieuse Etoile nord-africaine avec les Ghersi, Bouzar, Bouchouka, Mouloud Hachemi. -

    Oued Guergour : un violent accrochage eut lieu en novembre 1957 entre l’ALN et les paras de Bigeard qui comptèrent beaucoup de morts    

     - Platine, de son vrai nom Bouyarbou Hamid, lieutenant de l’ALN et chef de commando. Il s’illustra dans de nombreuses batailles : Zbarbar, Aklouche, Oued El Malah et tomba au champ d’honneur en 1957 à Sidi Okacha, près de Ténès.  

     - Quatre cents jeunes ont rejoint le maquis lors de la grève de 1956. Rares ceux qui ont survécu. On peut citer : Temoulgui, Ramdane Omar, Sadek Batel dit «Rouget»     

     - SMA : école du patriotisme. Mohamed Bouras et ses compagnons Bouzar Hamdane, Sadel El Foul, Larbi Bouamrane Rachid furent les fondateurs des Scouts musulmans algériens, dont de nombreux combattants tombèrent au champ d’honneur. Si M’hamed, chef de la wilaya 4, Allili, Kadi et bien d’autres.

    - Tizi-Franco : première offensive de l’ALN en 1956 sur les monts du Zaccar et dirigée par Si Bouzar et Si Belahcène. Plusieurs postes militaires détruits et des armes récupérées.    

     - UGEMA : Union générale des étudiants musulmans algériens : une école de formation nationaliste, dont les membre s’illustrèrent à travers les maquis. Rendons hommage à quelques-uns , Kadi Miliani, Dellouci, Abdelouaheb, Antri-Bouzar, Kelkouli…      

     - De nombreux patriotes, tombés au champ d’honneur au cours d’un violent accrochage avec les légionnaires du général Ducorneau en août 1958, reposent désormais au cimetière des chouhadas à Oum El-Bouaghi.

     - Zeddine : les membres de l’OS ont choisi ce lieu pour préparer les grandes lignes de la Révolution armée en 1949.

     Gloire à notre Algérie éternelle ! Gloire à ceux qui sont morts pour ELLE !!!

     

     

     

     


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