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    D'où êtes-vous : du bord de mer, des Oasis, Targui, de la Kabylie, du Djebel Boukhil, des Aurès, des Iles Habibas  Pourriez-vous situer Foum Toub, Terga,Tamentit, In Guezzam, Guerara, l'Oued R'hir,ⵜⵉⵣⵉ ⵡⵣⵣⵓ, Makouda, Zelfana, Miliana ?
    Ne vous défilez pas, esssayez, cela vous fera connaitre votre Algérie et ses doux produits.

     

     

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    On dit que nous sommes hospitaliers. Seulement ?

    La galanterie se présente comme un ensemble de manières développées par un homme  en vue de faciliter les déplacements, les mouvements ou l'habillement d'une femme. Elle consiste, par exemple, à laisser la priorité à la femme sur le seuil d'une porte, à lui céder sa place dans les transports en commun ou à l'aider à porter ses bagages.Plus généralement, il s'agit d'être prévenant et attentionné à l'égard des femmes et de leur témoigner du respect et de la considération.                                                                                                                           Certains gestes comme le baisemain expriment aussi cette déférence de l'homme envers la femme

       A la réception du Président Hollande et de sa compagne, ce                                              geste de notre Président. se répétera-t-il lors de la prochaine                                        visite en Algérie du Président français Emmanuel Macron et de son épouse  ?

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    A la réception du Président Hollande et de son épouse,                                                          le sera-ce encore lors de la visite prochaine du Président Emmanuel Macron ?

     

     François Hollande fut accueilli en grande pompe à Alger par le président Abdelaziz Bouteflika, où il a reconnu "les souffrances infligées à l'Algérie". Le président français était accompagné de sa compagne, Valérie Trierweiler, qui a notamment visité une école primaire française d’Alger, et l'annexe d'un centre culturel. Là, les enfants lui ont posé des questions. "Vos questions sont pires que celles des journalistes", a-t-elle plaisanté, avant de se prêter dans la bonne humeur au jeu des questions-réponses. "Première dame, ça fait très peur au début, mais on apprend. Comme à l'école", a-t-elle notamment confié.

     

     Et comme souvent, des interprétations malveillantes                                                      quand il s'agit de notre Président

     

     

    Une galante anecdote :

     Vers le début des années 6O, MILIANA se déplaça à OUED-EL-ALLEUG pour y disputer un match de foot-ball dans le cadre de la 2ie division, Ligue du Centre, contre l'équipe locale. A l'époque, en ouverture du match de l'équipe première, se jouait une rencontre entre les équipes "réserves" où on puisait les remplaçants de l'équipe fanion.Tout au long de la ligne de touche du terrain les spectateurs s'égosillaient à encourager leurs joueurs et se trouvaient parmi ces fans, de belles dames européennes aux robes blanches avec larges chapeaux à grands bords, filles et femmes de colons d'OUED-EL-ALLEUG, région agricole. Un de nos joueurs, Zazac., artiste touche à tout : musique, peinture, photo, fit ce qu'on appelait à l'époque une "touche" d'avec une de ces dames (une "touche": lier conversation avec la gente féminine et donc faire preuve de hardiesse et de charmes).Ca se passe donc pendant le match précédant la rencontre vedette.

    Et nous entrames en jeu....

    Au cours de cette empoignade, notre ami Zazac. conduisait le ballon au sol avec des adversaires aux trousses et nous autres en appui. C'était le long de la ligne de touche où étaient assises nos dames aux belles toilettes. Tout d'un coup, Zazac stoppa son ballon. Tout le monde s'arrêta de courir, de jouer, croyant à un coup de sifflet de l'arbitre.

    Zazac alla alors d'un pas mesuré, sans se presser vers une dame, sa 'touche", et lui fit une révérence digne des Rois de France et de Navarre, révérence très basse, le bras droit exécutant une parabole des plus gracieuses, pied droit largement échancré vers l'arrière. D'Artagnan le mousquetaire n'aurait pas mieux fait....surtout en short et souliers de foot.

    Image associée

     Il n'y manqua que le baise-main....

    Ses salutations terminées, Zazac reprit la possession de son ballon comme de si rien n'était et adversaires, coéquipiers, arbitres, impreignés de la galanterie de notre ami, terminames la partie en loyaux sportifs et même le match n'eut ni vaincu ni vainqueur..

    Zazac, que j'appelais Zaczac, avait aussi inventé un geste technique en foot-ball : mettre au sol. une balle aérienne à l'aide de son popotin (il préférait ce mot à celui de derrière ou toute autre qualification...

    Mémo
    rable Artiste.


    Adieu l'ami.

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    La Gazelle

    Grâce et beautés algériennes

    L'Outarde et sa petite famille

    Que de coups de gueules publiés contre 

    ce que j'appelle "le zéro sur et dans la tête", 

    ces émirs braconniers venus d'ailleurs en 4x4 

    pour éradiquer nos belles gazelles et gracieuses outardes 

    alors que leur chasse nous est interdite.

    Honte à eux et à nos autorités

    Fiers de leurs tableaux de chasses 

    La population d’El Bayadh se mobilise contre les émirs du Golfe et les Qataris, accusés de dégrader la steppe, de braconner sans contrôle et de causer des accidents. Le tout, avec la bénédiction de l’Etat et des autorités locales.

     «Comment l’Etat a pu offrir le désert algérien à des émirs qui ne respectent ni l’homme ni l’animal ? Nous demandons le départ immédiat de ces braconniers d’Algérie !» Ahmed Arbi, porte-parole du Mouvement citoyen à Labiodh Sidi Cheik est très en colère. Et il n’est pas le seul. Les habitants de la région d’El Bayadh sont déterminés à mettre fin à la présence des émirs du Golfe et des Qataris, habitués à venir chasser la gazelle et l’outarde dans le désert algérien. Installés à Sid El Hadj Eddine dans la daïra de Brezina, à 80 km au sud de la ville, et à El Amoud dans la daïra de Benoud, à 200km au sud-ouest, les émirs sont entourés d’un dispositif sécuritaire particulier, déployé pour assurer leur tranquillité. «Leur périmètre d’habitation est entouré de trois cercles de sécurité. Le premier est occupé par la Gendarmerie nationale, alors que le deuxième est gardé par les militaires de l’Armée nationale populaire.

    Quant au troisième cercle, il est constitué de la garde personnelle des émirs. Un hélicoptère survole également le périmètre. Avec ces moyens, il est quasiment impossible de s’approcher de leurs territoires, même de loin», affirme une source sécuritaire. Ils disposent même du réseau téléphonique Qtel (entreprise de télécommunication qatarie). Les émirs chassent sur de grandes étendues. La gendarmerie contraint donc les nomades à quitter leur zone de campement pour ne pas gêner les émirs pendant leurs activités de chasse. Quant aux chasseurs qui ont contesté le braconnage et la présence des Qataris dans leur région, la réponse de la Présidence était claire : «Ce sont les amis de l’Algérie !»

     

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  • Yacef Saadi raconte la bataille d’Alger :                                                                                     « Ma rencontre avec Bitat Rabah »

    Depuis le démantèlement de l’Organisation secrète (O.S), le groupe des Six, qui mirent le feu aux poudres le 1er Novembre 1954, se rencontrait assez souvent chez Khechida Aissa dans son local situé rue Barberousse à la Casbah d’Alger. La plupart d’entre eux étaient recherchés par la police française.

     Par ailleurs Khechida Aissa avait à ses côtés son neveu, un jeune adolescent du nom d’Abdellah, natif d’Arris dans le grand massif des Aurès, à qui il apprenait le métier de tailleur. 

    Une semaine après le déclenchement, Abdallah, accompagné de Hamzaoui Mouloud un ancien de l’O.S vint me voir à notre boulangerie familiale. En se glissant entre les clients Abdallah me dit, à voix basse, que quelqu’un voudrait me voir. Il cherche un refuge. J’acquiesçai immédiatement de la tête. 

    Le lendemain après-midi, deux hommes se présentèrent à la boulangerie ; Hamzaoui et l’autre qui m’était inconnu. Ce devait être le fugitif me dis-je ? Il se présenta sous le nom de Si Mohamed. Mais derrière un prénom aussi répandu, la véritable identité était pratiquement impossible à déceler. 

    Connaissant Hamzaoui, j’avais confiance mais le mutisme de l’inconnu m’intriguait. Il était longiligne, misérablement vêtu et visiblement mal nourri. Hamzaoui fit les présentations et repartit. Moins d’une heure après, je l’installais confortablement chez moi, au 3 rue Abderames. Dans l’ambiance familiale, Bitat, alias Si Mohamed, se détendait. « Bien ! Lui dis-je, je crois qu’il est temps de m’expliquer ce qui se passe ». Et c’est ainsi qu’il se mit à narrer ses pérégrinations à travers la Mitidja et l’Atlas blidéen. éMais au fait, pourquoi la Mitidja ? ». « C’est parce-que lors de la répartition des tâches, des hangements de dernière minute sont intervenus ». 

    Didouche Mourad qui était tout indiqué pour commander la future Wilaya 4 préféra se faire affecter dans le Nord constantinois. Il y eut permutation. Et c’est ainsi que je me suis retrouvé dans l’Algérois. Tout devenait clair, le silence de Didouche Mourad s’expliquait parfaitement. 

    Dans la nuit du 31 octobre Bitat et Bouchaïb Ahmed eurent pour mission d’attaquer la caserne Blondon à Blida, avec l’espoir, l’effet de surprise aidant, de récupérer des armes. Mais ce soir-là, Khoudi Saïd , le sous-officier complice, qui devait assurer la permanence de garde n’était pas de service. L’attaque tourna au désastre et l’alerte fut donnée immédiatement. 

    De son côté, Ouamrane, assisté de Souidani Boudjemâa conduisait ses hommes, à l’assaut de la caserne de Boufarik. Après leurs raids respectifs, le groupe de Bitat et celui de Ouamrane devaient faire jonction à proximité de la station hivernale de Chréa pour faire le bilan. 

    Le repli s’est déroulé conformément au plan établi sauf que l’imprévisible était là. Bitat et ses hommes accrochèrent en route une compagnie de fantassins. Il y eut des blessés de chaque côté. Dès lors, il ne restait plus aux rescapés qu’à se disperser. Dans la confusion, Ouamrane et une quinzaine d’hommes reprirent le chemin de la Kabylie. 

    Quant à Bitat, après des détours, il réussissait à atteindre une maison aux environs de Champlain et se rendit à Alger. « Voilà toute l’histoire », conclut-il. 

    Sans rien laisser dans l’ombre, je lui fis, à mon tour, un compte rendu sur la station d’Alger, depuis le 12 octobre.Accessoirement, je lui signalais l’existence d’un groupe passablement armé prêt à rentrer en action. Puis, du fond d’une caissette je pris sept cent mille francs en gros billets de l’époque, toutes mes économies, pour les déposer sur une table basse. Cet argent pourra nous être très utile.  

    Les contacts 

     Voici comment fut rétabli le contact avec les membres des six. En effet la situation nécessitait le rétablissement de toutes les liaisons. Autrement dit, reprendre intégralement en main et réunir les conditions favorables à la réunion que le comité des six avait fixée courant janvier 1955 à Alger. De cette rencontre devait logiquement naître une stratégie adaptée à une lutte à long terme.

     À l’intersection de ces réflexions Souidani Boudjemaa détenait des renseignements concernant les lieux où on pouvait se trouver avec Larbi Ben M’hidi et Didouche Mourad. Il connaissait plusieurs boîtes aux lettres en Kabylie. Rabah Bitat n’avait sur lui que l’adresse de l’agent de liaison de Souidani Boudjemaa, du nom de Rabah Abdelkader qui jouera plus tard un rôle décisif dans le développement des maquis de la Mitidja. C’est grâce à ce dernier que j’ai pu rencontrer, une première fois seul Souidani et la seconde fois en compagnie de Bitat. 

    Une tentative en direction de la Kabylie par deux jeunes recrus Mustapha dit Amalphi et l’autre Bechkirou se solda par un demi-échec. Leur mission se termina à Mirabeau, un village situé à une dizaine de kilomètres de Tizi-Ouzou. Je confiai cependant un message à un intermédiaire en insistant sur l’importance de ma démarche. 

    En Oranie, j’avais chargé une recrue de mon groupe de réserve, Aidoune Amar, de retrouver la trace de El-Hakim « Ben M’hidi » aux confins (algéro-marocain). Son voyage se déroula sans difficultés. Mais c’est lorsqu’il dévoila la nature de sa démarche que sa présence dans la région prit une tournure suspecte. 

    Découragé, il fit demi-tour sans avoir compris ce qu’il lui arrivait. Deux échecs successifs ce n’était vraiment pas de chance. 

    Deux jours plus tard je refis le chemin inverse. À Maghnia, je pris contact avec Si Morsli, un quincailler de la ville, un homme qui sous une rassurante bonhomie donnait l’impression d’être très renseigné sur nos « affaires ». 

    Réconforté par la spontanéité de sa collaboration, je pris le lendemain le chemin de l’escalade, à travers les massifs montagneux en direction du Sud-Est pour atteindre en deux jours de marche, un point de chute distant d’environ quarante kilomètres. 

    À l’orée d’un bois, j’étais mis en présence de maquisards. Pour dégivrer l’atmosphère, je fus réduit à réciter tout ce que je savais sur le déclenchement, en invoquant des évènements et des noms de responsables. L’échec de Aidoune était encore vivace. Mais j’étais décidé à m’accrocher pour mener ma mission à son terme. 

    Vers minuit, l’un des maquisards me recommanda d’attendre dans le hameau. Tôt le matin du troisième jour, il réapparut en compagnie de Ben M’hidi qui me tendit une canne sur laquelle il s’appuyait, en m’indiquant qu’elle avait été creusée, au niveau du pommeau, d’un trou dans lequel il avait fiché un message à l’attention de Bitat. Je l’en remerciai et rebroussai chemins. 

    Fin février, je transmis à Bitat un message de Ben Moukhadem, un ancien de l’O.S (nouvellement recruté) lui signalant la présence d’Ouamrane qui venait assez souvent chez un ancien élément du P.P.A (Parti du peuple algérien) du nom de si Ouakli, un serrurier de la Casbah. Bitat se rendit à l’endroit indiqué pour surprendre l’adjoint de Krim Belkacem. Le lendemain, Ouamrane se rendit auprès de Krim pour lui relater ses retrouvailles. 

    Le jeu de cache-cache prit fin. Le lendemain Ouamrane se rendit chez Krim pour lui relater ses trouvailles. Ainsi fut rétabli le contact avec la zone 111 ; il ne nous restait plus qu’à aller chez le responsable kabyle au chemin Vauban près d’Hussein-Dey dans une épicerie qui leur servait fréquemment, à lui et à son adjoint, de point de ralliement. Dès lors notre maison, au 3 rue Abderames à la Casbah se transforma en .P.C, rayonnant sur la moitié des zones de combats. Mon départ pour Constantine (Condé Smendou) pour contacter Didouche Mourad fut annulé, on venait d’apprendre la mort glorieuse de ce membre des six. Quant à Mostapha Ben Boulaid, je n’ai pu le voir dans les Aurès, il venait d’être arrêté par la D.S.T. 

     

    Sur le même sujet :

    Yacef Saâdi raconte sa bataille d’Alger : le déclenchement de la lutte armée

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     Yacef Saâdi contre-attaque, dévoile des documents inédits qui font la lumière sur la mort d’Ali la Pointe


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      Résultat de recherche d'images pour "lazhari labter"    Un extrait du livre

     Journaliste, poète et écrivain. Né à Laghouat (Sud algérien) en 1952. Vit et travaille à Alger où il assume la direction des éditions Alpha tout en développant sa propre maison d'édition, éditions Lazhari Labter, lancée en 2005. Il est l'auteur de :

    Novembre mon amour, poésie, Alger, 1978
    Florilège pour Yasmina, poésie, Alger, 1981.
    Journalistes algériens, entre le bâillon et les balles,
    témoignage, Editions l'Harmattan, Paris, 1995
    Yasmina ou les sept pierres de mon collier d'amour, poésie,
    Editions Barzakh, Alger, 2001
    Retour à Laghouat, mille ans après Beni Hilel,
    Editions El Ikhtilef, Alger, 2002
    Retour à Laghouat, mille ans après Beni Hilel (version arabe),
    Coédition El Ikhtilef-Dar El Farabi, Alger, 2002
    Le pied d'ébène de Bilkis sur le pavé de cristal, poésie,
    Editions El Ikhtilef, Alger, 2005
    Journalistes algériens 1988-1998 : chronique des années d'espoir et de terreur,
    Editions Chiheb, Alger, 2005
    Malika Mokeddem, à part, entière
    (Avec Malika Mokeddem)
    Editions Sedia, Alger, 2007

     Et à venir: Hizyia, Une bien belle histoire d'Amour

    dont nous attendons avec impatience la parution

     

    Tout comme mon ami Lazhari Labter, j'ai dû ,

    mais bien avant lui, faire des coudes

    pour prendre place en ce cinéma de notre enfance

    Plaça X

     

    Je me souviens que, tout comme j'aimais les « journous », j'adorais le cilima, le cinéma. Un mot magique dont l'évocation seule ouvrait la porte des rêves les plus beaux. Le cinéma existe toujours et porte le nom de M'zi, le fameux oued qui permit l'existence de la ville et d'où Fromentin la découvrit pour la première fois en 1853, un an après le saccage. C'était une grande bâtisse dotée d'une salle de projection et d'une grande cour où l'on passait les films en été. Il y avait de tout : des films de guerre américains, des westerns, des films policiers ou d'espionnage, et des peplums. J'aimais par-dessus tout ces derniers. Je plongeais avec délice dans le monde mystérieux et fascinant des héros, des dieux, des déesses, des demi-dieux et des demi-déesses sans me douter un instant que ces histoires incroyables auxquelles je croyais dur comme fer étaient sorties de l'imagination fertile d'un certain Homère dont, bien plus tard, je fis connaissance avec son Iliade et son Odyssée. Achille, Ajax, Hercule, Ulysse, Hélène, Zeus et tant d'autres alimentaient mes rêves d'aventures dans mon oasis où les seuls géants qui allaient à la conquête du ciel et s'enfonçaient dans les profondeurs de la terre étaient les majestueux palmiers dont mon père, héros à sa manière, extrayait, en grimpant au sommet de ces Olympes, le délicieux legmi et les bonnes dates nourricières.Pour accéder au cinéma, il fallait se battre. La séance du soir commençait à vingt heures. Le minuscule guichet derrière lequel le préposé délivrait les tickets pour le paradis était pris d'assaut dès l'ouverture, deux heures avant la projection. Il fallait jouer des coudes au milieu de la masse compacte de cinéphiles déchaînés. Beaucoup, comme moi, ne faisaient pas le poids. Au milieu de la chaleur étouffante, de la sueur insupportable, les pieds écrasés et les côtes enfoncées, tous, ignorant la douleur des coups et des piétinements, ne rêvaient que d'atteindre l'Eldorado : le petit trou carré où le ticket pour le bonheur leur serait délivré contre une somme modique. Les plus forts s'étaient spécialisés dans l'achat et la revente des précieux tickets aux plus chétifs dont je faisais partie. Le prix des places était fixé en fonction de l'emplacement des chaises. L'arrière, le milieu et l'avant, tout près de l'écran. La place de devant qui coûtait 20 centimes portait le nom de « plaça X ».Le plaisir de voir un film était assuré au prix d'un torticolis. Mais peu me chaulait, pourvu que j'eusse ma dose d'Ouest américain où pionniers et Indiens guerroyaient dans des paysages à couper le souffle, de Grèce antique où héros et monstres surgis des enfers s'affrontaient en des batailles épiques dans des mers ou des terres à leur mesure, dans des palais en carton pâte. Mais ça, je ne le savais pas encore. Tout comme je ne savais pas alors que les « héros » américains au visage pâle étaient des massacreurs de nations indiennes souveraines tout comme les Pélissier, les Bouscaren et les Randon, « héros » français, avaient massacré les habitants de ma ville en 1852, un siècle avant que je vienne au monde, et projeté de « raser la ville et d'en disperser les habitants ».La machine hollywoodienne à fabriquer des mythes tournait à plein régime et moi je ne pensais qu'à décrocher ma place X. C'est de ce temps sans doute que date mon aversion pour les places de devant au cinéma. Mais encore aujourd'hui, quand il m'arrive d'aller voir un film et que, bien installé au milieu de la salle, calé dans un siège confortable, je ne peux m'empêcher de penser avec nostalgie, en attendant les premières images du film, à ma place X gagnée de haute lutte.Extrait de La Cuillère et autres petits riens, ouvrage de monsieur Lazhari Labter à paraître aux Editions Lazhari Labter

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